Forte hausse des prénoms arabo-musulmans en France : « Nous sommes entrés dans un processus extrême »

1 mars 2019 13:14 Mis à jour: 1 mars 2019 13:14

Directeur du département opinion de l’Ifop, Jérôme Fourquet vient de publier un livre intitulé L’Archipel Français, aux éditions du Seuil. Un ouvrage rassemblant une foule de données et d’analyses qui rendent compte du « basculement civilisationnel » auquel la France fait face aujourd’hui.

Éclatement des références culturelles, déchristianisation, fossé toujours plus conséquent entre la France périphérique et les élites, essor du communautarisme et du multiculturalisme… autant de bouleversements abordés par Jérôme Fourquet dans L’Archipel Français.

« Nous sommes passés d’une société en silo à une société en millefeuille », souligne l’auteur dans les colonnes du Point.

« On est en train d’assister à un phénomène de fragmentation de la société mais aussi de basculement culturel et anthropologique avec l’arrivée, à terme, de nouvelles générations qui partageront un univers de valeurs, de mœurs et de vision du monde qui sera très éloigné de celui qui était porté par les générations qui les ont précédés », ajoute-t-il.

Un véritable « basculement civilisationnel »

Parmi les différents marqueurs qui témoignent du « processus extrême » de transformation de la société française identifiés par Jérôme Fourquet, figure notamment la forte hausse des prénoms arabo-musulmans.

S’appuyant sur les données de l’Insee, celles de l’Ined, ainsi que sur les listes électorales, l’auteur a retracé l’évolution des prénoms donnés depuis un siècle en France. Selon lui, 18 % des nourrissons de sexe masculin nés en 2016 portaient un prénom arabo-musulman.

« La trajectoire de cette courbe est des plus impressionnantes et montre de manière très nette l’une des principales métamorphoses qu’a connues la société française au cours des dernières décennies », écrit M. Fourquet.

« On note une quasi-absence des prénoms arabo-musulmans jusque dans les années 1950. Une montée timide s’observe de la fin des années 1950 jusqu’aux années 1970 avec l’arrivée des premières familles appelées à travailler dans l’industrie. La courbe dessine ensuite une phase de stabilité jusqu’au début des années 2000, période à partir de laquelle on remarque une nette progression. »

« […] Il y a un sentiment d’affirmation identitaire qui se développe. On arrive donc au chiffre spectaculaire de 18 % des naissances avec un prénom arabo-musulman. C’est un phénomène majeur », affirme le directeur du département opinion de l’Ifop.

« Les prénoms catholiques tendent à disparaître »

Il souligne cependant que la part des prénoms régionaux ou anglo-saxons (Kévin sera le prénom masculin le plus attribué entre 1989 et 1996) a aussi augmenté de façon significative parmi la population.

« Ce retour aux origines n’est pas l’apanage des seuls Français d’origine arabo-musulmane. Les prénoms hébraïques sont en hausse quasi continue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec un pic en 2011 », précise l’auteur. 

« Les prénoms bretons et corses sont également plébiscités. En Bretagne, les polémiques sur le tilde des prénoms prouvent ce retour aux prénoms régionaux. Même phénomène en Corse : la proportion des nouveau-nés portant un prénom corse en Corse à explosé entre 2004 et 2016, atteignant presque 20 % des naissances. […] Ainsi, les Ange, Toussaint ou Sauveur ont laissé place à Lisandru, Ghjulia », a-t-il ajouté.

En parallèle, les prénoms catholiques tendent à disparaître, notamment chez les filles. Alors que 20,5 % des petites filles nées en 1900 s’appelaient Marie, le prénom a désormais quasiment disparu des actes de naissance.

« La phase terminale de la chute sera actée par une proportion de Marie inférieure à 1 % au milieu des années 2000, le score résiduel de 0,3 % étant atteint en 2016 en dépit de l’appel lancé en 2011 par le pape Benoît XVI en direction des parents afin qu’ils optent pour un prénom chrétien et non pas pour des prénoms à la mode », conclut Jérôme Fourquet.

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