Le vélo bien arrimé à l’arrière du télésiège, le jeune homme se précipite pour gagner les cimes : en été, les remontées mécaniques des Alpes françaises charrient leur flot d’adeptes du VTT alpin, une activité devenue importante pour l’économie de plusieurs stations.
« C’est le même concept que le ski : on vient avec des copains ; on est sur les pistes de 9h00 à midi et de 14h00 à 16h30 et ensuite c’est l’apéro », raconte aux Deux-Alpes (centre-est) Nicolas Riemenschneider, 19 ans, casque intégral à la main et le corps bardé de coques de protection.
L’étudiant en marketing, fou de vélo depuis l’enfance, a découvert le « DH » (« downhill » en anglais ou VTT de descente en montagne) grâce à deux amis avec qui il fait la tournée des stations qui proposent un « gros domaine ».
Dans ces montagnes abruptes, la station des Deux-Alpes a développé un réseau de près de 100 kilomètres de pistes dédiées au VTT alpin, de la verte pour débutants à la noire pour les experts.
Le code couleur est repris du ski, et ce sont d’ailleurs les pisteurs-secouristes de l’hiver qui endossent l’uniforme des « Bike Patrols » (patrouilleurs VTT) l’été.
Chaque jour, ils sillonnent les pistes pour redessiner une courbe entamée par les freinages, enlever un rocher charrié par l’orage de la veille. Ou déplacer « un fil à vache, là, au milieu de la piste », grommelle Sébastien Lloret, l’un des sept patrouilleurs de la station.
« Le berger nous fait le coup chaque année », ajoute le saisonnier, en installant un passage canadien, franchissable par les vélos mais pas par les bêtes.
Car la montagne a aussi ses conflits d’usage et certains anciens voient d’un œil courroucé les pâturages des moutons devenir le terrain de jeu des vététistes.
Pourtant, cette faune-là a tendance à se multiplier. Près de 90 des 130 stations qui disposent d’un télésiège ou d’une télécabine déclarent transporter des VTT. Et dans la région, les licenciés en VTT de descente sont neuf fois plus nombreux qu’il y a dix ans.
Le VTT, un vrai business
Aux Deux Alpes, ce pari gagnant a été lancé il y a une vingtaine d’années, pour rentabiliser les installations au-delà de l’hiver, raconte Gilles Vanheule, directeur de l’Office de tourisme.
Il y a 18 ans, « Moutain of Hell » était créée : une descente longue de 25 km partant du glacier à 3 400 mètres d’altitude pour finir au village de Vénosc, 2 500 m plus bas. Cette année, 700 concurrents ont tenté cette « course de l’enfer », devenue une référence dans le milieu. Les plus aguerris l’ont bouclée en 33 minutes…
« D’abord produit d’appel, le VTT est devenu un vrai business », se réjouit M. Vanheule. « Les loueurs se sont lancés et se spécialisent aussi, comme les moniteurs, qualifiés +MCF+ (moniteurs cyclistes français) », sur le modèle des moniteurs de l’Ecole du ski français (ESF).
Pour Pascal Espitallier, qui possède trois magasins et emploie sept mécaniciens, l’été représentait auparavant 10% de son chiffre d’affaires « mais le vélo est en train de changer la donne ». « Maintenant, mon CA estival, c’est 25% de l’annuel », et ce, grâce au VTT, explique le commerçant.
Ses enseignes sont couplées avec une école de VTT, pour pousser les gens à ne pas se lancer seuls.
« En ski, les gens ont le réflexe de prendre des cours. En tennis aussi, avoir la raquette ne suffit pas. Mais pour le vélo, ils pensent savoir faire et c’est là que les étapes sont grillées », explique Benjamin Vibert, gérant de l’école Bike Infinity.
Or le VTT de descente, « ce n’est pas tant physique – on monte avec le télésiège quand même ! – que technique », insiste le professionnel.
L’accidentologie s’en ressent : « Il y a le quota des 10% qui chutent, comme en ski. Mais la chute en VTT fait plus mal, il n’y a plus la neige » pour amortir, reconnait M. Vanheule.
Et comme les remontées n’assurent pas la délégation de secours en été, gendarmes et policiers de haute montagne sont sans cesse sollicités, pour constater que l’équipement de protection est au rendez-vous. Mais en VTT, l’habit ne fait pas toujours le sportif.
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