Emmanuel Macron a annoncé « organiser l’aide internationale » pour le Liban après les explosions meurtrières au port de Beyrouth, appelant dans le même temps les dirigeants libanais à des réformes sans plus tarder.
En visite à Beyrouth après une explosion dévastatrice, le président français Emmanuel Macron a réclamé le 6 août une enquête internationale et appelé à un « profond changement » de la part des dirigeants libanais, accusés d’incompétence et de corruption par une population en colère. « Je ne suis pas en train de donner un diktat aux dirigeants », a déclaré le président de l’ancienne puissance mandataire au Liban, balayant les accusations d’« ingérence » d’une partie de la classe politique libanaise. Mais « les trois semaines qui viennent sont décisives dans l’avenir du Liban », a-t-il dit dans une interview à la chaîne BFMTV.
Un « dialogue de vérité »
« Aujourd’hui, la priorité c’est l’aide, le soutien à la population sans condition. Mais il y a l’exigence que la France porte depuis des mois, des années, de réformes indispensables dans certains secteurs », a ajouté le chef de l’État français, citant notamment le secteur de l’électricité. « Si ces réformes ne sont pas faites, le Liban continuera de s’enfoncer », a-t-il averti. M. Macron a indiqué qu’il souhaitait avoir « un dialogue de vérité » avec les responsables libanais, « car au-delà de l’explosion, nous savons que la crise ici est grave, elle implique une responsabilité historique des dirigeants en place ».
« Aidez-nous ! Révolution ! »
Au terme d’une visite de quelques heures, M. Macron a annoncé son retour à Beyrouth le 1er septembre ainsi qu’une conférence d’aide « dans les tout prochains jours » pour le Liban, pays meurtri et en proie à une crise économique inédite. « Je reviendrai pour le 1er septembre », a-t-il promis.
Furieux après une catastrophe de trop dans un pays en plein naufrage, les Libanais réclament des comptes. « Aidez-nous ! Révolution ! », « Le peuple veut la chute du régime », ont scandé le habitants du quartier de Gemmayzé devant M. Macron venu s’enquérir à pied des dégâts.
Manifestation anti-gouvernementale samedi
Dans la soirée, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de manifestants très remontés contre l’incompétence et la corruption des autorités. Ces incidents surviennent à l’avant-veille d’une grande manifestation anti-gouvernementale, prévue samedi.
Symbole du ras-le-bol d’une grande partie de la population, l’ambassadrice du Liban en Jordanie, Tracy Chamoun, a annoncé jeudi sa démission, dénonçant « l’incurie » des autorités de son pays et appelant à un changement de dirigeants. « Ce désastre est un signal d’alarme : nous ne devons montrer de pitié à aucun d’entre eux et ils doivent tous partir », a-t-elle déclaré.
Le Fonds monétaire international a lui aussi appelé le pouvoir libanais à « des réformes cruciales » pour sortir les négociations de l’impasse, soulignant qu’il était « temps pour la communauté internationale et les amis du Liban de se mobiliser pour l’aider en ce moment d’urgence ».
2 700 tonnes de nitrate d’ammonium
Provoquée le 4 août par un incendie dans l’entrepôt où étaient stockées depuis six ans 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, l’énorme déflagration a fait au moins 149 morts et 5 000 blessés, sans oublier les dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri. Comparée à un « tsunami » ou à un « séisme », l’explosion a détruit des quartiers entiers proches du port et endommagé d’autres à plusieurs kilomètres à la ronde.
Les autorités libanaises affirment que l’entrepôt a explosé après un incendie. Autorités du port, services des douanes et certains services de sécurité étaient tous au courant que des matières chimiques dangereuses étaient entreposées là mais ils se sont rejeté mutuellement la responsabilité. Mais le gouvernement n’a pas été encore capable de justifier la présence du nitrate d’ammonium « sans mesures de précaution » au port.
Seize fonctionnaires détenus
Seize fonctionnaires du port et des autorités douanières ont été placés en détention dans le cadre de l’enquête, a indiqué le procureur militaire Fadi Akiki.
L’explosion alimente la colère des Libanais
Dans une capitale aux airs d’apocalypse et alors que les autorités n’ont mis en place aucun dispositif pour aider les citoyens, des centaines de Libanais se sont mobilisés, dans un vaste élan de solidarité, pour poursuivre les opérations de déblaiement ou d’accueil des sans-abri. Des victimes du drame ont été enterrées dans la journée par des proches en larmes.
Plusieurs pays dont la France ont dépêché secouristes, matériel médical et sanitaire ainsi que des hôpitaux de campagne pour aider le Liban. L’Union européenne a débloqué 33 millions d’euros en urgence et l’armée américaine a envoyé trois cargaisons d’eau, de nourriture et de médicaments.
L’explosion, la plus dévastatrice vécue par le Liban, a alimenté la colère des Libanais qui avaient battu le pavé pendant des mois fin 2019 pour exprimer leur ras-le-bol de la classe dirigeante.
Le saviez-vous ? Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.