Des rafales à 160 km/h et des pluies violentes frappaient les Bermudes tôt vendredi, laissant des milliers de personnes sans électricité, alors que l’ouragan Fiona, après avoir semé la destruction dans les Caraïbes, a évité l’archipel de l’océan Atlantique.
Vers 06H00 (09H00 GMT), le cœur de l’ouragan se trouvait à quelque 250 km au nord-ouest du territoire britannique, selon Centre national des ouragans des Etats-Unis (NHC), qui a rétrogradé Fiona de la catégorie 4 à la catégorie 3 de Saffir-Simpson dans son dernier bulletin.
Plus de 7.000 personnes étaient privées d’électricité à l’aube
Pendant la nuit, le courant a été coupé par endroits et plus de 7.000 personnes étaient privées d’électricité à l’aube, selon les autorités, qui craignent des dégâts dans les zones côtières.
Les établissements scolaires sont fermés vendredi et le gouvernement a annoncé l’ouverture d’un centre d’hébergement d’urgence. La circulation des bus et des ferries est suspendue depuis jeudi soir.
Jeudi soir, face aux bourrasques et aux vagues de plus en plus puissantes, les habitants, après avoir rangé chaises longues et parasols et calfeutré les devantures des magasins suite à l’alerte à l’ouragan des autorités, s’étaient réfugiés chez eux à la tombée de la nuit.
« Cet ouragan va être pire que le précédent », redoutait Richard Hartley, propriétaire d’un commerce dans la capitale, Hamilton, tout en apposant des plaques de métal sur les fenêtres de sa boutique avec l’aide de son épouse.
Archipel de 64.000 habitants et 54 km2
Fiona, qui a finalement longé l’île en s’affaiblissant, peut provoquer des vents d’ouragan à plus de 100 km de son cœur et certains soufflent jusqu’à 210 km/h, selon le NHC.
Aux Bermudes, tout petit archipel de 64.000 habitants et 54 km2, le NHC avait prévu de fortes pluies, jusqu’à 100 mm, et « de grandes vagues destructrices ». On ignorait l’étendue des dégâts vendredi à l’aube.
Le territoire, situé à un millier de kilomètres des Etats-Unis et habitué aux ouragans, est l’un des lieux les plus isolés du monde, ce qui rend toute évacuation quasi impossible en cas d’urgence.
« On doit vivre avec parce qu’on habite ici », a expliqué JoeAnn Scott, qui travaille dans un commerce à Hamilton. Les habitants « tentent de le prendre comme ça vient. Et prient », a-t-elle ajouté.
L’île principale a pris les préparatifs au sérieux
Le long de la célèbre plage de Horseshoe Bay, certains ont profité jeudi des conditions exceptionnelles pour faire du kitesurf. « Ils sont un peu fous », estimait Gina Maughan, venue se dégourdir les jambes une dernière fois avant une longue nuit d’attente.
En raison de sa situation géographique, l’île principale a donc pris les préparatifs au sérieux.
Beaucoup des bateaux amarrés dans des clubs ont été retirés de l’eau cette semaine et le mobilier d’extérieur, dans les maisons comme dans les restaurants, a été mis à l’abri.
Le ministre de la Sécurité nationale Michael Weeks a appelé les habitants à rester chez eux jusqu’à ce qu’un feu vert leur soit donné. « S’il vous plaît, ne conduisez pas, ne vous aventurez pas dehors pour prendre des photos, n’ayez pas d’attitude imprudente », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse.
Les Bermudiens ont stocké de la nourriture, des bougies, et certains ont rempli des seaux avec l’eau de leurs réservoirs.
Des réservoirs pour stocker l’eau de pluie
L’île ne comptant pas de source d’eau douce, tous les bâtiments ont des réservoirs pour stocker l’eau de pluie, raccordés aux maisons par un système électrique. Les coupures de courant étant possibles pendant les tempêtes, les habitants remplissent souvent leurs baignoires ou des seaux en prévision.
Immeubles et maisons doivent en outre respecter ici des règles de construction strictes pour résister aux tempêtes.
« Les constructions sont vraiment faites pour durer, et nous ne voyons jamais la dévastation que les Caraïbes vivent au fil des ans », a dit l’épouse de M. Hartley, Elaine Murray.
Fiona a provoqué la mort de quatre personnes à Porto Rico, territoire américain, selon un responsable cité par les médias. Un décès a été rapporté en Guadeloupe (France) et deux en République dominicaine.
État d’urgence à Porto Rico
Le président américain Joe Biden a déclaré l’état d’urgence à Porto Rico, qui se remet à peine du passage de l’ouragan Maria il y a cinq ans.
La Fema, l’agence fédérale américaine de gestion des catastrophes naturelles, compte envoyer des centaines de membres supplémentaires de son personnel à Porto Rico, qui a subi coupures massives de courant, glissements de terrain et inondations.
« Cela me fend le cœur », a réagi jeudi la cheffe de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi.
En République dominicaine, le président Luis Abinader a déclaré l’état de catastrophe naturelle dans trois provinces de l’Est.
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