La démission de Noël Le Graët, accueillie avec soulagement par le football français mardi, ouvre un nouveau chapitre à la Fédération, dont la reconstruction s’annonce mouvementée, entre succession, crise de gouvernance et fronde en équipe de France féminine.
La crise de la FFF a globalement épargné l’équipe de France masculine cet automne, et la Coupe du monde réussie des Bleus au Qatar (finale) a même un temps apaisé le quotidien fédéral. La prolongation de contrat de Didier Deschamps jusqu’en 2026 a certes été négociée par Le Graët lui-même et annoncée sans passer par le comité exécutif, mais ce dernier a finalement validé à l’unanimité cette décision. « On est tous d’accord sur les performances de Didier, un entraîneur de grande qualité. Cela a été entériné, on est très heureux avec lui », a balayé mardi Jean-Michel Aulas, membre du Comex.
La démission de Le Graët éclaircit a priori les échéances de la Fédération française de football. Le vice-président Philippe Diallo occupe désormais les fonctions de président par intérim, au moins jusqu’à l’Assemblée fédérale du 10 juin. Selon les statuts de la FFF, le comité exécutif déjà en place devra désigner l’un de ses membres en vue d’un vote de cette Assemblée. Cet élu sera alors nommé président jusqu’à la fin du mandat en cours, soit décembre 2024. Lors de cette AG sera également nommé le remplaçant de Jamel Sandjak, le président de la Ligue de Paris-Île-de-France qui a démissionné du Comex la semaine dernière.
Ce calendrier peut-il être menacé par un coup de théâtre ?
Ces derniers jours, plusieurs responsables évoquaient les « calculs » d’une partie du monde amateur en vue de révoquer le comité exécutif. « Certains présidents de Ligue aimeraient bien renverser le Comex » pour provoquer de nouvelles élections, insiste un élu local. La mission paraît périlleuse : 25% des voix de l’Assemblée fédérale sont nécessaires pour convoquer une réunion extraordinaire, et seule une décision à la majorité absolue permettrait de renverser la table. À plus court terme, la FFF doit aussi trouver un nouveau directeur général, pour remplacer l’ex-DG Florence Hardouin, mise à pied pour faute grave le 11 janvier et notifiée par courrier de son licenciement cette semaine.
Si le calendrier est respecté d’ici l’AG de juin, le profil de Philippe Diallo, apprécié des Ligues de football professionnel (LFP) et amateur (LFA), se dégage pour prolonger sa mission jusqu’en 2024. « J’espère que je serai à la hauteur des attentes. Être dirigeant, c’est souvent avoir le mauvais rôle. C’est être celui qui décide, qui dit non, qui prend la responsabilité », a affirmé mardi l’ancien directeur général du syndicat des clubs UCPF.
Le nom de Marc Keller circule depuis plusieurs années, mais le président de Strasbourg doit d’abord vendre ses parts dans son club, ce qui peut retarder sa disponibilité. Aulas, de son côté, a été clair mardi sur ses intentions. «J’ai bien noté qu’à partir d’un certain âge on ne peut plus être sur tous les fronts. Il n’y a pas de tentation d’aller plus loin, plus haut», a assuré le patron de l’OL, âgé de 73 ans et pressenti pour prendre la tête de la future Ligue féminine professionnelle. À l’extérieur de la «Fédé», plusieurs concurrents fourbissent aussi leurs armes pour 2024, voire un peu plus tôt s’ils parviennent à renverser la table. L’ex-patron de la Ligue Frédéric Thiriez, candidat contre Le Graët en 2021, a déjà dit à l’AFP qu’il souhaitait « participer à la refondation de la Fédé », « d’une façon ou d’une autre ». Et beaucoup attribuent à Jamel Sandjak, seul démissionnaire au Comex, des ambitions présidentielles.
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