Fake news : en direct sur BFM, Benjamin Griveaux accuse un gilet jaune de racisme… et se trompe

12 décembre 2018 20:31 Mis à jour: 12 décembre 2018 20:34

Ce mardi, Benjamin Griveaux a accusé un gilet jaune de racisme en faisant la liste de plusieurs publications qu’il était censé avoir partagé sur les réseaux sociaux. Problème : le compte Facebook sur lequel s’appuyait le porte-parole du gouvernement pour étayer ses propos n’appartenait pas au gilet jaune incriminé mais à un homonyme.

Le 11 décembre, Benjamin Griveaux s’en prenait sans ménagement à Christophe Couderc sur BFM TV.

S’appuyant sur des publications que le membre du mouvement des « gilets jaunes » était supposé avoir partagé sur les réseaux sociaux, le porte-parole du gouvernement n’avait pas hésité à l’accuser de racisme.

« Ceux qui sont sur les plateaux télé sont quand même tous très politisés. Le monsieur qui était hier soir sur BFM, Christophe Couderc, le gilet jaune de Paris : allez voir sa page Facebook, en date du mois de février », a déclaré Benjamin Griveaux.

« C’est un homme qui est clairement raciste et qui a manifestement un problème avec les musulmans ; et qui partage beaucoup les publications de Marine Le Pen », a-t-il ajouté.

Une erreur qui tombe mal

Mais le secrétaire d’État auprès du Premier ministre n’avait visiblement pas pris le temps de vérifier les informations qu’il avait en sa possession.

Un comble pour celui qui avait expliqué très sérieusement sur France Inter que la loi contre les fake news voulue par le gouvernement permettrait de « mieux exercer la démocratie » au début du mois de juin.

Comme l’a expliqué l’hebdomadaire Marianne quelques heures après l’intervention de monsieur Griveaux dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin, le gilet jaune incriminé ne dispose d’aucun compte Facebook.

Les publications citées par le collaborateur d’Édouard Philippe proviennent en réalité du compte d’un homonyme.

Contacté par le magazine, Christophe Couderc a d’ailleurs confirmé la méprise de l’ancien membre du Parti socialiste :

« Ce n’est pas moi ! Philosophiquement, je refuse d’être sur les réseaux sociaux », a indiqué le gilet jaune avant d’ajouter : « Ils sont vraiment à la masse au gouvernement ».

Ancien technicien audiovisuel du Média – la web TV lancée par des proches de Jean-Luc Mélenchon en septembre 2017 –, les sympathies de M. Couderc n’iraient d’ailleurs pas au Rassemblement national mais à La France insoumise dont il serait un « militant politique très actif » selon un de ses ex-collègues cité par Marianne.

« Pan sur le bec ! »

Mis au courant par ses collaborateurs, le porte-parole du gouvernement a assumé son erreur.

« Benjamin a appelé Christophe Couderc en fin de matinée. Il s’est excusé platement et ils sont convenus de prendre un café un de ces jours », a précisé l’entourage du secrétaire d’État aux journalistes de Marianne.

L’ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn a également pris le soin d’écrire quelques mots d’excuse sur sa page Facebook :

« Je me suis entretenu au téléphone avec Monsieur Couderc en fin de matinée pour m’excuser de cette très regrettable erreur. Je l’ai fait en privé, mais je tenais également à le faire publiquement. C’est chose faite avec ce message. »

Disponible sur Internet le 11 décembre, la séquence pendant laquelle Benjamin Griveaux s’en prend à Christophe Couderc sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin est désormais introuvable.

La chaîne BFM TV a désactivé la vidéo, tandis que RMC – qui l’avait initialement relayée via Twitter – l’a également escamotée.

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