Le rabbin de Corse, Levi Pinson, explique avoir reçu de nombreux appels demandant quelle est la situation en Corse et quelles sont les conditions permettant de venir s’y installer.
Et si l’île de Beauté devenait le havre des juifs de France ? Depuis l’attaque terroriste du Hamas en Israël, les actes et propos antisémites se multiplient sur le territoire français. 850 actes antisémites ont été enregistrés pendant ces trois semaines : alertes à la bombes dans des écoles juives, étoiles de David ou encore croix gammées apposées sur les maisons ou les commerces juifs sont autant d’actes qui plongent la communauté juive de France dans une insécurité grandissante, sans compter les propos et insultes racistes ou faisant l’apologie du terrorisme.
Pourtant, à seulement une heure trente de Paris par avion, la Corse, qui compte aussi des communautés juives et musulmanes, ne connaît pas du tout l’antisémitisme. Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud et président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, le confirme sur Radio J : « Il n’y a eu aucun problème chez nous, vous avez des associations qui militent depuis des années pour que la Palestine soit dotée d’un État, mais elles le font de manière pacifique et il n’y a eu aucun débordement », explique-t-on sur France Bleu.
La Corse, terre d’accueil historique pour les juifs
Levi Pinson, le jeune rabbin de Corse, évoque même la manifestation récente du 11 octobre organisée par l’association Corse-Israël où « il y avait beaucoup d’Ajacciens, de la population en général, qui ne font pas partie de la communauté et qui sont venus manifester leur solidarité », déclare-t-il à France Bleu.
Historiquement, la Corse s’est distinguée pour avoir reçu et protégé des familles juives : en 1915, 700 juifs « syriens » de Tibériade, qui appartenait à l’Empire ottoman, ont trouvé refuge en Corse, rapporte The Times of Israël.
« Cette communauté juive moyen-orientale trouve un refuge et un accueil chaleureux à Ajaccio et à Bastia. Les adultes y travaillent et fondent une école pour les enfants ou le corse est enseigné aux cotés du judéo-arabe et de l’hébreu. La population corse fait de son côté part d’une grande générosité en aidant la population à s’habiller », précise le journal israélien.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’île de Beauté assurera la protection des juifs, aussi bien la population que les autorités.
Afin de remercier la Corse pour cette alliance historique, les deux présidents des conseils départementaux, Pierre-Jean Luciani et François Orlandi, avaient été décorés en janvier 2017 lors de la cérémonie des 7 Ménoras d’or organisée par le B’nai B’rith afin de rendre « un hommage exceptionnel à la population corse pour l’accueil et la protection des juifs tout au long de l’histoire ».
Aujourd’hui, si une personne de confession juive peut marcher tranquillement dans les rues corses, Levi Pinson se rend bien compte, à travers les nombreux messages reçus, notamment sur les réseaux sociaux, que « l’insécurité » et même « la panique » gagnent de nombreux compatriotes du continent.
Aussi, « nombreuses sont les personnes à nous contacter pour connaître les conditions de vie sur place et nous parler d’un éventuel emménagement », relate le rabbin sur Europe 1.
Il se pourrait bien que la communauté juive, qui ne compte plus qu’une centaine de familles sur l’île de Beauté, s’agrandisse rapidement dans les mois à venir.
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