La Fille de Brest : « Les héros existent encore »

31 décembre 2016 15:42 Mis à jour: 20 janvier 2017 15:50

« La non-assistance à personne en danger est condamnable. C’est le cas dans l’affaire du Médiator avec le laboratoire Servier. Personne ne bouge, une seule se lève pour dire « Stop ! ». C’est Irène Frachon.

« Combien de morts ? » C’est la question obsédante que se pose Irène Frachon depuis la découverte de l’empoisonnement provoqué par le Médiator, ce vrai-faux médicament qui est toujours en vente libre alors que dans d’autres pays, il a été retiré. Il est vrai que ce ne sont pas de « petits » pays qui ont mené cette enquête mais les États-Unis, l’Espagne et le Portugal. Même la Belgique avait refusé catégoriquement sa commercialisation. En France, le laboratoire Servier a délibérément choisi la mort à la place de la vie des patients.

« Des cobayes humains pour le Médiator »

La Fille de Brest  orchestre l’histoire édifiante du Médiator. Le Médiator existe depuis 30 ans. Dès1995, le laboratoire Servier qui produit cette molécule connaît sa dangerosité au niveau cardiaque. Mais c’est seulement en 2009 que ce produit toxique sera retiré définitivement de la vente.

« C’est un poison hors norme », explique pleine de fougue Irène Frachon, qui se bat pour la santé publique et les patients. Le 22 octobre 2015, la cour d’appel de Nanterre a confirmé que le produit était bien « défectueux » et que l’entreprise l’avait laissé sur le marché français en connaissance de cause. Jacques Servier a été mis en examen pour « blessures et homicides involontaires » et contraint de verser une caution de 75 000 euros. C’est une des premières interventions de la justice. Pour le moment, pas de procès pénal. Ce délibéré est déjà édifiant.

« Pourtant, Servier conteste tout. Tout est bon pour contester. C’est ignoble. Je pensais faire une course de 100 mètres et je fais des marathons tous les jours. Pour Servier, tout est bon pour retarder le procès et l’indemnisation des victimes. Actuellement, 2 700 dossiers sont des victimes reconnues », précise Irène Frachon.

Avec le Médiator, pour Servier, nous sommes des cobayes humains. Justes de simples « bêtes humaines ». Le plus troublant est la belle phrase que l’on retrouve sur le site du laboratoire « où est l’amour des humains, là est aussi l’amour du métier ».
L’amour du métier pour garantir un chiffre d’affaires maximal. L’amour des humains…, mais les mots ont-ils le même sens pour tout le monde ? « Son comportement est celui d’un mafieux », déclare avec force Irène Frachon à propos de Servier.

Ce film est un biopic, dit-on. Un biopic pour une personne – madame Irène Frachon, et pour un produit – le Médiator.

L’affaire a commencé grâce à Irène Frachon. Au départ, elle est seule. Ensuite, ses collègues du C.H.U. de Brest l’épaulent. L’affaire est arrivée dans les sphères de l’État. Certains ont fait mine de perdre ce dossier dans les méandres administratifs. Mais un député s’est levé, monsieur Gérard Bapt. Il est aussi médecin cardiologue. Il a brandi le drapeau de la République pour le respect du citoyen.

Aujourd’hui en 2016, qu’est-ce qui a changé ? L’Agence du Médicament a juste modifié son nom. Il reste beaucoup de travail pour la transparence de cette administration.

Alors que faire ? D’abord, un médicament est un produit dangereux. Faites l’expérience dans une pharmacie, je l’ai réalisée près de chez moi en demandant un simple produit contre le rhume. J’ai fait remarquer qu’il contenait de la pseudo-éphédrine, une molécule d’amphétamine, ce qui est interdit. « Personne ne m’a rien dit. Je continue à le vendre », a répondu la pharmacienne sans sourciller. Voilà, la réponse d’une pharmacienne, je vous invite à le vérifier par vous-même. Notre santé réclame une vigilance de tous les instants.

Le médecin, le pharmacien et le laboratoire de médicament ont pour vocation, ou objectif, de prendre parti pour la santé du patient. Si délibérément le contraire est prouvé, alors le danger nous guette.

Ici, c’est le cas depuis le début de l’affaire. Le Médiator a eu le temps de produire son effet macabre en 30 ans, consommé quotidiennement par près de 300 000 Français. 500 morts de maladie cardiaque ont été reconnus.

Le laboratoire a failli à sa mission de manière organisée. Et pourquoi ne pas boycotter tous les produits Servier jusqu’au rendu définitif de la Justice ? La mort est à bannir. Elle est trop présente depuis le début de l’affaire. La vie a besoin d’être protégée.

Jacqueline Houdayer, présidente de l’association CADUS (Conseil Aide & Défense des Usagers de la Santé), évoque sa lutte pour que les patients soient épaulés. « Les gens ne savaient pas se défendre. Beaucoup de dossiers ont été rejetés grâce aux avocats de Servier. Depuis 16 ans, nous existons pour la défense des usagers », a-t-elle déclaré. Depuis, la CADUS soutient tous les lanceurs d’alerte comme Irène Frachon.

Servier, un assassin en liberté

La mort a déjà frappé par le Médiator. D’autres victimes sont à prévoir. Des assassins sont toujours en liberté avec le consentement des autorités.

La véritable éthique, de la part d’une société, serait de reconnaître les faits avérés par toutes les enquêtes. La justice a commencé à répondre à Servier qui a été mis en examen.

D’autres sanctions commencent à tomber, dont celle de l’Agence du Médicament (ANSM), en la personne de son directeur Dominique Maraninchi, qui a aussi été mis en examen pour « homicides involontaires et blessures involontaires » par les juges en charge de l’instruction de l’affaire Médiator, a indiqué une source judiciaire citée par l’AFP, en 2013.

Pour en savoir plus :

La Fille de Brest

Réalisatrice : Emmanuelle Bercot

Scénario : Emmanuelle Bercot, Séverine Bosschem avec Irène Frachon.

Acteurs : Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel

A voir absolument pour la qualité du film, des acteurs et du combat qui nous concerne tous. En mémoire de toutes les victimes.

Acteurs de l’affaire du Médiator :

Madame Irène Frachon, pneumologue

Agence du Médicament et de sécurité : AFSSAPS devenue ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicaments et des Produits de Santé)

Laboratoire Servier

Monsieur Gérard Bapt, député socialiste médecin cardiologue

Les patients, leurs familles

Les associations comme CADUS (Conseil Aide & Défense des Usagers de la Santé) présidente madame Jacqueline Houdayer

Les éditions Dialogues de Charles Kermarec pour le livre « Médiator 150MG : Combien de morts ? »

 

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