Dans une interview au journal Les Echos publiée le 9 avril, le président français a exhorté l’Europe à ne pas « être suiviste » des États-Unis ou de la Chine sur la question de Taïwan. Une déclaration très maladroite au moment où le régime chinois commençait un exercice « d’encerclement total » de l’île.
Alors que la visite diplomatique de la France en Chine se terminait sur une note de dépit, Pékin se lançait dans 3 jours de manœuvres militaires autour de Taïwan. L’intention du régime était d’intimider la petite démocratie de l’île de Formose et ses 23 millions d’habitants, en représailles à la rencontre de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et du président de la Chambre des représentants américaine, Kevin McCarthy.
Depuis 1979, Taïwan bénéficie d’un statu quo qui lui permet de fonctionner comme un État indépendant, une indépendance officiellement reconnue par 14 pays. Mais Pékin la considère comme une province qu’elle n’a pas réussi à réunifier depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949 marquant l’arrivée sanglante du Parti communiste chinois au pouvoir en Chine.
Des déclarations maladroites et au mauvais moment
L’appel d’Emmanuel Macron à garder ses distances sur la question de Taïwan à la sortie d’une visite auprès de Xi Jinping et à « moins dépendre des Américains » en matière de défense a suscité beaucoup de critiques et d’interrogations.
« Macron fait des États-Unis les seuls responsables des tensions et non la Chine dont l’objectif est pourtant de prendre le contrôle de Taïwan, de changer le statu quo », a tweeté le chercheur Antoine Bondaz, spécialiste des relations internationales et des questions chinoises, reconnaissant plusieurs erreurs de communication commises par le chef de l’État.
Plusieurs élus américains, comme le sénateur républicain de Floride Marc Rubio, se sont étonnés de ce revirement diplomatique après seulement « six heures de visite ». « Nous avons besoin de savoir si Macron parle pour Macron, ou s’il parle pour l’Europe. Nous avons besoin de le savoir rapidement, parce que la Chine est très enthousiaste à propos de ce qu’il a dit », a-t-il commenté sur Twitter.
L’Alliance interparlementaire sur la Chine (The Inter-Parliamentary Alliance on China, Ipac), un collectif d’élus européens et internationaux qui alerte sur les ambitions expansionnistes de Pékin en Asie-Pacifique, a réagi dans un communiqué signé par des dizaines de parlementaires.
Ils se disent « consternés » par la maladresse des déclarations d’Emmanuel Macron au moment même d’opérations militaires chinoises menaçant la paix dans la région : « Alors que Pékin intensifie les exercices militaires dans la mer de Chine méridionale et montre son soutien continu à l’agression russe en Ukraine, c’est le pire moment possible pour envoyer un signal d’indifférence à l’égard de Taïwan. Les remarques malavisées du président Macron non seulement ne tiennent pas compte de la place vitale de Taïwan dans l’économie mondiale, mais sapent l’engagement de plusieurs décennies de la communauté internationale à maintenir la paix dans le détroit de Taïwan. »
Le texte a été signé par des parlementaires français dont le sénateur André Gattolin, spécialiste des questions des droits de l’homme sur la Chine.
Bientôt une délégation d’élus français à Taïwan ?
En septembre 2022, cinq sénateurs français s’étaient déjà rendus à Taïpei en marge du déplacement de Nancy Pelosi et après des manœuvres militaires chinoises en août. «Taïwan est un partenaire pour la stabilité dans la région indo-pacifique», avait affirmé le sénateur Cyril Pellevat, à la tête de la délégation.
À la suite des déclarations récentes d’Emmanuel Macron, une nouvelle délégation de parlementaires français pourrait « très bientôt » se rendre à Taïwan croit savoir Politico, après une déclaration du ministre des Affaires étrangères taïwanais. Ces délégations diplomatiques ont toujours existé et ont pour but de montrer le soutien de l’Europe à la démocratie taïwanaise et de souligner son importance pour le maintien de la paix dans la région.
On ne sait pas quels parlementaires français sont concernés, l’Assemblée nationale et le Sénat français n’ayant pas encore publié de communiqué.
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