En nommant Hervé Renard au poste de sélectionneur des Bleues jusqu’en août 2024, la Fédération française a abattu jeudi la carte du charisme et de l’aura pour redresser l’équipe de France, un pari pour ce novice du football féminin.
A quatre mois du Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet – 20 août), la FFF a tranché à la dernière minute l’épineux dossier de la succession de Corinne Diacre, ancienne sélectionneuse débarquée le 9 mars sur fond de fronde en interne.
Engagé jusqu’aux Jeux olympiques de Paris-2024, Renard est en effet attendu dès vendredi (12h00) à Paris dans l’auditorium de la Fédération: il doit déjà annoncer sa première liste de joueuses pour affronter la Colombie et le Canada les 7 et 11 avril en amical de préparation à la Coupe du monde.
Les premiers choix de l’ex-sélectionneur de l’Arabie saoudite, qui n’a démissionné que mardi soir de ses fonctions après une défaite contre la Bolivie (2-1), seront particulièrement scrutés.
La capitaine Wendie Renard et l’attaquante vedette Kadidiatou Diani se seront-elles déjà rendues disponibles après leur mise en retrait ? D’anciennes bannies comme Eugénie Le Sommer pourraient-elles retrouver la sélection ?
En tout cas, ni la frondeuse Marie-Antoinette Katoto ni l’ex-capitaine Amandine Henry, en froid avec Diacre et privée de sélection depuis 2020, ne seront convoquées, car elles sont blessées.
La présentation de Hervé Renard sera aussi l’occasion pour les dirigeants de la FFF de justifier leur décision de se tourner vers ce profil certes emblématique, mais inconnu des bancs de D1 féminine.
A 54 ans, Renard est un visage plutôt réputé dans le football masculin, notamment en sélection (Zambie, Côte d’Ivoire, Maroc, Arabie saoudite), mais son historique est encore vierge à la tête d’une équipe féminine.
Pour l’ancien défenseur, double vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations adulé en Arabie saoudite depuis son exploit au Mondial-2022 contre l’Argentine (2-1), ce n’est clairement pas un choix financier, car Renard devra certainement drastiquement réduire son salaire.
Le technicien aux cheveux blonds bien coiffés et à l’indéboulonnable chemise blanche a pourtant donné sa priorité à la sélection tricolore, un retour au bercail pour ce globe-trotteur qui n’a jamais brillé en France, malgré quelques passages éclairs (Sochaux, Lille…).
Une chose est sûre, il coche la case « charisme » voulue par Jean-Michel Aulas, président de Lyon et membre le plus influent du comité exécutif de la FFF dans ce dossier.
Mais l’image de « play-boy » parfois renvoyée par le « Sorcier blond » et ses méthodes musclées – comme son discours mémorable à la mi-temps contre l’Argentine au Qatar – ne sont pas monnaie courante en D1 féminine, où évoluent la majorité des internationales françaises.
Après avoir quitté son poste à la tête de l’Arabie saoudite, Hervé Renard a été officiellement nommé sélectionneur de l’équipe de France féminine ce jeudi. Il succède à Corinne Diacre, débarquée le 9 mars dernier. https://t.co/Nwmzx0DPZn pic.twitter.com/FiRipyMrnC
— L’ÉQUIPE (@lequipe) March 30, 2023
Le 9e sélectionneur de l’histoire des Bleues devrait être aidé pour cette mission d’un staff plus rôdé que lui au quotidien du football féminin, un atout précieux tant dans la préparation physique que dans l’étude des adversaires.
La FFF n’a pas officialisé jeudi la composition du staff mais selon des sources proches du dossier, Eric Blahic, ex-adjoint de Diacre apprécié de plusieurs joueuses, en fera partie, de même que son adjoint de confiance Laurent Bonadéi, qui l’accompagnait en Arabie Saoudite.
Ce nouvel encadrement répondra-t-il aux « profonds changements » dans le « management » exigés par les frondeuses ?
Comme pour rappeler qu’elles n’auraient désormais plus de passe-droits, la FFF a déjà prévenu que « la manière utilisée par les joueuses pour exprimer leurs critiques n’était plus acceptable à l’avenir ».
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