Le groupe Pernod Ricard met fin à des décennies de soutien aux clubs taurins pour des raisons financières, se défendant d’avoir cédé aux activistes de la cause animale.
Victoire des anti-corrida pour certains, attaque contre la culture camarguaise pour d’autres. Samedi, le numéro 2 mondial des vins et spiritueux officialisera la fin de son partenariat avec les clubs taurins réunis à l’occasion de leur assemblée générale à la manade – lieu d’élevage de taureaux et de chevaux – fondée par Paul Ricard au cœur de la Camargue, ont indiqué des sources concordantes confirmant une information révélée par Midi Libre. Longtemps appelée manade Paul Ricard, ce lieu a été rebaptisé récemment « domaine de Méjanes », selon le quotidien.
L’Union des clubs taurins Paul Ricard, association comptant plus 15 000 membres répartis dans environ 400 clubs, défend des activités liées aux taureaux, des corridas aux courses landaises ou camarguaises dans lesquelles l’animal n’est pas tué. Des traditions présentes dans le Sud de la France mais aussi en Espagne ou encore au Portugal. « Une lettre a bien été envoyée par la société Ricard aux présidents des clubs taurins », a précisé le groupe.
« Rien à voir avec la corrida »
Soutien de poids à l’association, Pernod Ricard s’est défendu d’avoir cédé à l’influence d’un de ses actionnaires américains, le fonds Elliott, après une vaste campagne de mouvements anti-corrida ayant appelé au boycott des alcools du groupe. « Ça n’a rien à voir. Le type de discussion qu’on a avec un actionnaire, ce n’est certainement pas sur les activités de mécénat que peut avoir Ricard dans le sud de la France », a indiqué le groupe.
« Ricard est en pleine réorganisation, la France est un marché en difficulté. Si on réorganise nos équipes, ça implique de revoir nos budgets. C’est un levier qu’on préfère économiser et placer ailleurs », a ajouté cette même source.
L’annonce de ce retrait est pourtant vécue par certains comme une capitulation face aux pressions de certains groupes pour la cause animale, tant la marque fondée par Paul Ricard était associée depuis des décennies au milieu taurin.
L’ancien matador André Viard, président de l’Observatoire national des cultures taurines (ONCT) tient toutefois à relativiser la portée de cette annonce : « La tauromachie ce n’est pas que Paul Ricard, mais ce qui est sûr c’est qu’il a dû se retourner dans sa tombe. Il était fier de ses origines camarguaises », dénonce M. Viard. « On veut effacer ce qui ne va pas dans la culture globalisée, mais on ne nous empêchera pas de faire de la tauromachie », insiste-t-il.
Une victoire
Claire Starozinski, présidente de l’Alliance Anticorrida ne croit pas, elle non plus « une seule seconde que la décision de Pernod Ricard de se retirer soit économique », alors que le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 8,9 milliards d’euros (2017-2018).
« C’est une victoire. On a obtenu cette décision de haute lutte après une très grosse campagne de plus de dix ans. C’est le signe que la tauromachie c’est fini », s’est réjouie Mme Starozinski, en référence à l’envoi de dizaines de milliers de lettres, en six langues, de boycott des produits du groupe, initié par six associations de la cause animale.
« Un esprit attaché à l’histoire de Paul Ricard »
« En Camargue, nous sommes nés dans cette culture, car il y a des élevages de taureaux, des courses camarguaises etc », a réagi Dalia Navarro, présidente des Andalouses, un club taurin basé à Arles qui organise entre autres des événements de danses sévillanes et des rencontres lors des férias. « Ce qui était fort dans l’Union des clubs taurins Paul Ricard c’est qu’elle avait réussi à fédérer toutes ces passions », a-t-elle ajouté.
« Nous allons continuer nos activités. Je pense qu’une solution sera trouvée. Il y a un esprit attaché à l’histoire de Paul Ricard », veut encore croire Mme Navarro, pour qui il s’agit « plus d’une question financière, qu’une décision « pour ou contre la corrida » ».
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