Et si les chiens devenaient des « alliés » dans la traque du virus ? D’habitude, Eliot piste des malfaiteurs ou des personnes disparues mais, depuis un mois, ce malinois s’entraîne aussi à détecter le Covid dans la sueur humaine, dans le cadre d’une étude dans le Sud-Ouest de la France.
L’objectif est d’apporter une « solution complémentaire » à l’heure où « on a besoin d’une offre de dépistage élargie, rapide et non invasive », souligne Thierry Pistone, infectiologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bordeaux, qui s’est associé avec Ceva santé animale, 1er laboratoire vétérinaire français (5e mondial) dans ce projet présenté vendredi à la presse.
S’entraînent depuis le 4 janvier à ce nouveau jeu
Comme Eliot, le labrador Marvel et trois autres bergers malinois et allemand, tous membres de brigades canines de la gendarmerie et des sapeurs-pompiers, s’entraînent depuis le 4 janvier à Libourne, près de Bordeaux, à leur nouveau « jeu » : repérer des compresses de transpiration prélevée pendant 10 minutes sous les aisselles de personnes positives au Covid-19, en début d’infection.
Et si la truffe d’un chien était plus efficace qu’un test PCR pour détecter le virus de la #COVID19 chez l’humain ? Retour sur ces expériences canines qui ne manquent pas de flair ! Avec @askolovitchC @XavierMauduit @28minutes @dgrandjean @handichienscom pic.twitter.com/WrHPFDwl9f
— François Saltiel (@fsaltiel) January 27, 2021
C’est ainsi que chaque jour ou presque, des échantillons de sueur arrivent du CHU pour être présentés à la truffe des chiens dressés au centre de formation installé par Ceva sur son siège de Libourne. « Ils détectent des matières organiques de dégradation issues de l’infection », dénuées d’expression virale, précise Dr Pierre-Marie Borne, référent chez Ceva.
Au signal « Au cone! », les chiens se mettent au travail. Après Eskiss, spécialiste de la détection de « stups », armes et munitions, le malinois Eliot plonge à son tour le museau dans une rangée de cônes en métal.
Le chien marque un arrêt
Soudain, il marque devant deux de ces entonnoirs, la queue remuante: à l’intérieur, se trouvent deux échantillons distincts de sueur prélevée sur des patients positifs. « C’est bien ! », félicite son maître avant de lui présenter en récompense une friandise et son jouet préféré. Il y a encore quelques jours, ce chien de piste-défense de la gendarmerie était lancé sur les traces d’une personne disparue.
Baptisé Cynocov, ce projet, soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine, s’appuie sur la méthode Nosaïs-Covid19 développée par le Pr Dominique Grandjean de l’Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort (près de Paris), qui vient enrichir l’immense « bibliothèque olfactive » du chien, déjà utilisé pour la détection de certains cancers.
Des chiens renifleurs de Covid à l’entrée des salles de sport et de spectacle pour pouvoir accueillir à nouveau du public ? https://t.co/gY5EhhnHlh via @lindependant
— Mazu Eliane (@ElianeMazu) January 25, 2021
« En moyenne, les chiens arrivent à détecter 95% des cas positifs au Covid-19 », dit le Pr Grandjean. Cette méthode est notamment testée en Corse, île française de Méditerranée, et selon les porteurs du projet, « 40 pays travaillent sur le sujet ».
Huit semaines de formation
Après six à huit semaines de formation à raison de quatre matinées par semaine, l’aptitude des chiens devra encore être démontrée au cours d’une étude clinique au CHU avant un éventuel déploiement de l’outil.
Objectif: mettre à l’épreuve leur performance sur différents types de prélèvements renvoyant à différents terrains de la maladie, soit leur capacité à appréhender des formes graves ou non graves, les sujets contagieux ou moins contagieux, symptomatiques et asymptomatiques, mais aussi ceux infectés par un variant.
Faire de la présélection
En cas de succès, « l’outil sera principalement utilisé pour faire de la présélection » de personnes suspectes afin de « cibler les besoins en dépistage de confirmation » par le test de référence nasopharyngé RT-PCR, explique Dr Pierre-Marie Borne, chez Ceva.
« Quand on sait qu’il va falloir faire bientôt du dépistage de personnes a priori asymptomatiques dans toutes sortes d’espaces – écoles, Ehpad, aéroports, ce type d’outils qui offre au moins un critère de suspicion fort, va permettre en terme d’acceptabilité et de réactivité de faciliter ce processus », estime Pr Denis Malvy, chef du service maladies infectieuses et tropicales au CHU.
Pour le professeur, également membre du conseil scientifique, ces chiens sont « presque nos alliés dans la production d’un outil de dépistage qui aura », espère-t-il, « sa place dans la nécessité de gérer cette urgence sanitaire ».
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