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Fairphone 2: la révolution des smartphones équitables aura t-elle lieu?

juin 18, 2015 10:12, Last Updated: octobre 18, 2015 14:16
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Fairphone, coopérative néerlandaise, a fait savoir la sortie de son Fairphone 2, smartphone équitable. Celui ci devrait être disponible en Europe cet été, pour la somme de 525 euros.

L’entreprise garantit la traçabilité de tous ses composants, et le présente comme partiellement modulaire. Ce dernier point assure une meilleure longévité à l’appareil: il sera facile de changer ou de réparer l’écran, la caméra, le haut-parleur ou le récepteur.

Il fonctionne sous Androïd Lollipop (5.1), est équipé d’un écran HD de 5 pouces, d’un processeur Snapdragon 801, de 2 Go de RAM, d’une caméra 8Mpx et de 32Go d’espace de stockage.

Pourquoi un téléphone équitable?

Le premier Fairphone, lancé en 2013 par l’entreprise du même nom, a trouvé le succès auprès de 60.000 utilisateurs. Ses concepteurs cherchent à développer une chaîne logisitique de fabrication et de commercialisation d’appareils électronique équitables.

Les minéraux « de conflit » servent aujourd’hui de matière première dans la fabrication d’une grande partie d’appareils électroniques d’usage courant. En 2013, on estime que l’Europe a importé plus de 100 millions d’ordinateurs portables et 240 millions de téléphones mobiles contenant ces minéraux.

Sur le continent africain, 24% du PIB provient de l’exploitations de ces minéraux, et est en partie responsable de pas moins de 27 conflits

A l’autre bout de la chaîne, des groupes armées exercent un contrôle sur les exploitations minières. Au Congo, 54% des mines situées dans l’Est sont contrôlées par ces groupes. Les profits engendrés permettent d’alimenter un conflit qui aurait déjà fait 5 millions de morts dans le pays.  Sur le continent africain, 24% du PIB provient de l’exploitations de ces minéraux, et est en partie responsable de pas moins de 27 conflits.

Peu sensibles à la question, les constructeurs électroniques n’ont en général pas manifesté leur intérêt pour une chaîne équitable. Certains ont tout de même fait savoir qu’ils s’engageaient à ne pas se fournir auprès des producteurs impliqués dans les « minéraux de conflits ». C’est le cas des sociétés du Cac40 Hermann Miller, Anixter, Kemet, ou plus récemment, de Nintendo.

Fairphone, en plus d’utiliser l’étain et le tantale (minéraux garantis « sans conflits ») en provenance du Congo, investit également dans un programme de recyclage des déchets électriques au Ghana. Après une première campagne de crowdfunding à hauteur de 10.325 euros, Fairphone s’est lancée sur le marché.

De nouvelles mesures contraignantes pour les entreprises?

Le Parlement Européen a récemment proposé un mécanisme de surveillance contraignant de la chaîne d’approvisionnement des minerais issus des zones de conflit. La décision, à destination de 800.000 entreprises européenne, devra trouver conclusion au terme d’une négociation avec les autres institutions; une procédure inhabituelle et compliquée. Mais c’est déjà une avancée.

L’ONG CCFD-Terre Solidaire a salué le positionnement du Parlement. « C’est un immense pas en avant et un signal fort adressé aux Etats membres qui doivent maintenant se prononcer pour un texte final attendu avant la fin de l’année 2015″, a t-elle déclarée.

Sous l’impulsion de lobbys, la progression du dossier est néanmoins lent. « Les intérêts des lobbys ont été très fortement portés auprès des rapporteurs » a dénote le député vert Yannick Jadot. « Le règlement voté aujourd’hui est une victoire historique qui met le respect des droits humains devant le profit des entreprises. L’Europe peut devenir pionnière en matière d’éthique économique » se réjouit pour sa part la porte-parole des socialistes sur les « minerais de sang », Marie Arena.

La Loi Dodd-Franck, votée en 2012, avait été un premier pas. De nombreuses entreprises se trouvaient dans l’incapacité de dire si leurs minéraux étaient ou non issus de ces groupes armés. Depuis, des procédures de certifications et de traçabilité ont permis d’apporter plusieurs réponses, et des programmes d’audit dans l’industrie électroniques voient peu à peu le jour.

Mais le chemin sera encore long pour arriver à de réelles avancées. Par l’intermédiaire des multinationales du secteur électronique, le système mis en place ne changera pas du jour au lendemain.  On peut espérer que des mesures contraignantes avivent l’intérêt des grands groupes, qui y réfléchiront à deux fois.

 

 

 

 

 

 

Source : Fairphone, le smartphone équitable : Cabel Kawan

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