CINéMA

Festival de Cannes : « Rendez-vous avec Pol Pot »

mai 31, 2024 10:50, Last Updated: mai 31, 2024 15:12
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Le cinéaste cambodgien Rithy Panh, mémoire cinématographique du génocide perpétré par les Khmers rouges, est revenu à Cannes avec Rendez-vous avec Pol Pot, qui sonde les limites du journalisme sous un régime génocidaire.

Après une guerre civile sanglante, les Khmers rouges ont régné dans un isolement quasi-total entre 1975 et 1979 mais en lien très étroit avec la Chine qui pour venir en aide au dictateur Pol Pot, chef du régime communiste cambodgien de 1975 à 1979, lui apportera une forte assistance économique et militaire. Lors de l’arrivée des forces militaires vietnamiennes au Cambodge en janvier 1979, la Chine continue d’aider les Khmers rouges jusqu’aux Accords de paix de Paris de 1991, qui marqueront la fin de la guerre civile cambodgienne. À la suite de ces accords, Pékin met en place une aide à la reconstruction et à la réhabilitation nationale. C’est alors le premier pays à effacer la dette du Cambodge.

Ce régime communiste a causé la mort de quelque deux millions de personnes. Seule une poignée de journalistes occidentaux a réussi à percer ce mur du silence, dont l’Américaine Elizabeth Becker, dont le livre Les larmes du Cambodge a inspiré ce film. Grégoire Colin, Irène Jacob et Cyril Gueï incarnent les trois envoyés spéciaux occidentaux qui veulent approcher de plus près l’expérience communiste cambodgienne et interviewer son chef, Pol Pot, dans ce film qui sortira le 5 juin en France.

« On ne voulait pas voir parce qu’on était en train de glorifier une révolution »

Au fil des jours et des fissures qui apparaissent dans ce régime, les trois reporters, plus ou moins aveuglés ou sympathisants de la cause révolutionnaire, se rendent compte de l’énorme supercherie dans laquelle ils sont tombés. Dans le Cambodge natal du réalisateur, alors qu’il était lui-même enfermé dans un camp de rééducation khmer, personne à l’extérieur ne savait ce qui se passait, alors qu’aujourd’hui, la surabondance d’informations l’emporte sur le sens critique du public, souligne Rithy Panh. « Nous sommes passés d’un extrême à l’autre », explique-t-il mercredi à Cannes dans un entretien avec l’AFP. « La position idéologique était plus forte que l’humanisme. On ne voulait pas voir parce qu’on était en train de glorifier une révolution », se souvient-il.

CANNES – 17 MAI : Rithy Panh assiste au photocall« Rendez-Vous Avec Pol Pot » au 77ème Festival de Cannes au Palais des Festivals le 17 mai 2024 à Cannes, France. (Photo Gareth Cattermole/Getty Images)

Rithy Panh a dû lui-même endosser le rôle de Pol Pot

Aujourd’hui, « nous sommes un peu bernés par la rapidité des médias sociaux », ajoute-t-il. Rithy Panh a remporté le prix Un certain regard à Cannes en 2013 pour L’image manquante et, il y a deux ans, l’Ours d’or de la meilleure contribution artistique pour Everything will be ok, qui évoquait le génocide avec des figurines animées en pâte à modeler. Une ressource qu’il utilise à nouveau pour décrire les crimes du régime khmer. Lorsque la caméra doit montrer des scènes de torture ou un massacre dans un village, le cinéaste cambodgien revient à ses figurines. Filmer ces horreurs avec de vrais acteurs « ne m’intéresse pas, je l’ai vu ». Pour incarner Pol Pot, Rithy Panh a dû lui-même endosser le rôle, dans l’ombre : l’acteur qu’il avait choisi s’en est déclaré incapable.

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