Bébé, elle a été séparée de force de sa mère alors qu’elle n’avait que 10 mois. La police a arrêté ses parents le 20 juillet 1999, lorsque le régime communiste chinois a commencé à persécuter le Falun Gong.
Sa mère, Liu Xinying, était infirmière à l’hôpital obstétrique et gynécologique de Dalian ; son père, Qu Hui, était employé de bureau au port maritime de Dalian.
Elle se souvient de son père comme étant toujours couché dans son lit. Elle avait l’habitude de demander à sa mère pourquoi les pères des autres enfants se tenaient tous debout, alors que le sien ne l’était pas.
Son père a été paralysé à la suite de brutalités policières le 20 mars 2000. Il est resté alité pendant 13 ans jusqu’à son décès en 2014.
La persécution a coûté la vie à ses deux parents l’un après l’autre. Elle a perdu sa mère le 22 avril.
Depuis que l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois (PCC) Jiang Zemin a lancé la campagne de persécution contre le Falun Gong en 1999, de nombreuses familles ont été déchirées, laissant trop d’orphelins et d’enfants se demandant ce qu’il est advenu de leurs parents et des membres de leur famille.
Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique spirituelle du corps et de l’esprit qui suit les principes universels de vérité, de compassion et de tolérance.
La lettre d’une mère
Sa mère lui a écrit un jour depuis la prison en lui expliquant qu’elle avait toujours voulu donner une réponse positive à la question sur la raison pour laquelle son père était toujours couché dans son lit. « Mais cela n’arrivera que lorsque la justice sera rendue, car je ne veux pas que ton jeune et pur cœur soit entaché par les ténèbres de la société. »
Qu Hui a été emprisonné dans le camp de travail de Dalian après avoir été enlevé par la police en 1999.
Le matin du 20 mars 2000, il s’est retrouvé avec des fractures de la colonne cervicale, une paraplégie haute et une ulcération génitale après près de 12 heures de torture par la police parce qu’il avait refusé de signer une déclaration de renoncement au Falun Gong. L’hôpital a annoncé qu’il était « mourant » et il a été retiré du camp de travail.
Liu Xinying, également emprisonnée dans le camp de travail, a été libérée sous caution. Voyant son mari mourant, elle savait que seule la pratique du Falun Gong lui apporterait la paix de l’esprit et lui apporterait l’espoir de la puissance divine.
Peu à peu, il a pu respirer sans respirateur et uriner seul.
Pour s’occuper de son mari paralysé et élever son enfant, Liu Xinying a du compter sur le soutien financier de ses proches. Elle expliquait à sa fille : « L’aide, la sympathie et la compréhension des gens à notre égard sont un moyen de promouvoir et de soutenir la gentillesse et la moralité. »
En juin 2004, Liu Xinying a commencé à porter plainte, alors que tout le monde s’inquiétait pour sa sécurité. Elle était fermement convaincue que le fait d’avoir la foi et d’être une bonne personne n’est pas un crime. Elle a écrit qu’il était inacceptable de permettre à la police d’enfreindre la loi et de causer des blessures permanentes à qui que ce soit. Elle a rendu visite aux autorités à tous les niveaux avec la photo de son mari handicapé, la plainte et la déclaration orale de Qu Hui exposant sa persécution brutale dans le camp de travail.
Qu Hui est décédé les yeux grands ouverts le 19 février 2014, après 13 ans de souffrance.
Pendant des années, il est resté alité dans une chambre de 13 mètres carrés ; à cette vie monotone et solitaire s’ajoutait une douleur atroce qui le plongeait dans un état de folie. Liu Xinying était à ses côtés jour et nuit.
Lorsqu’il est décédé, Liu Xinying lui a tenu les mains et a fondu en larmes. Sa fille essayait de la réconforter : « Maman, s’il te plaît, ne pleure pas. Tu as fait tout ce que tu pouvais pour aider papa ».
Enlèvements sans fin
Le 19 février 2004, Liu Xinying avait été enlevée et personne n’était venu chercher son enfant à la maternelle. Son mari handicapé avait été laissé à la maison sans personne pour s’occuper de lui, sans nourriture ni eau, et son lit était mouillé d’urine.
Liu Xinying a été détenue dans un camp de travail jusque tard dans la nuit. Le camp lui a demandé de remplir un formulaire de libération le jour même, mais lorsque des visiteurs du camp lui ont demandé si le Falun Gong était bon, elle a répondu « oui ». Le personnel du camp l’a gardée toute la journée.
Le 6 juillet 2012, la petite fille alors âgée de 13 ans, est rentrée chez elle et a découvert que la maison était en désordre et que sa mère était introuvable. Pendant toute la nuit, elle a pleuré et son père a crié de désespoir.
Ce jour-là, la police de Dalian a capturé plus de 70 pratiquants de Falun Gong et a perquisitionné leurs maisons, y compris Liu Xinying, dans le cadre d’une action spéciale visant les pratiquants locaux du Falun Gong qui avaient installé une antenne parabolique pour recevoir des signaux de la télévision NTD basée à New York, média partenaire d’Epoch Times. Cette affaire est connue sous le nom de « Dalian SD Case » (affaire SD de Dalian).
Liu Xinying n’a été libérée que 24 heures plus tard, après que son père âgé était parti à sa recherche et avait dit au personnel concerné que son mari handicapé avait besoin de ses soins.
Le 21 juin 2013, l’adolescente est rentrée chez elle et a réalisé que sa mère avait à nouveau disparu. Déjà étudiante au collège, elle a appelé un taxi et s’est rendue directement au poste de police local pour ramener sa mère à 22 h 30.
Plus tôt dans la journée, Liu Xinying avait aidé à véhiculer 12 avocats participant à la défense de 13 pratiquants impliqués dans l’affaire Dalian SD. Au poste de police, elle a été avertie de ne pas accompagner des avocats en voiture. Mais le lendemain, elle les a tous conduits.
Moins d’un mois après le décès de Qu Hui, les autorités locales sont allées arrêter Liu Xinying.
Au petit matin du 21 mars 2014, la police locale a attendu aux alentours de son appartement et l’a arrêtée alors qu’elle sortait. Mais un centre de détention local a refusé de l’accueillir en raison de son mauvais état de santé.
Le 23 septembre 2014, l’adolescente, alors âgée de 15 ans, est de nouveau rentrée chez elle, constatant que la maison était en désordre, que l’ordinateur et les livres de Falun Gong avaient disparu. Elle savait que sa mère avait de nouveau été arrêtée. En larmes, elle a téléphoné et a appris qu’elle était détenue à l’hôpital 210 de Dalian.
Ce matin-là, le personnel de la communauté locale avait appelé Liu Xinying en prétextant une opportunité d’emploi, mais au lieu de cela, elle a été arrêtée. Le centre de détention l’a de nouveau rejetée en raison de son état de santé. Liu Xinying a été transférée et détenue à nouveau à l’hôpital 210 de Dalian.
Le 29 septembre, un tribunal local a condamné Liu Xinying à cinq ans et demi d’emprisonnement et a refusé la présence de son enfant et de son grand-père à l’audience.
Un courage persistant
La jeune fille a reçu une lettre de sa mère datée du 20 septembre 2015.
Dans cette lettre, Liu Xinying décrit les difficultés qu’elle a rencontrées dans sa vie en raison de sa foi. Elle explique qu’elle était consciente de sa responsabilité de continuer à espérer « qu’il n’y aura plus de tragédies, que ceux qui l’ont blessée ne commettront plus de péchés ». Elle se réconfortait en pensant que sa survie permettrait à sa propre fille de ne pas devenir orpheline, à son propre père de ne pas perdre sa fille, et à ses amis de ne pas perdre leur amie, et c’est la raison pour laquelle elle « est restée forte et s’en est sortie ».
« Après cette séparation », Liu Xinying pense qu’elle et sa fille « brilleront de l’éclat le plus pur au moment de la renaissance de la vie, comme un phénix qui renaît de ses cendres ».
Lorsqu’elle a revu sa mère, c’était plus de six mois plus tard. Elle est arrivée à la prison pour femmes de Liaoning avec son grand-père de 70 ans.
Liu Xinying avait l’air hagard, sombre et maigre, et sa tension artérielle était de 240. Ils ont tous les trois fondu en larmes. Elle voulait que son père prenne bien soin de lui et que sa fille étudie dur, garde un bon moral et soit une bonne personne.
Le temps a passé vite : la police leur a dit qu’ils n’avaient que 30 minutes et que la réunion serait immédiatement interrompue s’ils parlaient du Falun Gong. Le grand-père a parlé à la police et lui a demandé de la relâcher parce que sa tension artérielle était trop élevée. Mais la police a répondu : « Quel est le problème ? Nous avons des gens qui ont une tension artérielle de 280 ».
Les vêtements qu’ils ont apportés ont été refusés, de même que l’argent qu’ils voulaient verser sur son compte. On leur a dit qu’elle n’avait pas de compte.
Fin mars 2020, Liu Xinying a été libérée.
Sa fille travaillait déjà à l’extérieur de la ville. Chaque fois que Liu Xinying lui rendait visite, des étrangers se tenaient derrière elle.
Le 22 avril, vers 18 heures, Liu Xinying est décédée.
Li Jiesi a contribué à cet article.
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