L’infiltration de la Chine communiste dans les îles Salomon se renforce, affirme un député

La Chine communiste s'infiltre dans les îles Salomon, cherchant des avantages économiques, diplomatiques et militaires qui lui sont favorables, affirme un député.

Par Andrew Thornebrooke
5 novembre 2023 16:47 Mis à jour: 5 novembre 2023 16:47

WASHINGTON — Une voix importante du Parlement des îles Salomon dénonce l’infiltration du régime communiste chinois dans son pays à tous les niveaux.

Peter Kenilorea Jr, membre du parlement des Îles Salomon et président de sa commission des relations extérieures, souligne que le Parti communiste chinois (PCC) s’est de plus en plus infiltré dans le pays depuis que Manasseh Sogavare, qui est favorable au régime chinois, a repris le poste de Premier ministre en 2019.

Dans une interview exclusive accordée à Epoch Times, M. Kenilorea a indiqué que les îles Salomon étaient désormais confrontées à une crise touchant l’opinion publique, le discours pro et anti-PCC divisant la population du pays.

« Cette infiltration s’est encore renforcée. Il s’agit d’une bataille des cœurs et des esprits. C’est ce qui se passe actuellement dans les îles Salomon », a poursuivi M. Kenilorea.

« Il ne s’agit pas seulement du gouvernement. Il s’agit en fait de toucher le peuple lui-même. … [C’est ce que nous appelons localement dans les îles Salomon ‘le changement' ».

Ce « changement » fait référence à la décision prise par M. Sogavare en 2019 de retirer la reconnaissance diplomatique de Taïwan en faveur du PCC.

L’influence chinoise se fait sentir dans les îles Salomon

L’entretien de M. Kenilorea avec Epoch Times fait suite à sa rencontre avec le député Mike Gallagher (Parti républicain – Wisconsin), président de la commission d’enquête de la Chambre des représentants des États-Unis sur le PCC.

La question de l’infiltration du PCC a été une préoccupation majeure lors de la discussion entre les deux responsables, a expliqué M. Kenilorea, qui espère qu’à l’avenir, un plus grand engagement des États-Unis auprès des îles Salomon pourra contribuer à apaiser le sentiment pro-chinois grandissant.

« Nous avons parlé des préoccupations relatives à la Chine, de l’infiltration du PCC dans les îles Salomon et de certaines des perspectives que j’entrevois en termes d’infiltration continue dans la société. »

« En même temps, l’espoir d’un engagement plus fort avec les États-Unis est grand. »

Un tel engagement n’est pas facile de nos jours. L’administration Sogavare a conclu un partenariat stratégique global avec le PCC au début de l’année.

Cet accord fait suite à un autre conclu fin 2022, en vertu duquel l’administration Sogavare a accepté d’emprunter plus de 66 millions de dollars auprès d’une banque publique chinoise pour financer la construction de 161 tours de télécommunications par le géant de la technologie Huawei.

L’administration Biden a lancé sa propre enquête sur Huawei l’année dernière, affirmant que des tours similaires construites aux États-Unis étaient équipées de dispositifs permettant de collecter des informations sensibles en provenance des bases militaires et des silos à missiles, que l’entreprise pouvait ensuite transmettre à la Chine.

M. Kenilorea a déploré le « piège de la dette » tendu par la Chine et a souligné que le régime « ciblait » les électeurs des îles Salomon avec sa propagande pour gagner leur soutien en faveur des tours.

« J’ai été très cohérent dans mon message. Nous n’aurions pas dû faire cela », a-t-il ajouté.

M. Kenilorea n’est pas le premier à tirer la sonnette d’alarme sur les liens étroits qui unissent l’administration Sogavare au PCC. Cependant, il n’est plus aussi facile de s’exprimer qu’autrefois et la rhétorique anti-PCC dans le pays fait parfois l’objet de représailles.

Tel est le cas de l’ancien Premier ministre de la province de Malaita, Daniel Suidani, qui a confié à Epoch Times en avril que les membres du gouvernement national qui avaient encouragé son éviction avaient reçu des pots-de-vin du PCC.

Après le vote obligeant M. Suidani à quitter ses fonctions, Alfred Sasako, un journaliste des îles Salomon proche du réseau de propagande du PCC, a publié un article alléguant que M. Suidani fomentait une insurrection et rencontrait des Américains pour préparer l’assassinat du Premier ministre.

La seule preuve de cette histoire repose sur le témoignage de sources anonymes. Néanmoins, cette histoire a été utilisée pour justifier l’arrestation de M. Suidani pour interrogatoire.

M. Kenilorea a fait remarquer que des mécanismes similaires semblaient désormais s’aligner contre lui. Les intérêts soutenus par le PCC dans le pays s’efforcent de saper sa réputation et de l’empêcher de rester en fonction.

« Ils s’en prennent à mes électeurs et à mes concitoyens pour les inciter à ne pas voter pour moi la prochaine fois ! »

Sogavare, soutenu par la Chine, veut ébranler les États-Unis

L’administration Biden a privilégié son engagement avec les nations insulaires du Pacifique comme composante de sa stratégie indo-pacifique, même si le PCC affirme que cet effort sert à contenir sa montée en puissance sur la scène internationale.

L’administration Sogavare, soutenue par le PCC, a cherché à ternir l’idée d’un « Indo-Pacifique » sur la scène internationale, allant jusqu’à supprimer cette expression des documents publics.

« Pour le Premier ministre Sogavare, ‘Indo-Pacifique’ est un gros mot. Il déteste ce type d’expression », a expliqué M. Kenilorea.

« Si une déclaration contient le terme [Indo-Pacifique], il fera tout ce qu’il peut pour s’en débarrasser ! »

Les efforts de l’administration Biden pour élaborer de nouveaux accords avec l’administration Sogavare au début de l’année ont été retardés du fait des initiatives de M. Sogavare pour supprimer toute mention de l’Indo-Pacifique comme région cohérente, a expliqué M. Kenilorea.

« Je sais qu’ils se sont battus bec et ongles pour faire disparaître ces références », a ajouté M. Kenilorea à propos de l’administration Sogavare.

Dans le même ordre d’idées, M. Kenilorea a indiqué que de nombreuses informations erronées laissaient entendre que le cadre indo-pacifique était en contradiction avec les intérêts des Îles Salomon ou avec les structures politiques existantes telles que les Partenaires du Pacifique bleu, un groupe informel destiné à favoriser l’engagement économique et diplomatique entre les nations insulaires du Pacifique.

Par conséquent, les États-Unis et les îles Salomon doivent assurer un « engagement continu » auprès des dirigeants de l’ensemble du Pacifique et promouvoir une coopération internationale continue.

« Ce que nous devons faire comprendre à nos dirigeants, c’est l’idée d’Indo-Pacifique », a souligné M. Kenilorea. « Je ne pense pas qu’ils puissent comprendre ce concept, ce qu’il signifie pour eux et le rôle qu’ils ont à jouer à cet égard. »

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