Des peines de 10 mois à trois ans de prison avec sursis ont été prononcées vendredi contre un ex-avocat de jihadistes et deux journalistes jugés à Paris pour avoir notamment transféré des fonds à des membres du groupe terroriste État islamique (EI), selon eux pour les aider à quitter le « califat » et se rendre.
La peine la plus lourde, soit trois ans d’emprisonnement assorti du sursis simple, vise l’ancien avocat Bruno V., 50 ans. Le ministère public avait requis en janvier cinq ans d’emprisonnement à son encontre.
Bruno V. a reconnu avoir participé à la corruption d’un officier de l’armée irakienne pour tenter, en vain, d’épargner la vie du jihadiste Maximilien Thibaut lors de la bataille de Mossoul en Irak en 2017, selon lui afin qu’il se rende. L’ex-avocat reconnaît la corruption, mais rejette les accusations de financement du terrorisme.
Le tribunal l’a relaxé partiellement sur ce point, notamment sur ses messages échangés avec des clientes, des femmes jihadistes retenues dans un camp en Syrie. Il l’a condamné à une amende douanière solidaire de 10.000 euros, amende demandée par les douanes et à payer avec les deux prévenues journalistes.
« Sorties du cadre » de leur métier
Ces dernières, Édith B., 43 ans, et Céline M., 44 ans, ont aussi été condamnées respectivement à 10 et 12 mois d’emprisonnement assortis du sursis simple, sur la ligne des peines requises par le procureur.
Autrices d’un livre-enquête sur les femmes françaises ayant rejoint l’EI, elles sont jugées pour avoir transféré des fonds afin de payer des passeurs pour « exfiltrer » plusieurs femmes de Syrie ou d’Irak, et pour avoir pris part à l’opération ratée de sauvetage de Maximilien Thibaut. Devant le tribunal, Édith B. et Céline M. avaient admis être « sorties du cadre » de leur métier, mais avaient maintenu avoir agi par « humanité », pour « sauver des vies ».
Trois autres prévenus étaient poursuivis dans ce dossier, deux mères et le beau-père de jeunes Français convertis et radicalisés, partis rejoindre l’EI en Syrie. Ils étaient poursuivis pour avoir envoyé plusieurs milliers d’euros à leurs enfants, pour subvenir à leurs besoins, selon eux, entre 2014 et 2017.
Les deux mères étaient également jugées pour avoir détourné les fonds d’associations de parents en détresse, qu’elles avaient fondées. Valérie B. a été condamnée à deux ans de prison avec sursis simple et 20.000 euros d’amende, Anne S. à un an d’emprisonnement avec sursis simple et 3.000 euros d’amende.
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