Aussi curieux que cela puisse paraître, les évènements politiques en Chine ont tous été mis en place à la suite d’évènements culturels, depuis l’avènement du Parti communiste chinois (PCC). Cette observation a été faite par Shi Cangshan, expert de la Chine installé à Washington D.C.
Bien souvent, les campagnes politiques du PCC ont démarré à la suite d’une critique de film.
« La vie de Wu Xun »
En décembre 1950 est sorti « La vie de Wu Xun », un film sur Wu Xun, qui a passé sa vie à mendier avant de réussir à construire des écoles destinées aux enfants pauvres. L’histoire se passe à la fin de la dynastie Qing, sous le règne de l’empereur Guangxu.
Le film a eu un grand succès auprès du public, en particulier parmi l’élite intellectuelle. Personne n’aurait pu imaginer le renversement de situation qui allait survenir.
Le 20 mai 1951, Mao Zedong a publié un éditorial dans le Quotidien du peuple, intitulé « Donner toute son importance au débat sur le film “La vie de Wu Xun“ ».
Après cela, le PCC a travaillé à mettre au point « les campagnes de réforme idéologique », en visant la classe intellectuelle (intelligentsia). Suivant le modèle du déclenchement de critiques orchestré par le régime communiste au sujet du film réalisé par Su Yun, des romanciers ont également été visés. Parmi eux, l’auteur Hu Shih a été la cible d’une véritable campagne politique de critiques à l’égard de son idéologie et de ses recherches sur le livre Le rêve dans le pavillon rouge.
Entre le 13 mai et le 10 juin 1955, Mao a lancé une campagne de critique de « l’idéalisme bourgeois » véhiculé soi-disant par Hu Shih. Pour cela le dirigeant chinois a émis l’ordre au Quotidien du peuple de publier trois articles critiquant Hu Feng, célèbre critique littéraire, tout en révisant lui-même les commentaires de l’éditorialiste.
Hu Feng, comme tant d’autres, ont été étiquetés d’appartenir au « gang des contre-révolutionnaires », ce qui lui valu d’être arrêté le 18 mai.
Selon les statistiques, la campagne a visé plus de 2.100 personnes, dont 92 ont été arrêtées, 62 isolées et 73 suspendues pour leur prise de position dont on a exigé qu’ils fassent leur auto-critique. C’est seulement après la fin de la révolution culturelle que le PCC a réexaminé les cas.
La destitution de Hai Rui
Le 10 novembre 1965, le journal de Shanghaï Wenhuibao a publié un article de Yao Wenyuan intitulé « À propos de la tragédie et sujet historique “La destitution de Hai Rui“ ». Ceci a conduit Mao à entamer la Révolution culturelle.
Le 21 décembre de la même année, Mao a déclaré : « L’article de Yao Wenyuan est très bon, mentionnant les noms exacts. C’est un grand choc pour ceux travaillant dans les domaines du théâtre, de l’histoire et de la philosophie. Cependant, il n’est pas allé jusqu’à l’essentiel, qui est le renvoi des fonctionnaires. Tout comme Jiajing a congédié l’officier Hai Rui sous la dynastie Ming, nous avons congédié Peng Dehuai en 1959. »
Le 16 mai 1966, un vaste rassemblement du Bureau politique du PCC a approuvé la « Notification du Comité central du Parti comuniste », connu également sous le nom de « Notification du 16 mai ». Elle a été rédigée par Kang Sheng et Chen Boda, avant d’être éditée par Mao. La diffusion de ce document a marqué le début officiel de la Révolution culturelle.
Ce mouvement a duré 10 ans, annihilant la culture traditionnelle chinoise et causant au moins 7,73 millions de pertes humaines.
Réflexion cinématographique
Le 18 décembre 1978, le Comité central du PCC a tenu le 3e plenum du 11e Comité central du PCC pour établir la nouvelle ligne directrice : « réforme et ouverture ». Le dirigeant d’alors, Deng Xiaoping s’est exprimé, suivi d’un de ses alliés présidant la « réhabilitation politique ».
Les réflexions aux nombreuses campagnes politiques du PCC sont devenues l’un des courant idéologique de société les plus puissants dans les années 1980.
En 1979, le magazine littéraire Shiyue a publié le scénario de « Douloureux amour », écrit par Bai Hua et Peng Ning. À la fin des années 1980, une version cinématographique est sortie, rebaptisée « Le soleil et l’homme ».
Le film a fait l’effet d’une bombe dans tout le pays, à partir d’une parole : « Tu aimes ce pays, mais ce pays t’aime-t-il ? »
Cette phrase a eu un grand impact parmi les étudiants des années 1980. Le PCC a exprimé un criticisme politique à propos de cette tirade, qui avait en fait gagné l’adhésion de la population.
Après la libération de Deng à la fin des années 1970, le réalisateur chinois Xie Jin a fait une série de films : « La légende de la montagne Tianyun » en 1980, « Le gardien de troupeaux » en 1982, « Village hibiscus » en 1987 qui sont connus comme étant la « trilogie de réflexions ».
« La légende de la montagne Tianyun » est une adaptation du roman de Lu Yanzhou intitulé Une montagne de rhododendrons rouges. Le film reflète le mouvement « anti-droitier » qui a eu de fortes répercussions sociales.
« Pluie du soir » est une film réalisé en 1980 dont le personnage central, Qiushi, est un poète persécuté au cours de la dernière étape de la Révolution culturelle. L’histoire, filmée sur un bateau reliant Chongqing à Shanghaï sur le fleuve Yangtze, a révélé la cruauté de la Révolution culturelle, rendant ce film sensationnel.
Avant que le dirigeant Zhao Ziyang ait mis en place des réformes politiques, la China Central Television a diffusé une série documentaire en six épisodes intitulée « Élégie de la rivière » en juin 1988. En comparant la « civilisation terrestre » de Chine et la « civilisation maritime » occidentale, le documentaire explore le thème du destin national.
Cela a déclenché une ferveur parmi la population étudiante et les téléspectateurs, qui est considérée comme étant à l’origine d’une ligne idéologique qui donnera naissance au mouvement étudiant de 1989. Le gouvernement a répondu aux manifestations de la place Tiananmen par une intervention armée brutale qui a fait des morts.
Version originale : CCP Repeatedly Use Film Criticism to Start Political Campaigns
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