France : excursion dans le Sud-Ouest

7 juin 2017 03:18 Mis à jour: 30 août 2018 19:03

Invitation à une excursion vagabonde à la découverte de villages perchés, de bastides, de villes riveraines, dans des écrins de pierre, de terre et de lumière autour des méandres de la Dordogne, du Lot, de l’Aveyron et du Tarn. Sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, route des bastides, route des vins ou même route de la noix, à chacun de trouver son itinéraire dans un terroir dense de richesses patrimoniales.

Secret et sauvage, le terroir du Sud-Ouest que couvre le Quercy, avec ses causses et ses vallées serpentines, avec ses routes en lacets qui ne semblent mener nulle part, avec ses petites exploitations, avec ses grottes préhistoriques, ses églises et ses châteaux; ce terroir où nature et patrimoine s’accordent à l’unisson offre une rare douceur de vivre qui a un parfum d’éternité. À découvrir, entre autres, en suivant le tracé des rivières qui l’arrosent.

Au-dessus du Tarn, le pont canal du Cacor, avec ses 356 mètres, est l’un des plus longs ponts de France. C’est aussi l’occasion d’une promenade agréable à vélo ou à pied.
(Charles Mahaux)

Au fil de l’eau : la Dordogne, le Lot, la Célé, l’Aveyron, le Tarn

Dans sa vallée lotoise, la Dordogne recueille les eaux de la Bave qui surgit dans la reculée d’Autoire, un minuscule village ramassé au pied de son cirque de falaises. Quand on le découvre du haut de la crête, il émerge avec sa collection de toitures et de tourelles tapissées de tuiles sombres patinées. Autant de nobles gentilhommières qui s’enroulent autour d’une église romane aux lignes très pures et racontent toute une douceur de vivre. La rivière creuse ensuite son lit dans les calcaires du causse sous le regard de Loubressac, un village fortifié aux escaliers éparpillés dans des venelles sinueuses qui grimpent vers un belvédère perché au-dessus de la vallée, embrassant les vastes panoramas de la Dordogne. Après avoir traversé l’immense cirque de Floirac où elle arrose les terres rayonnantes de la florissante ville marchande de Martel, elle s’invite enfin en pays périgourdin.

Entre Puy-l’Évêque et Figeac, le Lot dessine un sillon de vie, celui des hommes qui ont apprivoisé ses rives entre falaises abruptes et terres alluviales au fil de méandres sinueux. Peintures rupestres, abbayes, châteaux, cités médiévales, autant de trésors à découvrir en épousant le rythme lent du bateau de plaisance ou en suivant la route qui épouse le cours capricieux de la rivière. Enfermée dans une large boucle du Lot, la ville de Cahors ménage ses secrets, il faut prendre le temps de l’apprivoiser. Pour mieux la cerner, autant grimper jusqu’au point de vue du mont Saint-Cyr qui offre une vue panoramique sur la cité, révélant ainsi son découpage historique entre la vieille ville médiévale et la nouvelle néo-classique avec, à l’arrière-plan, la silhouette imposante du pont Valentré, un remarquable pont fortifié posé sur sept arches.

Figeac est vraiment la cité de Champollion. Il y est né et la ville est fière de son héros dont le nom illustre de nombreux sites divers : musée, place, librairie, lycée, etc.(Charles Mahaux)

Juché à plus de cent mètres au-dessus de la rivière, Saint-Cirq-Lapopie apparaît au détour d’un coude du Lot, agrippé sur son rocher et déroulant le long de la crête ses toits de tuiles plates rouges. Château en ruines, robuste clocher-porte de l’église battu par les vents, jardins suspendus du musée Rignault et ruelles étroites et pentues qui ouvrent sur un florilège de maisons médiévales à pans de bois abritant des échoppes, mais aussi des ateliers d’artistes qui ont découvert avec André Breton le charme surréaliste du bourg castral, Saint-Cirq-Lapopie est aujourd’hui une merveille architecturale sertie dans un impressionnant écrin végétal qui en rehausse toute la beauté.

L’abbaye bénédictine de Figeac s’établit au IXe siècle dans une cuvette riante au bord du Célé. Étape sur le chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle, la cité devint aussi le creuset d’un puissant commerce qui en fit une ville opulente avec l’épanouissement d’une aristocratie seigneuriale qui au fil des siècles va édifier les nombreux hôtels particuliers qui longent les places et les ruelles. Une importante restauration à l’identique des monuments entreprise dès 1970 a complètement revalorisé huit siècles d’architecture à déchiffrer au gré des venelles et des quartiers. Décrypter dans les murs, cette graphie n’est pas un vain mot dans cette ville qui a vu naître Champollion à qui elle a dédié un incroyable musée. Même la spectaculaire façade aux mille lettres est à l’image du voyage qui emporte le visiteur d’un continent à l’autre sur cinq millénaires d’écritures diverses.

Accroché sur une falaise à 100 mètres au-dessus du Lot, St-Cirq Lapopie, un des plus beaux villages de France, constitue un des sites incontournables sur la vallée du Lot.
(Charles Mahaux)

La vallée du Célé offre un autre itinéraire plus farouche avec une route étroite en corniche ou au bord de la rivière noyée sous un couvert de chênes rabougris et de châtaigniers. Des hameaux épousent les falaises verticales grises et dorées, creusées de nombreuses grottes, accrochant les maisons sur des surplombs et n’hésitant pas à s’enfoncer dans la pierre pour créer des bâtisses partiellement troglodytiques. Des chemins en corniche souvent inaccessibles aux véhicules serpentent dans les bourgs, entre maisonnettes et abris sous roche, chaumières et fontaines. Le village de Marcilhac-sur-Célé profite d’une rive alluviale pour se pelotonner autour des ruines impressionnantes de son abbaye Saint-Pierre, presque entièrement à ciel ouvert, une ouverture béante sur la violence des guerres de jadis.

Au débouché des gorges de l’Aveyron, les châteaux de Bruniquel découpent leurs silhouettes fortifiées au sommet d’un promontoire de 80 mètres qui domine un village étagé de vieilles maisons de pierres, corsetées de bois. Soudain, le paysage devient vertical, les gorges creusent le causse dans une succession de parois abruptes avec, au bord de la rivière, d’étroites bandes de terres verdoyantes où s’accrochent de rares villages. Sur une trentaine de kilomètres, le canyon multiplie les détours et les curiosités naturelles et artificielles : grottes, cascades, viaduc suspendu, vestiges du château de Penne… Les gorges s’évasent au niveau de la petite cité médiévale de Saint-Antonin-Noble-Val, jadis peuplée de riches marchands de draps, de fourrures et de cuirs. Moulins à huile de noix et tanneries firent la richesse de la ville qui a conservé un patrimoine architectural remarquable dont une étonnante maison de l’Amour.

Depuis le point de vue de Crayssac s’ouvre un extraordinaire panorama sur les vignobles de Cahors bordés par le cours sinueux du Lot.(Charles Mahaux)Cahors vineyard

Lovée dans une anse du Tarn, à la confluence de la Garonne, Moissac fut jadis la tête de pont du trafic fluvial vers l’Atlantique. Ville monastique établie sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, elle est une étape incontournable pour les pèlerins, édifiés par la découverte de l’Apocalypse selon saint Jean sculptée sur le tympan du portail du clocher-porche de l’église abbatiale Saint-Pierre ou encore par les bas-reliefs des piliers du cloître et les 76 chapiteaux qui tous racontent une scène de la Bible ou de la vie des saints. Aujourd’hui, Moissac est une riante cité dont les quelque 8000 hectares de plaines alluviales sont autant de vergers : reines-claudes, pommes, cerises, melons, mais aussi le raisin doré Chasselas, premier fruit à avoir gagné une AOC en 1971 déjà. Ici on ne vendange pas, on cueille les grappes. Avec la création du canal des Deux-Mers qui relie l’Atlantique à la Méditerranée, Moissac n’accueille plus que la batellerie de plaisance qui trouve ici une étape divine.

Infos complémentaires

www.tourisme-midi-pyrénées.com, www.tourisme-aveyron.com, www.tourisme-lot.com/fr, www.tourisme-tarn.com/fr, www.tourisme-tarnetgaronne.fr

La route des maisons d’hôtes 

Le Sud-Ouest offre une qualité de vie au quotidien qui a séduit de nombreux étrangers qui ont tout quitté pour restaurer une demeure quercynoise et la transformer en maison d’hôtes assortie d’une table d’hôtes bien agréable. Après le www.hotellevert.com, à découvrir aussi www.pechgrand.com dans la vallée de la Dordogne et www.lecouventdeneuviale.fr un internat rustique réhabilité en chambres d’hôtes de charme en Tarn-et-Garonne. À Moissac, le Lodge de la Madeleine est un véritable havre de paix entre vergers et nature. À Figeac, www.chambres-hotes-figeac.com tenue par un Parisien et son épouse corse offre une immersion dans une belle maison médiévale. Insolite, www.chambresdhoteatypique.com, sur les hauteurs de Cabrerets dans la vallée du Célé, offre des chambres imaginées et construites par le propriétaire architecte qui a laissé aller son imagination.

La table

On est ici au cœur de la France gourmande avec de nombreuses spécialités à déguster même au cœur de la campagne. À retenir, le bistrot de Michel Bras à Rodez, au musée Soulages www.cafebras.fr avec un menu du jour étoilé, ou encore la terrasse ensoleillée du Florentin, Le Florintin–le bistro gourmand, une cuisine de qualité avec une vue imprenable sur la belle abbatiale de Moissac.

Surnommée la ville aux sept tours, Martel est une charmante bourgade riche en demeures historiques, remparts et venelles classés. (Charles Mahaux)
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