EUROPE

La flambée de coronavirus en Italie met en lumière ses liens avec la Chine

mars 13, 2020 15:55, Last Updated: mai 6, 2020 3:44
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L’aggravation de l’épidémie de coronavirus en Italie a conduit son gouvernement à réévaluer ses relations avec Pékin et à s’aligner davantage sur Washington, a déclaré un expert.

Près d’un an après que l’Italie soit devenue le premier pays du G-7 à signer le projet phare de la politique étrangère du régime chinois, l’initiative « Belt and Road » (BRI, la nouvelle route de la soie ou la Ceinture et la route, également connue sous le nom de « One Belt, One Road ») – qui a suscité les critiques de ses alliés occidentaux -, la façon dont le pays a géré l’épidémie au départ a indiqué un changement dans les relations.

« L’épidémie de coronavirus à Wuhan a conduit le gouvernement italien à réévaluer son approche envers la Chine, et à envoyer parallèlement un message à l’administration Trump », a déclaré Nicola Casarini, chercheur principal et responsable de la recherche pour l’Asie au sein du groupe de réflexion Istituto Affari Internazionali, basé à Rome, dans un courriel à Epoch Times.

M. Casarini a déclaré que l’actuelle administration italienne de centre-gauche, qui est différente du gouvernement populiste qui a signé la BRI, en mars 2019, a utilisé l’épidémie pour renforcer ses liens avec Washington. L’Italie a été le premier gouvernement occidental à annoncer l’arrêt des vols en provenance de Chine, et son interdiction de vol est actuellement fixée pour la plus longue période parmi les pays occidentaux, jusqu’au 28 avril, a-t-il dit.

« Cette mesure peut s’expliquer par la volonté du Premier ministre Giuseppe Conte et du ministre de la Santé Roberto Speranza de se présenter comme des alliés transatlantiques de confiance – ce qui en Italie est traditionnellement utile si quelqu’un veut faire une carrière politique », a déclaré M. Casarini.

Malgré ces premiers efforts pour contenir la maladie, l’Italie s’est depuis lors révélée être le pays le plus touché en dehors de la Chine, où l’épidémie a pris naissance. En février, on a découvert que le virus avait circulé sans avoir été détecté dans le nord de l’Italie. De là, le virus s’est propagé à l’ensemble du pays. L’Italie compte aujourd’hui plus de 12 000 infections et 800 décès, et le pays a été placé sous quarantaine.

Les liens entre l’Italie et la Chine

La décision de l’Italie de rejoindre la BRI en mars 2019 a suscité l’inquiétude des États-Unis et des alliés occidentaux.

Le projet BRI de Pékin, un projet d’investissement massif dans les infrastructures visant à relier l’Asie, l’Afrique et l’Europe par un réseau de chemins de fer, de ports et de routes, a été critiqué parce qu’il impose aux pays en développement des dettes trop lourdes à rembourser. Pendant ce temps, Washington s’inquiète du fait que le plan vise également à renforcer l’influence militaire de la Chine et à diffuser des technologies capables d’espionner l’Occident.

Le Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche avait alors averti l’Italie que l’approbation du la BRI « donne une légitimité à l’approche prédatrice de la Chine en matière d’investissement et n’apportera aucun bénéfice au peuple italien ».

La ministre allemande des Affaires étrangères Heiko Maas s’est fait l’écho de ce sentiment, en déclarant à l’époque que certains pays qui « pensent pouvoir faire des affaires intelligentes avec les Chinois, vont redescendre sur terre avec une bosse et se retrouveront dépendants de la Chine ».

L’Italie a défendu sa décision, le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio ayant déclaré le mois dernier que l’Italie avait adhéré à l’initiative pour des « raisons commerciales » et des « avantages économiques », a rapporté Bloomberg.

Mais selon les données compilées par la newsletter bihebdomadaire, RWR Belt and Road Monitor, qui suit les investissements chinois dans le cadre de l’initiative, l’Italie n’a pas attiré beaucoup de projets l’année dernière, à l’exception d’un accord entre Jetion Solar (China) Co. et Eni SpA pour investir environ 1,98 milliards d’euros et développer de nouveaux projets solaires.

Un projet chinois visant à développer le port de Trieste n’a pas non plus vu le jour, a déclaré Bloomberg.

Entre-temps, l’Italie a également continué à enregistrer un déficit commercial avec la Chine, qui s’élevait en janvier à 2,4 milliards d’euros, selon les données préliminaires publiées en février par l’agence statistique italienne Istat.

Depuis le début de la crise, les économistes s’attendent à ce que l’économie du pays, déjà en difficulté, entre en récession d’ici la fin du premier trimestre, les secteurs essentiels du tourisme et du luxe étant particulièrement touchés.

La pression des relations publiques du régime

Récemment, le régime de Pékin a fait don de fournitures médicales à l’Italie et a envoyé une équipe d’experts médicaux pour aider à mettre en place des mesures d’endiguement au niveau local.

Selon les analystes, ces mesures font partie d’une campagne menée par le régime pour se présenter comme un leader mondial dans les efforts de contrôle des maladies et détourner l’attention des critiques selon lesquelles sa dissimulation initiale de l’épidémie a permis au virus de se propager à l’étranger. Cette propagande « positive » comprend des déclarations récentes de responsables chinois suggérant que le virus n’est pas originaire de Chine et qu’il s’est simplement déclaré là-bas.

Nicola Casarini pensait qu’une fois la crise passée en Italie, le régime chinois « commencerait à verser de l’argent (par le biais d’investissements) en Italie, en particulier dans le nord industrialisé plus touché par l’épidémie », dans une tentative de dynamiser les relations bilatérales.

« À moyen et long terme, cependant, les relations entre Rome et Pékin continueront à connaître des hauts et des bas, en fonction non seulement de leurs liens bilatéraux, mais surtout de l’évolution des relations entre l’Italie et les États-Unis », a-t-il ajouté.

M. Casarini a suggéré que la façon dont l’Italie et les autres pays européens aborderont les relations avec le régime chinois à la suite de l’épidémie dépend de la façon dont « les politiciens et les médias présentent le cas ».

Il a déclaré que « si le blâme est porté sur la Chine et son régime qui a retenu des informations critiques au début de l’épidémie, permettant ainsi au virus de se répandre dans le monde entier », alors les pays européens sont susceptibles de durcir leur position envers le régime. Toutefois, si le discours du régime, qui consiste à « combattre ensemble l’ennemi commun », prend de l’ampleur, l’inverse pourrait se produire.

« Il est vrai que c’est assez remarquable à ce stade, mais cela pourrait effectivement se produire, surtout si la Chine commence à verser plus d’argent en Europe », a déclaré M. Casarini.

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