Selon l’ONG Oxfam, qui a publié son rapport annuel sur les inégalités ce lundi, les grandes fortunes mondiales sont sorties indemnes de la pandémie voire se sont renforcées. Alors, pour combattre « le virus des inégalités » – qui continuent de se creuser, Oxfam appel à taxer les grandes fortunes.
Depuis 2020, et en particulier depuis les premiers confinements qui ont été mis en place, la fortune cumulée des dix personnes les plus riches du monde a augmenté « de 540 milliards de dollars », selon le rapport annuel de l’ONG Oxfam publié ce 25 janvier.
Plus généralement, « les 1.000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant la pandémie en seulement 9 mois, alors qu’il pourrait falloir plus de 10 ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques », a estimé Oxfam.
Selon l’association, qui s’appuie en particulier sur les données de Forbes et de Credit Suisse, si on prend la totalité des milliardaires, ces derniers ont même vu leur fortune augmenter de 3.900 milliards de dollars entre le 18 mars et le 31 décembre 2020, relate France Bleu.
En France, les milliardaires – dont Bernard Arnault, troisième fortune mondiale derrière les américains Jeff Bezos et Elon Musk – ont « gagné près de 175 milliards d’euros » sur la même période, « dépassant leur niveau de richesse d’avant la crise ». D’après l’AFP, c’est la troisième plus forte progression, après les États-Unis et la Chine.
Pour expliquer ce phénomène, Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam, a déclaré : « On a une économie qui est traversée par des inégalités qui existaient avant la crise mais où les inégalités s’exacerbent à cause de la crise. Et si les milliardaires ont retrouvé leur niveau de fortune qu’ils avaient avant la crise en si peu de temps. C’est parce qu’on a décidé de mettre sur pied des plans de relance et des centaines de milliards de dollars injectés dans les marchés financiers », a-t-il indiqué à Franceinfo.
« C’est finalement un deux poids deux mesures dans le ‘quoi qu’il en coûte’, puisque ce volume d’argent, on ne le retrouve pas dans les politiques de protection des plus vulnérables, que ce soit en France ou dans les pays en développement », a-t-il ajouté.
En évoquant Jeff Bezos, le patron d’Amazon, Quentin Parrinello a précisé : « Il y a des milliardaires qui ont aussi vu leur fortune augmenter parce que leur business était florissant. On peut aussi penser à Elon Musk, mais ce n’est pas le cas de tout le monde ».
Concernant la France, « typiquement, pour Bernard Arnault, on peut penser que le luxe n’a pas été particulièrement florissant en 2020. Pourtant, il a vu sa fortune augmenter de plus 40 milliards d’euros en 2020. C’est parce qu’il y a eu une intervention publique pour protéger la dégringolade des marchés financiers et aujourd’hui, il en bénéficie ».
Ainsi, tout l’enjeu du rapport de l’Oxfam, « c’est de dire qu’on a besoin de sa contribution à l’effort public, on a besoin de taxer ces gens qui ont profité de la crise, pour financer la facture du coronavirus », a-t-il affirmé.
Sur ce sujet, le rapport indique également : « La crise du corona doit marquer un tournant dans la fiscalité des personnes et des entreprises les plus riches. Elle nous offre l’occasion d’établir enfin une fiscalité juste, de mettre fin au nivellement par le bas et d’initier un nivellement par le haut. Cela peut prendre la forme d’une augmentation de l’impôt sur la fortune, de taxes sur les transactions financières et de mesures d’éradication de l’évasion fiscale ».
Oxfam cite notamment en exemple l’Argentine, qui a adopté en décembre 2020 une loi instituant un impôt extraordinaire sur les grandes fortunes, susceptible de rapporter environ 3 milliards de dollars et destiné à financer la lutte contre les effets du Covid-19.
Selon Oxfam, même si le chômage partiel « a été une bonne mesure », cela ne fait pas tout. En effet, Quentin Parrinello a précisé : « il y a des centaines de millions de personnes qui sont en train de basculer dans la pauvreté à cause de la crise et qui pourraient y rester pendant plus de 10 ans, nous dit la Banque mondiale, si on ne s’attaque pas aujourd’hui aux inégalités ».
Il appelle ainsi à refonder le modèle économique et souhaite que « les métiers qui ont leur utilité sociale » soient mieux rémunérés.
À noter que la publication du rapport a été accompagnée du lancement d’une campagne visant à dénoncer les inégalités. Oxfam France invite par ailleurs à détourner la devise républicaine en « liberté, inégalités, fraternité » :
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