D’après une enquête de L’Oeil du 20 heures de France 2, des centaines de tonnes de déchets venant de Belgique ont été déversés à la frontière française. Des décharges sauvages qui polluent de nombreux hectares de Lorraine et qui cachent un trafic illégal organisé.
C’est une histoire complexe où tous les acteurs, fautifs ou non, se renvoient la balle. Peu avant le confinement, dans la campagne en Meurthe-et-Moselle (Lorraine), des centaines de tonnes de déchets ont été déversées illégalement : 500 tonnes à Haucourt-Moulaine, 200 tonnes à Rédange, 80 tonnes à Hayange. Au total, près d’une dizaine de villages lorrains ont été souillés par des déchets en tous genres.
Pour découvrir qui en était responsable, L’Oeil du 20 heures a mené une enquête, les amenant au contact des riverains de Rédange, qui ont également mené la leur, relate Francetvinfo. Ces derniers ont découvert que ces déchets provenaient d’une même zone en Belgique : la province d’Anvers, dans les alentours de Brecht.
ENQUÊTE FRANCE 2.
Des centaines de tonnes de déchets belges déversés à la frontière françaisehttps://t.co/UoWonzn3BY pic.twitter.com/WIeiOO9upR
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Attentifs, les riverains ont réussi à prendre des photos de plusieurs camions menant à des transporteurs différents, mais tous immatriculés en Belgique. L’un d’eux, contacté par téléphone, a reconnu avoir déversé une vingtaine de remorques aux emplacements indiqués par son client, totalisant près de 200 tonnes de déchets. Cependant, il a également affirmé avoir été trompé : « Nous nous considérons comme victimes au même titre que les communes qui ont été touchées. Nous avons déposé une plainte au tribunal des entreprises de Bruxelles. »
Concernant son client, il s’agit du gérant d’une des plus grandes déchetteries de Belgique. Ayant trouvé le lieu d’origine de ces ordures, la déchetterie a été contactée. Au téléphone, le gérant explique avoir trouvé un centre de tri en France, la filière Eco Déchets, pour se débarrasser des déchets qu’il ne peut traiter sur place.
Pensant avoir envoyé ses cargaisons vers Eco Déchets, le gérant, étonné par la situation, se place également comme victime : « Nous avons payé 108 euros la tonne pour nous débarrasser de ces déchets. Ils nous ont dit qu’ils comptaient en recycler une partie et que le reste irait dans différents endroits en France. »
Problème, chez Eco Déchets, dont le siège social se trouve à Lyon, comme indiqué sur les bons de livraison, le directeur de l’entreprise tombe des nues. En effet, après que l’équipe d’investigation lui a montré un des bons de livraisons, celui-ci a déclaré : « C’est un faux ! Ça ressemble à notre logo, mais voyez-vous, sur le tampon il manque des chiffres au numéro SIRET. C’est inadmissible, c’est inacceptable, je vais porter plainte parce que c’est une usurpation d’identité. »
Continuant l’enquête, l’équipe s’est alors tournée vers un intermédiaire ayant mis en relation tous ces acteurs.
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— Hélène Galle (@helenegalle) June 25, 2020
Cet intermédiaire, payé par la déchetterie de Belgique pour récupérer les déchets, confiait les cargaisons à des transporteurs censés les déposer dans des centres de tri en France. Après une enquête des polices françaises et belges, l’homme a été retrouvé et a démenti avoir falsifié les bons de livraison.
Se qualifiant à son tour de victime d’un autre intermédiaire, dont il a refusé de révéler l’identité aux enquêteurs, il a déclaré : « Il y a eu quelqu’un sur place, je donnerai les noms à la justice. » Quant à savoir s’il ignorait que les déchets étaient déversés de manière sauvage, il a répondu : « Oui, jusqu’au mois dernier quand la police municipale m’a contacté en me disant que les chauffeurs ont fait des dépôts sauvages. » L’homme a également reconnu que le transport de déchets belges vers la France lui avait rapporté « entre 200 et 220 000 euros ».
Aux termes de ce cheminement, le parquet de Lille a décidé d’ouvrir une enquête pour escroquerie en bande organisée et association de malfaiteurs. Du côté de la Belgique, une autre enquête est également en cours. Mais pendant ce temps, en Lorraine, les déchets belges continuent de polluer l’environnement.
Note de l’éditeur: cet article a été corrigé le 30 juin suite à des nouveaux éléments.
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