Malgré le fiasco de la vente des droits TV de la Ligue 1, Vincent Labrune a été largement réélu pour un second mandat de quatre ans à la présidence de la Ligue de football professionnel (LFP), mardi à Paris.
Avec 85,67% des voix dès le premier tour, l’assemblée générale de la LFP a confirmé le vote du conseil d’administration (14 voix sur 17) en faveur de Vincent Labrune, maintenu jusqu’en 2028 à la tête du foot professionnel français, alors qu’il a traversé d’importantes secousses lors de son premier mandat, notamment dans sa dernière année, autour de la renégociation des droits TV.
« C’est un score non négligeable, bien supérieur à celui d’il y a quatre ans, qui montre que le football professionnel français s’est réunifié pour se remettre immédiatement au travail », a réagi Labrune en conférence de presse après son élection. « Les urnes ont parlé et nous en somme très satisfaits. »
Après avoir promis d’obtenir un milliard d’euros par saison, et vu son appel d’offres échouer, la LFP a dû ravaler ses ambitions et vendre les matches de L1 pour un total annuel de 500 millions d’euros environ à DAZN et beIN Sports.
Une baisse significative par rapport aux 624 millions d’euros négociés lors du précédent cycle et une catastrophe pour les finances de certains clubs français doublée d’une grogne des consommateurs, outrés du prix de 30 euros mensuels proposé par la plateforme britannique de streaming, revu à la baisse depuis.
Labrune a promis de réduire les dépenses de la LFP
Conscient de cet échec, Labrune a d’ores et déjà promis de réduire les dépenses de la LFP, souvent épinglée pour un train de vie important. « On doit diminuer nos frais de fonctionnement pour augmenter l’assiette de répartition de clubs. Dans ce cadre-là, celui qui doit donner l’exemple, c’est le président de la LFP qui lui aussi devra faire des gestes importants en termes de révisions à la baisse de sa rémunération », a-t-il assuré.
Labrune, 53 ans, en poste depuis septembre 2020, n’avait qu’un seul adversaire, lancé tardivement dans la bataille: Cyril Linette, 53 ans également, ancien directeur des Sports de Canal+, ancien directeur général de L’Équipe puis du PMU.
L’ex-président de l’Olympique de Marseille (2011-2016) était initialement promis à une réélection sans concurrence, mais la ministre démissionnaire des Sports Amélie Oudéa-Castéra a demandé à l’Union des acteurs du football (UAF) de revoir sa position et d’accorder à Cyril Linette son indispensable parrainage.
14 voix pour Labrune, 2 pour Linette et un vote blanc
Le vote du CA a été sans appel: 14 voix pour Labrune, 2 pour Linette et un vote blanc.
« C’est une victoire sans appel (pour Vincent Labrune), je suis forcément déçu et un peu sonné », a réagi Cyril Linette, qui « continue de penser que ce (que propose le président reconduit) n’est pas le bon modèle, que le football français doit revoir son produit, ses charges, sa relations aux fans, sa gouvernance et qu’il faut plutôt un vrai manager d’entreprise ».
Malgré les nombreuses tempêtes traversées en quatre ans – l’accord controversé avec CVC, un fonds d’investissement luxembourgeois, qui a apporté 1,5 milliard d’euros au football français, contre environ 13% de ses recettes commerciales à vie – et les non moins nombreuses critiques sur sa gestion du football français, Labrune, soutenu indéfectiblement par Nasser Al-Khelaïfi, l’influent président du Paris-SG, est parvenu à garder le soutien de la très grande majorité des présidents de clubs de Ligue 1 et quelques uns de Ligue 2.
Et ceux qui n’étaient plus en phase avec lui, comme le président de Lens, Joseph Oughourlian, ont préféré jeter l’éponge et ne pas se représenter au Conseil d’administration, laissant le champ libre à Labrune et ses partisans.
« La Ligue, les familles et les clubs ont décidé que Vincent Labrune reste président. C’est le meilleur président qu’on a. On va continuer à travailler ensemble pour changer les choses », a commenté Nasser Al-Khelaïfi.
« une mascarade » pour Jean-Michel Roussier
« Je n’ai qu’un mot à dire, c’est une mascarade », a lâché pour sa part Jean-Michel Roussier, patron du Havre, en opposition frontale avec Labrune.
De son côté, le syndicat des joueurs, l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), estime que « la réélection de Vincent Labrune doit s’accompagner des profondes réformes qui permettront au football professionnel français d’entrer dans une nouvelle ère », notamment avec « un vrai dialogue social » et une « nécessaire refonte du calendrier international ».
Labrune assure avoir entendu les critiques en énumérant les chantiers auxquels il va s’atteler « dès demain matin »: « renforcer le poids des clubs dans la gouvernance » et « accélérer le succès » de DAZN en « appuyant fort dans la lutte contre le piratage. »
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