Quatre jours après la disparition d’un jeune homme pendant la Fête de la musique à Nantes, l’inquiétude des proches grandit sur fond de polémique sur l’opération policière et le choix d’un quai de la Loire non sécurisé pour accueillir du public.
« Même si je garde espoir, il y a une partie de moi qui me dit qu’il faut s’attendre au pire et moi, là, je veux juste retrouver Steve, et je veux savoir ce qui s’est passé », confie Aliyah, 20 ans, tenue noire et cœurs discrets dessinés sur les joues.
Comme elle, plusieurs proches de Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, scrutaient la Loire mardi après-midi depuis le quai Wilson, où il a été aperçu pour la dernière fois, lors de la fête de la musique.
Le jeune homme n’a plus donné signe de vie depuis cette nuit-là, où il participait à une soirée techno sur l’île de Nantes. La fête s’était terminée dans la confusion, noyée sous le gaz lacrymogène : vers 04H30, des échauffourées avaient éclaté entre participants et policiers, venus exiger l’arrêt de la musique.
« On ne voyait vraiment rien, on entendait les grenades, les gens crier », témoigne Aliyah, assurant avoir vu « cinq ou six personnes » dans la Loire. Au total, 14 personnes ont été repêchées à cet endroit par les secours durant la nuit, a indiqué la préfecture.
Steve Maia Caniço qui, selon ses amis, se reposait près d’un sound system avant l’intervention des forces de l’ordre, serait-il lui aussi tombé dans le fleuve ? Signalée dimanche, sa disparition fait l’objet d’une enquête du parquet de Nantes et d’un appel à témoins diffusé lundi par la police nationale.
Un canot pneumatique avec deux plongeurs des sapeurs-pompiers inspectait mardi après-midi la Loire, également survolée par un drone, a constaté l’AFP. « Pour l’instant les recherches n’ont pas abouti », a déclaré Pierre Sennès, procureur de la République de Nantes.
Sur les murs d’un local recouvert de graffitis, ses proches ont collé plusieurs photos de leur ami, 1,72 m, mince, des lunettes et un large sourire. Aux yeux d’Aliyah, c’est « un passionné » qui était venu « pour kiffer le son, la Fête de la musique, voir des copains ».
Mais au-delà de l’inquiétude, des questions se posent sur l’intervention policière, sur un quai non sécurisé. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie lundi pour en éclaircir les modalités.
La ville de Nantes avait autorisé la sonorisation jusqu’à 01H00, mais une tolérance existait pour les sound systems qui pouvaient diffuser de la musique jusqu’à 04H00. Dans un communiqué de presse, elle avait pourtant précisé que « les murs de sons » n’étaient pas autorisés. Contactée, elle n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.
« On dégage toute responsabilité des collègues de terrain : ils se sont défendus, ils se sont fait agresser parce qu’un commissaire a donné l’ordre d’aller évacuer à quinze des centaines de personnes. Y avait-il urgence ? On ne le croit pas », a pointé Stéphane Léonard, secrétaire départemental du syndicat de police SGP FO.
« On sait aussi qu’il y a la Loire à côté… Il faut peut-être aussi que la mairie se pose la question de savoir pourquoi elle autorise des festivités à cet endroit-là », a-t-il ajouté.
Cette partie du quai n’est pas équipée de garde-corps. C’est pourtant ici que se posent tous les ans les sound systems le 21 juin, en dépit des risques liés à la consommation excessive d’alcool.
« Les forces de l’ordre ne pouvaient ignorer le risque de chutes dans la Loire » au moment d’intervenir, a dénoncé l’antenne locale de Génération.s.
De leur côté les élus locaux de la République en marche ont réclamé « la sécurisation de l’ensemble des sites festifs sur l’île de Nantes ».
« Ce quai est dangereux. Ils (les policiers) se sont mis côté route pour charger côté Loire : forcément les gens vont là où ils peuvent et ça c’est complètement mettre en danger la vie d’autrui », a dénoncé Aliyah. Et de conclure : « Et Steve a disparu dans ce capharnaüm ».
Avec AFP
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