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Finlande dans l’Otan: un plus en termes de capacité, une étape stratégique

avril 4, 2023 11:36, Last Updated: avril 4, 2023 13:58
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La Finlande devient mardi le 31e pays de l’Otan, fournissant un apport stratégique fondamental et un gain capacitaire à une organisation qui, dépourvue de forces armées en propre, s’appuie sur celles mises à disposition par ses membres.

C’est une révolution pour Helsinki, qui compte 1300 kilomètres de frontière avec la Russie. Longtemps attachée à son non-alignement, elle jouira désormais de l’assistance militaire conventionnelle de ses alliés et de la dissuasion nucléaire. La Finlande compte 12.000 soldats professionnels mais forme plus de 20.000 conscrits par an et peut compter en temps de guerre sur 280.000 soldats aptes au combat, plus 600.000 autres réservistes, une force exceptionnelle en Europe. Le pays nordique compte augmenter de 40% son budget défense d’ici 2026. Il dispose d’une flotte de 55 avions de combat F-18, qu’il compte remplacer par des F-35 américains, de 200 chars et de plus de 700 pièces d’artillerie. En revanche, son adhésion représente « des centaines de kilomètres supplémentaires de frontière à défendre. C’est une charge non négligeable pour l’Otan », selon un observateur européen.

Moscou considère, non sans fondement, que chaque nouveau membre de l’Otan déplace d’autant la frontière géostratégique qui l’oppose aux États-Unis. Avant l’invasion de l’Ukraine en février 2022, elle demandait que l’alliance s’abstienne de tout élargissement et de toute activité militaire en Ukraine, en Europe de l’Est, dans le Caucase du Sud et en Asie centrale.

En réponse, l’Otan exigeait « le retrait des troupes russes d’Ukraine, Géorgie et Moldavie », en référence respectivement à la Crimée annexée en 2014, l’Ossétie et l’Abkhazie pour la Géorgie, et la Transdniestrie. Avec l’intégration de la Finlande, « le flan ouest de la Russie devient plus vulnérable. Sa frontière avec l’alliance va s’étendre de l’océan Arctique à la mer Baltique », relève le site spécialisé War on the Rocks. Les seuls équipements militaires en propre de l’Otan sont une flotte d’avions AWACS (système aéroporté de détection et de contrôle) et cinq drones de surveillance Global Hawk.

Unité retrouvée de l’Otan pour  la sécurité des pays orientaux

Chaque État reste maître de ce qu’il apporte dans la corbeille de l’Otan mais tous ont promis de renforcer la sécurité des pays orientaux et de mobiliser davantage de moyens. À titre d’exemple, la France a envoyé dès le début de la guerre en Ukraine 500 hommes en Roumanie, où des Américains étaient déjà déployés. Ils ont été rejoints notamment par des Néerlandais et des Belges. Selon des chiffres de décembre, quelque 5000 militaires étrangers étaient stationnés en Roumanie, soit le plus gros contingent de forces alliées sur le flanc sud-est de l’Otan. En 2022, l’alliance a effectué neuf exercices, de la Méditerranée orientale à la Baltique, de la Géorgie aux pays Baltes, selon l’Institut international des études stratégiques (IISS).

Selon le quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE), l’Otan peut « compter sur près de 3,5 millions de personnels, militaires et civils réunis ». Les trois pays comptant le plus de soldats sont les États-Unis (1,47 million de militaires d’active auxquels s’ajoutent 800.000 réservistes), la Turquie (425.000 militaires et 200.000 réservistes) et la France (210.000 militaires, 40.000 réservistes).

L’organisation dispose d’une Force de réaction rapide depuis 2004 : 40.000 militaires s’ajoutent aux 100.000 soldats américains déjà déployés en Europe. L’Otan prévoit d’augmenter cette force à 300.000 soldats. Une « Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation » (VJTF), capable de déployer les éléments de tête d’une brigade terrestre de 5000 hommes en deux à trois jours, a aussi été mise en place.

L’Otan souffrait de problèmes existentiels avant la guerre, justifiant la mise en place en 2020 d’un groupe d’experts internationaux chargés de réfléchir à son avenir. Fin 2019, le président Emmanuel Macron avait évoqué sa « mort cérébrale ». Déclaration provoquée notamment par une opération militaire de la Turquie en octobre 2019 dans le nord-est de la Syrie, visant les milices kurdes alliées de la coalition internationale, sans en informer celle-ci. Mais l’invasion de l’Ukraine « a fourni le carburant pour une unité retrouvée de l’alliance et son réengagement dans la sécurité coopérative, la gestion de crise et la défense collective », estimait en février l’ex-commandant des forces armées américaines en Europe Philip Breedlove. Ses déploiements en Europe sont passés de quatre groupements tactiques (Estonie, Lituanie, Lettonie, Pologne) à huit (avec Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Slovaquie).

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