Face à la maladie du Covid-19, la faible population de la Lozère (sud), dispersée dans les montagnes du département le moins peuplé de France métropolitaine, s’est révélée une force malgré un pourcentage élevé – près de 30% – de personnes de plus de 60 ans.
Officiellement, la Lozère est l’un des deux seuls départements français, avec le Cantal voisin, à n’avoir enregistré aucun décès dû au nouveau coronavirus, selon les agences régionales de santé. En France, l’épidémie a fait plus de 20.000 morts.
Deux décès dans deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) pourraient être liés au coronavirus mais les personnes concernées n’ont pas été testées et n’entrent donc pas dans les statistiques.
Deux départements préservés en France
La Lozère ce département français de 77.000 habitants aurait-il trouvé une méthode miracle pour se préserver?
« On nous fait une publicité qui peut être trompeuse », souligne auprès de l’AFP le seul député de Lozère, Pierre Morel-A-L’Huissier.
« Il n’y a pas eu une virologie importante dans ce département, tout simplement parce qu’on est à 15 habitants au km2 donc une population excessivement dispersée », poursuit-il.
A Paris, 20.000 habitants vivent en moyenne sur un kilomètre carré, une densité plus importante que certaines métropoles asiatiques. La région parisienne a été particulièrement touchée par l’épidémie et les hôpitaux y sont arrivés à saturation en raison de l’afflux de malades.
Maisons de retraite ou foyers pour handicapés à taille humaine
Si la population est âgée en Lozère, parmi la trentaine de maisons de retraite dans cette zone ou les foyers pour handicapés, aucun n’a pour le moment été touché par un phénomène massif et meurtrier de contagion. Notamment, selon M. Morel-A-L’Huissier, parce qu’en Lozère, ces structures sont « à taille humaine – de 40 à 60 lits – et à but non lucratif ».
« C’est un territoire où les personnes âgées sont en grand nombre et la vie sociale prend déjà cette donnée en compte », relève le colonel Philippe Trinckquel, commandant le groupement de gendarmerie de Lozère.
A Sainte-Croix-Vallée-Française, village de quelque 300 habitants situé à 65 km au sud de la ville de Mende, le principal souci du maire, Jean Hannart, a été d’obtenir quelques heures d’ouverture du bureau de poste, fermé unilatéralement depuis le début du confinement.
« Beaucoup de mes concitoyens dépendent des minima sociaux et ne touchaient plus rien pour leurs dépenses courantes », explique le maire de ce village s’étirant de part et d’autre de la rivière du Gardon, en contrebas d’une église romane du XIème siècle.
Deux épiceries dont une bio se sont organisées pour ouvrir le matin et livrer dans l’après-midi des personnes âgées et isolées.
Mais devant l’allongement des files d’attentes devant les deux boutiques de 40m2, le maire va également à nouveau autoriser un marché, dans la cour de l’école, afin de respecter des mesures barrière.
« La population lozérienne n’est pas difficile à gérer: elle est plutôt dans le respect de la règle et c’est ce qu’on a observé depuis le confinement », relève le colonel Trinckquel.
L’autoroute menant en Lozère depuis la ville de Montpellier est quasi déserte. Dans le centre de Mende, le chef-lieu, peu de personnes circulent aux alentours de l’imposante cathédrale, restée ouverte.
On croise des randonneurs solitaires
Sur la route tortueuse menant vers Florac (35 km au sud de Mende), on croise des randonneurs solitaires, des agriculteurs et toujours d’énormes camions d’exploitation forestière se comportant plus que jamais en maîtres des chaussées.
Dans ce département profondément rural, « on ne fait pas la chasse à la personne qui a une forêt derrière chez elle et qui du coup irait un peu plus loin que le kilomètre prévu sans mettre en danger personne », précise le colonel Trinckquel.
Les Lozériens ont également obtenu récemment le droit de se rendre seul à leur potager, même s’il se trouve à plusieurs kilomètres de leur domicile.
Et M. Morel-A-L’Huissier, député de la Lozère depuis 18 ans, profite du confinement pour vivre trois heures par jour une expérience nouvelle: « Je prends la fourche, nourris les vaches et apprends la réalité du travail agricole avec un jeune faible population de lavoisin ».
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