La présence du commandant du groupement de gendarmerie de l’Aisne parmi les veneurs du Rallye La Passion a d’abord conduit le procureur de la République de Soissons à confier l’enquête à la section de recherches de gendarmerie d’Amiens, avant de finalement la dessaisir au profit du Service régional de police judiciaire de Creil.
Le 16 novembre, le compagnon d’Élisa Pilarski découvrait le corps de la jeune femme sur un chemin forestier de la forêt domaniale de Retz (Aisne), sur la commune de Saint-Pierre-Aigle.
Enceinte de six mois, la jeune femme de 29 ans était sortie promener l’un des chiens du couple, un American Staffordshire prénommé Curtis. En début d’après-midi, elle appelle Christophe Ellul, son conjoint, et lui demande de venir la rejoindre.
« […] Elle a pris Curtis, je n’étais pas au courant qu’elle allait le sortir, puis elle m’a envoyé un message en m’expliquant ce qui se passait, en me disant qu’elle était inquiète et qu’il y avait beaucoup de chiens », a expliqué le compagnon d’Élisa dans un entretien accordé aux journalistes de BFMTV.
Il quitte ensuite son travail à l’aéroport de Roissy afin de retrouver la jeune femme de 29 ans. « J’étais au travail, je captais mal, il me fallait 45 min pour revenir. Je l’ai cherchée, j’ai vu son 4×4, j’ai croisé des chiens de chasse, un cavalier. J’ai appelé Curtis et c’est là qu’il m’a prévenu en aboyant », précise Christophe Ellul.
Une fois sur place, il s’enfonce dans les bois et finit par découvrir le corps inanimé d’Élisa sur un chemin forestier : « Quand je vais pour regarder dans le précipice, je vois une trentaine de chiens arriver sur moi, donc je m’écarte. […] Je me suis rapproché, j’ai vu le ventre de ma femme car elle a été déshabillée entièrement. […] J’ai pris Curtis dans la voiture et j’ai été voir des voisins qui ont appelé la police. »
Femme enceinte tuée par un chien: son compagnon témoigne pic.twitter.com/tSESwzyCAY
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Aucune piste écartée pour le moment
Selon l’autopsie réalisée par l’institut médico-légal de Saint-Quentin, la victime a succombé à une hémorragie provoquée par les morsures d’un ou de plusieurs chiens.
« Le décès a pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chien aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête, certaines morsures étant ante mortem et d’autres post mortem », a déclaré le procureur de la République de Soissons dans les colonnes de L’Union.
Le jour du drame, les membres de l’équipage de vènerie Le Rallye La Passion participaient à une chasse à courre dans la forêt de Retz.
La présence des veneurs conduira les enquêteurs à effectuer des prélèvements ADN sur 62 chiens de l’équipage, ainsi que sur les cinq chiens d’Élisa Pilarski et de son compagnon.
Si « la chasse à courre est une piste étudiée de près par les enquêteurs », la gendarmerie n’exclut pour l’instant aucune hypothèse. « […] En l’état actuel de l’enquête, on ne peut affirmer que la meute est à l’origine de la mort de cette femme », soulignent les gendarmes dont les propos ont été relayés par franceinfo.
La piste d’une attaque par un ou plusieurs chiens errants, voire par le propre animal de la victime, n’est donc pas écartée pour le moment. Le parquet attend désormais les conclusions des analyses ADN menées sur les 67 canidés.
Un travail de longue haleine au vu de « l’ampleur du nombre d’analyses et de rapprochements génétiques » à mener.
« Impossible que nos chiens soient impliqués »
D’après Pierre de Roüalle, président de la société de vènerie qui représente les adeptes de la chasse à courre en France, il est pourtant peu probable que les chiens de l’équipage présent en forêt de Retz le jour du drame puissent être les auteurs des morsures ayant terrassé la jeune femme.
« Jamais de mémoire de vènerie, il n’y a eu des faits agressifs envers l’homme, où que ce soit », a ainsi rappelé M. Roüalle sur franceinfo.
« Du point de vue de la chronologie des faits, tout laisse penser que la chasse soit passée là presque une heure après. Deuxième chose, le vétérinaire n’a observé aucune trace de bagarre, de morsure sur nos chiens, contrairement, il semblerait, à celui de cette dame qui a été très largement blessé et euthanasié tellement il a été blessé. Nos chiens, de notre côté, n’ont aucun signe qui laisse penser qu’il y aurait eu une bagarre », a-t-il ajouté.
« Cette histoire est dramatique, mais je pense que la société de vènerie et l’équipage en question ne sont pas concernés. Je suis extrêmement serein, ça me paraît impossible que nos chiens soient impliqués directement là-dedans », poursuit le veneur.
Femme enceinte tuée par des chiens: le président de la Société de vènerie explique que les chiens de la victime « étaient très agressifs » pic.twitter.com/fOEAgvxXLq
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La gendarmerie dessaisie de l’enquête
Cette semaine, le procureur de la République de Soissons a confirmé une information révélée par nos confrères de L’Union quant à la présence du lieutenant-colonel Jean-Charles Métras parmi les veneurs de l’équipage du Rallye La Passion.
Commandant du groupement de gendarmerie de l’Aisne, il faisait donc bel et bien partie des chasseurs venus traquer le chevreuil le 16 novembre.
Une situation qui a d’abord poussé le procureur de la République à confier l’enquête aux gendarmes de la section de recherches d’Amiens (Somme) afin que « le traitement de la procédure » ne soit pas « placé sous son autorité [celle de Jean-Charles Métras, ndlr].
Ce jeudi, L’Union révélait que la section de recherches de gendarmerie d’Amiens avait finalement été dessaisie au profit du Service régional de police judiciaire de Creil (Oise).
Un nouveau revirement qui pourrait s’expliquer par la volonté du procureur et du juge d’instruction de « dissiper tous soupçons sur l’impartialité de l’enquête dans cette affaire très médiatisée », rapportent les journalistes du quotidien régional.
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