L’actrice française Anémone, vedette populaire de nombreuses comédies des années 80 et citoyenne engagée, est décédée mardi à 68 ans d’« une longue maladie », moins de deux ans après avoir mis fin à sa carrière menée au théâtre comme au cinéma.
« Anne Bourguignon, dite Anémone, s’est éteinte au petit matin du 30 avril des suites d’une longue maladie », a déclaré à l’AFP son agent. Malade depuis quelques années, elle avait pris du recul. Issue d’un milieu bourgeois son père était médecin, Anémone avait toujours voulu être actrice, confiait-elle au quotidien le Monde en 2017. « Je prenais des cours de danse à la Schola Cantorum, à Paris, j’ai repéré un cours de théâtre juste à côté, et puis voilà. J’ai traîné aux terrasses des bistrots, et j’ai rencontré des artistes », expliquait-elle.
En 1966, âgée de 16 ans, elle joue dans le film Anémone de Philippe Garrel, dont elle tirera son nom de scène. Elle tourne dans plusieurs longs-métrages (« Un éléphant, ça trompe énormément » de Yves Robert ou « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » de Coluche), tout en jouant au café-théâtre avec la groupe du Splendid.
« C’est fin, très fin, ça se mange sans faim ». « Oh une serpillière, c’est formidable Thérèse, je suis ravi … Non Pierre c’est un gilet »: ces répliques du père Noël est une ordure sont devenues cultes, comme son personnage de Thérèse, une bénévole un peu coincée pour « S.O.S. Détresse-Amitié ».
La pièce de théâtre à succès est adaptée au cinéma en 1982 et Anémone, avec ses cheveux bruns ondulés, devient un visage connu. Elle ne gardera pas que des bons souvenirs de cette époque et disait s’être fâchée avec la troupe du Splendid pour des histoires d’argent. Une fâcherie « définitive », avait-elle dit au Monde. « Je garde le souvenir d’une grande actrice avec qui nous avons partagé de grands moments de jeux et des fous rires exceptionnels », a réagi Christian Clavier auprès de l’AFP, qui dit sa « grande tristesse ».
« Je ne savais pas qu’elle était malade, mais Anémone n’était pas quelqu’un qui se répandait sur sa vie privée », a confié Josiane Balasko à l’AFP, qui évoque une « excentrique du cinéma », « une grande actrice, qui au fond a peu tourné ». Anémone enchaîne les rôles dans des comédies à succès dans les années 1980, comme « Viens chez moi, j’habite chez une copine » et « Ma femme s’appelle reviens » de Patrice Leconte ou « Pour cent briques t’as plus rien » d’Edouard Molinaro.
« Je travaillais comme une brute avec deux enfants en bas âge, j’avais l’impression qu’on m’avait mise dans un mixer avec le bouton positionné au max », se souvenait-elle dans une interview à Libération. « Elle a fait des choses magnifiques après, elle a fait ‘Le grand chemin' », dans un rôle plus sensible qui lui vaut le César de la meilleure actrice en 1988, a réagi Michel Blanc sur RTL. « Elle avait cette puissance comique, en même temps elle était très belle, très séduisante et très folle, elle a toujours été très folle », a décrit l’acteur.
Elle continue à beaucoup tourner jusqu’en 2018 avec « La monnaie de leur pièce » d’Anne Le Ny, son dernier long-métrage. Elle apparaît dans quelques téléfilms et joue régulièrement au théâtre. Ses autres passions sont la lecture et l’environnement. Elle disait avoir été sensibilisée par son frère, l’agronome Claude Bourguignon. Elle a été la porte-parole de l’association alter-mondialiste Attac en 2002.
Lors d’interviews accordées pour sa dernière pièce « Les nœuds au mouchoir » en 2017, elle exprimait son amertume par rapport à l’évolution du métier de comédienne, regrettant que « le fric (se soit) emparé de tout, partout! » « J’avais décidé d’être artiste, pas vendeuse de films ni de pièces de théâtre », lâchait-elle au Parisien. Celle qui avait avoué regretter d’avoir eu deux enfants, un fils et une fille, se montrait très pessimiste concernant l’avenir de la planète. « C’est trop tard. »
D.C avec AFP
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