Le fabricant français de panneaux solaires Systovi a annoncé mercredi la cessation de ses activités notamment face à « l’accélération soudaine du dumping chinois » et à la suite de son placement en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce, selon un communiqué.
« L’entreprise fait face à l’accélération soudaine du dumping chinois depuis l’été 2023 et les discussions réglementaires en cours en France et en Europe, auxquelles elle a participé depuis des années, n’auront pas d’effet dans un délai compatible avec ses enjeux », a déclaré l’entreprise, basée à Carquefou, près de Nantes.
Des personnes qui se sont « battus depuis 15 ans pour faire exister le solaire français »
Systovi, à la recherche d’un repreneur depuis le mois de mars, n’a pas reçu d’offre de reprise. Créée en 2008, l’entreprise compte 87 collaborateurs.
« Nous sommes très tristes de cette issue et mobilisons dès à présent toute notre énergie pour accompagner du mieux possible les femmes et les hommes qui se sont battus depuis 15 ans pour faire exister le solaire français », a déclaré Paul Toulouse, directeur général de Systovi. L’entreprise avait réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 21,5 millions d’euros.
Dumping de Pékin
L’Union européenne a ouvert des enquêtes contre deux consortiums qui « ont bénéficié de subventions étrangères » anti-concurrentielle. Pékin dispose d’usines, souvent largement subventionnées qui débordent de stocks. Des produits écoulés à l’exportation, à des prix souvent imbattables, avec des technologies toujours plus pointues : panneaux solaires, batteries, véhicules électriques, biotechnologies… Grâce au travail forcé de la minorité ouïghoure dans le Xinjiang, les firmes chinois disposent d’une main d’œuvre à bas coût.
Pour l’heure l’UE est à la traîne dans la lutte contre le dumping chinois, avec comme conséquence la disparition de nos entreprises.
Pour éviter cela les États-Unis ont adopté l’Inflation Reduction Act (IRA) depuis août 2022, un plan en faveur de la transition énergétique. “Chaque watt de cellules solaires est subventionné à hauteur de 4 cents et chaque module solaire à hauteur de 7 cents.” explique La Tribune de Genève. Et cela, à condition que les composants des panneaux produits soient produits aux États-Unis et qu’ils respectent « des critères bien définis”, comme par exemple, le non recours au travail forcé, notamment pour l’extraction du silicium.
L’accès au marché américain étant fermé au firmes chinoises, elles se sont réorientées vers l’Europe, submergeant le marché de leurs produits à bas coût. L’UE avait instauré en 2013 des taxes antidumping mais les avaient supprimées cinq ans plus tard. En l’absence de telles taxes, SolarPower Europe, qui regroupe quelque 300 acteurs de l’industrie solaire européenne, a calculé que « les prix des panneaux solaires ont chuté en moyenne de plus de 25 % depuis le début de l’année en raison de la concurrence chinoise. Avec des conséquences fatales pour les concurrents européens”, selon La Tribune de Genève.
L’objectif de « produire en France d’ici 2030 40% des panneaux photovoltaïques » réaliste ?
La cessation d’activité de Systovi intervient alors que la France a lancé début avril un « plan de bataille » pour doubler le rythme de déploiement des capacités d’énergie solaire sur son territoire d’ici 2030 et soutenir la production de panneaux solaires fabriqués en Europe, face à l’ultra-domination industrielle du régime communiste chinois.
Le gouvernement compte sur la mise en service de deux usines de panneaux solaires dans le pays d’ici 2025 pour relever le déficit d’industrialisation dans le secteur photovoltaïque, où la France accuse un sévère retard.
La France avait ajouté en 2023 3,2 GW de capacités supplémentaires de production solaire, après une hausse de 2,7 GW en 2022, une progression très lente face aux besoins massifs de décarbonation du pays, pour un total de 19,3 GW. Or, dans sa feuille de route énergétique publiée fin novembre, le gouvernement a avancé à 2035 (au lieu de 2050) l’objectif de parvenir à 100 GW de production solaire.
L’objectif est de « produire en France d’ici 2030 40% des panneaux photovoltaïques que nous utilisons », avait affirmé début avril le ministre de l’Économie Bruno Le Maire après une visite d’un parc photovoltaïque dans le sud de la France.
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