Selon des experts et professionnels de l’industrie pétrolière, les prix élevés de l’essence aux États‑Unis sont dus à un décalage entre la production et le raffinage du pétrole américain, à de mauvaises politiques ou à une hostilité politique, ainsi qu’à l’inaction de l’administration Biden.
L’inflation aux États‑Unis est élevée depuis mars, lorsque l’indice annuel des prix à la consommation (IPC) a atteint 8,5%, soit le niveau le plus élevé depuis 1981.
Une augmentation spectaculaire des prix de l’énergie a attiré une attention particulière.
Entre mai et août, les prix de l’énergie ont augmenté de 20 à 40% par rapport à l’année précédente.
Le président Joe Biden et le Parti démocrate ont proposé différentes solutions pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, notamment une taxe exceptionnelle pour les compagnies pétrolières, l’incitation des stations‑service à réduire leurs prix, l’interdiction d’exporter du pétrole et l’autorisation d’acheter du pétrole russe avec un prix plafond.
Cependant, les professionnels du milieu et les experts ont déclaré que la plupart de ces mesures proposées ne fonctionneront pas. Elles ne parviendront pas à faire baisser les prix de l’essence aux États‑Unis de manière définitive.
Michael Wirth, président et directeur général du géant pétrolier américain Chevron, a rejeté l’idée d’imposer une taxe sur les bénéfices des compagnies pétrolières.
« Ce pays a déjà essayé de mettre en place des taxes sur les bénéfices exceptionnels. Ils n’ont pas atteint le but recherché. Il est assez élémentaire que si on veut qu’un produit circule en plus grande quantité, on fera mieux de ne pas le taxer. Si on veut réduire la quantité, on taxe », a déclaré M. Wirth sur CNN le 13 septembre.
L’interdiction des exportations de pétrole pourrait être désastreuse
Face à l’inflation galopante, les démocrates ont demandé à la Maison Blanche de mettre en place une interdiction des exportations de pétrole. Mais des experts et un propriétaire de raffinerie ont prévenu que cela ne réduirait pas les prix de l’essence et pourrait avoir des résultats désastreux.
Les exportations de pétrole brut des États‑Unis ont augmenté depuis 2011, et la diminution des importations de pétrole pendant la même période a entraîné une baisse des importations nettes de pétrole brut.
La plupart du pétrole de la récente poussée d’exportation est du light sweet oil, également connu sous le nom de « pétrole de schiste ». Cependant, les raffineries aux États‑Unis ont été conçues pour raffiner du pétrole brut lourd, ou pétrole conventionnel, a déclaré Dan Kish, vice‑président principal de l’American Energy Alliance, à Epoch Times.
Selon une analyse de la Réserve fédérale de Dallas, les États‑Unis ont exporté, en moyenne, 3 millions de barils de pétrole brut léger non corrosif par jour à la fin du mois de novembre 2021 et ont importé plus de 6 millions de barils de pétrole brut principalement plus lourd du Canada et d’autres fournisseurs étrangers chaque jour.
Les raffineurs américains n’ont pas la capacité de traiter le pétrole brut exporté, selon les auteurs de l’analyse.
Même si les États‑Unis interdisent les exportations de pétrole, qui sont principalement du pétrole de schiste, il est impossible pour les raffineries de mettre à jour leurs installations pour raffiner le pétrole de schiste après des décennies d’hostilité politique contre l’industrie pétrolière.
Pour moderniser leurs installations, les raffineries doivent investir des milliards de dollars et obtenir des permis supplémentaires liés aux émissions.
C’est une tâche impossible sous l’administration Biden, a déclaré M. Kish.
« Ils ont fait de l’industrie des combustibles fossiles en Amérique du Nord l’ennemi du peuple. C’est pourquoi les prix continuent de grimper », a‑t‑il expliqué.
Le milliardaire John Catsimatidis est propriétaire d’une raffinerie de pétrole.
« Pourquoi dépenser un milliard, deux milliards, trois milliards, si on n’est pas sûr de la politique du pays dans lequel on fait des affaires dans les 5 à 10 prochaines années ? » déclare‑t‑il pour Epoch Times. « Parce qu’on doit obtenir un retour sur investissement. C’est ainsi que les États‑Unis réussissent, que les entreprises réussissent, si on a confiance en Washington, si elles ont confiance en l’administration, que si elles dépensent 1 ou 2 milliards de dollars, il y aura un retour sur investissement. »
Selon M. Kish, une interdiction des exportations de pétrole aura de terribles conséquences.
« S’il y a une interdiction des exportations, ce qui se passera, c’est que nous nous retrouverons avec des quantités infinies de pétrole sur la côte du Golfe. Ce pétrole ne pourra pas être utilisé efficacement par nos raffineries. Pour que ces raffineries puissent absorber ce type de pétrole, nous devrions investir d’énormes sommes d’argent, ce qui fera grimper le prix de l’essence, du diesel et du kérosène. »
Les deux plus grandes compagnies pétrolières des États‑Unis, Exxon Mobil et Chevron, ont déjà exprimé des objections à la proposition d’interdiction des exportations de pétrole.
« Le risque dans une action comme celle‑ci a des conséquences imprévues. Et, en fait, les États‑Unis sont à la fois un exportateur et un importateur de produits. Une interdiction des exportations risque de réduire les approvisionnements nécessaires dans d’autres parties du monde, ce qui peut faire grimper les prix du pétrole et affecter le prix des importations dans ce pays », a déclaré M. Wirth, en réponse à l’appel pour interdire les exportations de pétrole lancé par la secrétaire d’État à l’énergie Jennifer Granholm et les démocrates du Congrès.
Le PDG d’Exxon, Darren Woods, a également rejeté l’appel à une interdiction des exportations de pétrole dans une lettre adressée au département de l’Énergie, invoquant les mêmes raisons, rapporte le Wall Street Journal.
Les seuls qui bénéficieraient temporairement d’une interdiction des exportations de pétrole sont les raffineurs spécialisés dans le raffinage du pétrole brut léger non corrosif, selon la Réserve fédérale de Dallas.
Toutefois, « à mesure que le prix du pétrole brut produit localement diminue et que les stocks se remplissent, il ne faudrait pas longtemps avant que certains producteurs de pétrole nationaux deviennent non rentables et cessent leurs activités », peut‑on lire dans l’analyse.
Biden a suspendu les infrastructures essentielles
Dès son premier jour à la Maison Blanche, le président Joe Biden a signé un décret visant à révoquer le permis accordé par le président Donald Trump pour l’oléoduc Keystone XL.
Cela s’est avéré être un des mouvements les plus fatals pour la sécurité énergétique et la stabilité des prix du pétrole aux États‑Unis, car le Canada est une des sources les plus importantes de pétrole brut conventionnel que la plupart des raffineries américaines peuvent traiter. Le pipeline Keystone XL est indispensable pour transporter le pétrole brut canadien.
« Le pipeline Keystone XL allait fournir environ 800.000 barils par jour de pétrole canadien et environ 100.000 barils par jour de pétrole du Dakota du Nord, qui est le bon pétrole [pétrole lourd] », a déclaré M. Kish.
La chose logique à faire, si l’administration Biden a l’intention de faire baisser les prix, est d’augmenter les approvisionnements en pétrole du Canada et de l’Alaska qui fonctionnent dans les raffineries américaines.
M. Catsimatidis et M. Kish ont tous deux souligné que l’oléoduc de l’Alaska est la clé d’une augmentation rapide de l’approvisionnement en pétrole, car il peut transporter 2,1 millions de barils par jour, mais il ne transporte actuellement que 500.000 barils par jour.
« Il est aux trois quarts vide », a rappelé M. Kish.
M. Catsimatidis a également souligné que pour faire baisser le prix de l’essence aux États‑Unis, il faut « ouvrir l’Amérique du Nord ».
« Si nous ouvrons l’Amérique du Nord à davantage de pétrole brut, nous sommes capables de produire 20 à 21 millions de barils par jour avec le Canada », a‑t‑il expliqué. « Pourquoi supplions‑nous l’Arabie saoudite, la Russie, l’Iran et le Venezuela pour obtenir 100.000 barils supplémentaires par jour alors que nous les avons ici en Amérique du Nord ? Personne ne peut comprendre pourquoi Washington fait cela. »
Une autre mesure bâclée contre l’approvisionnement en pétrole de l’Amérique du Nord par l’administration Biden est son interdiction de toute nouveau bail de pétrole et de gaz naturel sur les terres fédérales, qui produisent également un type de pétrole brut nécessaire au marché intérieur.
Cette interdiction a été levée par une cour d’appel américaine en août.
M. Kish a déclaré qu’un compromis possible serait que l’administration Biden augmente l’approvisionnement en pétrole du Canada et de l’Alaska et désigne la capacité supplémentaire comme étant destinée à un usage domestique uniquement.
M. Catsimatidis pense que si M. Biden ouvre la production pétrolière en Amérique du Nord, l’inflation diminuera avec les prix de l’énergie et la Réserve fédérale n’aura peut‑être pas besoin de continuer à prendre des mesures belliqueuses.
L’économie américaine pourrait alors éviter une récession.
« À partir du pétrole, on fabrique des engrais, ce qui a une incidence sur la nourriture. À partir du pétrole, le carburant diesel qui fait fonctionner nos usines, le carburant diesel qui fait fonctionner nos camions qui livrent aux supermarchés. C’est ce qui crée la hausse des coûts. Si le prix du pétrole brut baisse parce que vous [Biden] ouvrez, devinez quoi ? Dans les 90 jours, tout le reste va baisser », a‑t‑il poursuivi.
Pendant cette période, la Réserve fédérale doit être patiente.
« Pendant le Covid, nous avons fait attention à ne pas utiliser le Covid pour détruire le pays. Eh bien, en ce moment, ils sont en train de détruire le pays », a ajouté M. Catsimatisdis, faisant référence aux récentes hausses des taux d’intérêt de la Réserve fédérale.
L’intention de Biden remise en question
Biden peut remédier aux prix élevés de l’essence auxquels sont confrontés les consommateurs américains, ont indiqué MM. Kish et Catsimatisdis, mais seulement s’il est prêt à le faire.
Ils doutent que Biden ait réellement l’intention de faire baisser les prix de l’essence.
« Si une personne examine cette question de manière impartiale et objective et dit ‘Nous aimerions faire baisser les prix pour les Américains’, nous irions voir où sont les problèmes et nous essaierions de les résoudre », a déclaré M. Kish. « Ce n’est pas du tout ce que nous faisons. En fait, c’est tout le contraire. Nous fermons des raffineries. Nous faisons en sorte qu’il soit plus difficile pour les raffineries de fonctionner ici. Nous délocalisons notre capacité de raffinage vers d’autres endroits, l’Inde et la Chine construisent des raffineries à tour de bras. »
M. Catsimatisdis craint que l’intention de l’administration Biden soit de promouvoir une « incroyable transition » des combustibles fossiles vers les véhicules électriques, comme l’a suggéré Biden en mai.
« En ce qui concerne le prix de l’essence, nous vivons une transition incroyable qui se met en place et, si Dieu le veut, quand elle sera terminée, nous serons plus forts et le monde sera plus fort et moins dépendant des combustibles fossiles quand ce sera terminé », a déclaré Biden.
Selon M. Catsimatisdis, cette idée est « une folie ».
« Il faut en rire parce que c’est dément. Vous savez, nous n’avons pas les minéraux pour fabriquer les batteries », a‑t‑il expliqué.
Il craint que le programme de Biden n’entraîne les États‑Unis sur une voie dangereuse.
« Je suis favorable aux nouvelles technologies. Mais il faut peut‑être le faire sur 30 ans, sur 40 ans. Et il faut s’assurer que cela fonctionne avant de mettre tout le monde sur la paille… et de découvrir ensuite que cela ne marche pas », a conclu M. Catsimatisdis.
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