La plupart des problèmes que je constate dans ma pratique de psychothérapie sont neutres sur le plan du genre ; ils touchent les hommes et les femmes, pour la plupart de la même façon. Cependant, ces derniers temps, les femmes sont beaucoup plus nombreuses à se présenter avec un problème particulier, et la différence est perceptible. Le problème, en un mot, c’est l’épuisement.
De plus en plus de femmes entrent dans mon cabinet dans un état d’épuisement mental, physique et émotionnel. Beaucoup de femmes que je rencontre ces jours-ci ne se contentent pas de gérer leur ménage, leur famille et la vie de leurs enfants, mais gagnent aussi la plus grande partie du revenu, ce qui fait d’elles le principal soutien de la famille. Ces femmes sont en service 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, toujours à la tâche, et sont accablées de responsabilités.
Sally dirige sa propre entreprise, ce qui lui permet de payer les factures de sa famille. Elle s’occupe également de la vie de ses trois enfants, de leur santé émotionnelle et maintenant de leur scolarité. Elle s’occupe aussi des vacances en famille, des achats alimentaires et d’une foule d’autres choses.
Linda était aux anges, car son mari avait prévu un week-end de vacances. Quand je lui ai demandé où ils prévoyaient aller, elle m’a répondu qu’il ne lui importait guère de savoir si c’était à la quincaillerie, au pressing ou à la buanderie locale, le fait qu’il eût planifié et exécuté le week-end du début à la fin, qu’elle n’eût pas à offrir de suggestions, rechercher ou organiser quoi que ce soit, dans son entièreté ou en partie, de leurs « vacances » en faisait de véritables vacances pour elle, quelle que soit la destination. C’était la première fois depuis des années que Linda se sentait vraiment prise en charge.
En tant que femmes modernes, on nous apprend à tout faire, à être indépendantes et responsables. Nous sommes conditionnées à vouloir et à faire en sorte d’obtenir ces insignes d’honneur. Mais prenons les femmes que je rencontre dans mon cabinet. Comme leurs situations le montrent, il semble que les immenses responsabilités qu’elles endossent sans chercher ou trouver de soutien ne soit pas sans conséquences.
Lorsque j’ai demandé à mon amie Jane ce qu’elle voulait pour Noël, elle m’a répondu : « Que mon mari s’occupe de quelque chose du début à la fin, en gardant également à l’esprit tout ce dont il faut s’occuper. »
En tant que société, nous attendons non seulement des femmes qu’elles soient désireuses, capables et enthousiastes de « tout faire », mais nous faisons également preuve de mépris et de dédain à l’égard des femmes qui ont le courage d’exprimer leur besoin (ou leur souhait) d’être prises en charge. Nous sommes conditionnées à nous juger comme faibles et anti-féministes quand nous voulons suivre plutôt que de mener.
Lors d’une récente séance de thérapie de couple, Gillian, principale responsable accomplie des obligations ménagères et familiales, s’est confiée sur son propre souhait d’être prise en charge, « d’être parfois juste assise du côté passager ». Son mari l’a alors traitée avec mépris de « petite fille ». Il lui a dit que si elle prétendait vouloir l’indépendance, une relation d’égal à égal, au fond d’elle-même, elle voulait juste être « sans défense […] choyée par un homme, comme toutes les autres femmes ». C’était difficile à voir et à entendre.
Mais le plus triste, c’est qu’elle ne ressentait pas de colère. Au contraire, elle avait honte de ses propres besoins. Cette femme très accomplie, intelligente et évoluée remettait en question son propre besoin (et son droit) d’attention. Elle se demandait s’il avait raison et si, au fond, elle était un escroc et que tout ce qu’elle cherchait, c’était être constamment dorlotée et gâtée.
On imagine à tort que la force et l’indépendance sont incompatibles avec le fait de recevoir des soins attentionnés, voire contradictoires. Mais en fait, les deux forment les deux côtés d’une médaille, un seul tout. Nous voulons et devons être prises en charge tout autant que nous voulons et devons être indépendantes et fortes. Il n’y a pas de « mais » dans cette équation. En fait, nous avons besoin qu’on prenne soin de nous afin de continuer d’avoir la force d’être puissantes et indépendantes. Lorsque nous sommes toujours celle qui conduit, bien sûr, nous avons parfois envie d’être assises du côté passager. Comment pourrait-on ne pas le vouloir ?
D’une certaine manière, l’ « indépendance » est un mythe. Personne ne peut être entièrement indépendant. Chacun d’entre nous est un être social qui prospère dans la coopération mutuelle. Nous vivons nos meilleures vies dans une interdépendance fonctionnelle.
Il est également important de reconnaître qu’il existe différents types de soins. Si votre amie vous offre un cadeau dont vous ne voulez pas vraiment ou qui n’est pas de la bonne taille, vous vous sentirez probablement chérie, voire même appréciée. En même temps, vous vous sentirez peut-être responsable de prendre soin de votre amie en vous assurant qu’elle se sente malgré tout à l’aise face à son cadeau. Vous pensez peut-être aussi au fait que vous allez devoir retourner le cadeau et à ce que cela implique. Vous savez que l’on s’occupe de vous, ce qui est fondamentalement nourrissant et apprécié.
En même temps, cette expérience ne parvient probablement pas à atteindrela partie de vous que espère être bientôt complètement relevée de vos tâches et pouvoir simplement lâcher prise le temps d’un moment. Par.conséquent, le type d’attention que votre amie vous offre ne vous a probablement pas contenté votre soif de vous détendre profondément. Et ça va, c’est correct.
D’autre part, en décrivant le moment où sa massothérapeute plaçait ses mains sur ses épaules, avant que le massage ne commence, une amie a dit ceci : « À ce moment, quelque chose en moi se détend profondément. Ce n’est pas seulement parce que mon corps est soigné, mais parce que j’obtiens ce que je veux. Je veux dire […] ce que je veux vraiment, et non ce que je ‘dois prétendre vouloir’. Je n’ai pas besoin de filtrer ce moment à travers une lentille ou un scénario pour que cela fonctionne. Je n’ai pas à m’occuper de quelqu’un d’autre dans le processus. Je peux simplement recevoir. C’est un moment où je suis invitée en moi-même, un moment qui est juste pour moi. »
Lorsqu’il s’agit de recevoir, ce n’est pas la même chose pour tout le monde. Il y a différentes parties en nous, et celles-ci sont nourries par différentes expériences. Savoir qu’on prend soin de vous ne vous permet pas nécessairement d’assouvir votre envie qu’on s’occupe de vous de telle ou telle façon spécifique. Ce qui prend soin de votre esprit n’est pas nécessairement ce qui prend soin de votre corps ou de votre âme. Cette vérité ne fait pas de vous une personne exigeante ou gâtée, elle reeflèrlte simplement votre humanité.
Le plus important pour prendre soin de soi-même est de reconnaître et d’honorer son propre désir qu’on s’occupe de soi. Et en même temps, refuser d’avoir honte ou de se blâmer pour ce besoin primaire que l’on ressent et qui se traduit par un désir d’y sentir une réponse. Nous devons également reconnaître que notre besoin d’être prise en charge peut coexister pacifiquement avec notre désir d’être puissantes et autonomes.
Posez-vous les questions suivantes : Quels sont les moments, s’il en existe, où j’ai vraiment le sentiment qu’on s’occupe de moi ? Qu’est-ce qui me permet de me sentir complètement relevée de mes tâches ? Y a-t-il des choses que je sens être seulement pour moi ? Lesquelles ? Il est important de prêter attention, sans jugement, aux choses qui prennent vraiment soin de nous. Et, lorsque nous nous sentons prises en charge, nous devons faire une pause et le reconnaître. Nous pouvons prendre une respiration et simplement apprécier l’expérience, ressentir le doux soulagement que cela procure.
S’il y a des moyens par lesquels vous pouvez prendre soin de vous-même, avec votre propre attention et curiosité, ou sous toute autre forme, services, éléments de la nature, personnes, humour, divertissement, chocolat, ou quoi que ce soit d’autre, régalez-vous-en. Le besoin d’être soigné est réel et fait partie intégrante de l’être humain. Traitez ce besoin, et vous-même, avec respect, vous le méritez.
Nancy Colier est psychothérapeute, ministre interconfessionnelle, conférencière, animatrice d’ateliers et auteur.
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