EUROPE

France, Allemagne, Italie et Pologne s’associent pour développer des capacités de frappe longue portée

juillet 12, 2024 10:35, Last Updated: juillet 12, 2024 10:38
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La France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne ont signé jeudi lors du sommet de l’Otan à Washington une lettre d’intention portant sur le développement et la production de capacités dans le domaine des frappes de longue portée, alors que l’Allemagne va accueillir des missiles américains longue portée.

La lettre, signée par les ministres de la Défense des quatre pays, ouvre la voie à des « coopérations visant à renforcer nos capacités militaires ainsi que la base industrielle et de défense européenne », a indiqué le ministère français de la Défense.

« Amortir les différents coûts »

D’autres partenaires pourront être « amenés à rejoindre l’initiative, qui pourra également s’appuyer sur des financements européens », a-t-il encore précisé.

« Cela a de la valeur y compris sur le terrain budgétaire parce que ça permet d’amortir les différents coûts, l’idée étant d’ouvrir (cette initiative) le plus largement possible », a déclaré le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, avant de rejoindre son homologue britannique David Lammy.

Côté français, « nous avons déjà un programme mer-sol MDCN » qui peut permettre derrière d’avoir une « technologie qui pourrait se transformer en sol-sol », a-t-il ajouté. Le missile de croisière naval (MDCN) fait partie des missiles de croisière utilisés par l’Armée française. Son développement par la société MBDA a commencé en 2006.

« Cela garantit la paix »

Le chancelier allemand Scholz a défendu jeudi la décision de déployer ponctuellement des missiles américains longue portée en Allemagne face aux craintes naissantes d’une nouvelle course aux armements dans un pays très marqué par la Guerre froide. « Cela s’inscrit dans la dissuasion et cela garantit la paix, c’est une décision nécessaire et importante, prise au bon moment », a déclaré le dirigeant allemand, Olaf Scholz, en marge d’un sommet de l’Otan à Washington.

La Maison Blanche a annoncé mercredi que les États-Unis allaient déployer de façon ponctuelle, à partir de 2026, des nouveaux armements en Allemagne, permettant des frappes plus lointaines que les systèmes américains actuellement positionnés en Europe. Concrètement, il s’agira notamment de missiles SM-6 – des missiles sol-air multiusages à très longue portée – , de missiles Tomahawk ainsi que des missiles hypersoniques en voie de développement.

Dans un entretien à la radio publique allemande, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius s’est félicité de ce déploiement, qui comble un « très grave manque » dans les capacités du pays. L’armée allemande ne dispose pas de missiles à longue portée pouvant être tirés depuis le sol, seulement de missiles de croisière pouvant être lancés par des avions. Selon M. Pistorius, ces missiles américains longue portée déployés sont une solution temporaire, jusqu’à ce que l’Allemagne ait développé ses propres capacités. Cela « va nous donner le temps dont nous avons besoin », a estimé le ministre social-démocrate, à l’unisson du chancelier Scholz.

Néanmoins, l’annonce de cet accord entre Washington et Berlin a suscité de vives craintes dans un pays divisé pendant la Guerre froide, où les blocs américain et communiste se faisaient face, avec des troupes stationnées des deux côtés. Les critiques viennent y compris de l’aile gauche du propre parti social-démocrate (SPD) du chancelier. Le député Ralf Stegner a jugé que « tout cela va conduire au réarmement », dans une interview au groupe de presse Funke. Et d’ajouter : « Le monde va devenir plus dangereux. » La coprésidente du nouveau parti populiste de gauche radicale allemand, Sahra Wagenknecht, qui a grandi en RDA communiste, a estimé de son côté que cette décision « allait augmenter le risque pour l’Allemagne de devenir le théâtre de la guerre ».

Retour « vers la Guerre froide »

La Russie a condamné de son côté cette décision, signe selon elle d’un retour « vers la Guerre froide ». « Tous les attributs de la Guerre froide reviennent, avec une confrontation, avec un affrontement direct », a affirmé à la télévision publique le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le Kremlin a réagi jeudi en déclarant qu’il prévoyait des « mesures de riposte » pour contenir la « menace très sérieuse » de l’Otan.

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