Cible d’une motion de défiance qui le fragilisait pour mener une réforme elle-même contestée, le directeur de l’information de France Télévisions, Laurent Guimier, quitte ses fonctions et est remplacé par Alexandre Kara, a annoncé le groupe public lundi.
M. Guimier avait fait l’objet le 30 juin d’une motion de défiance adoptée à une large majorité par les rédactions nationales de France Télévisions (79,52% des suffrages exprimés, avec un taux de participation de 71,09%).
Comme directeur de l’information, il était chargé de piloter une réforme contestée en interne et baptisée Tempo: la suppression des journaux nationaux de France 3 (le 12/13 et le 19/20) en septembre 2023 et leur remplacement par 24 éditions régionales, « ICI midi » et « ICI soir ».
En plus de la nomination de M. Kara comme directeur de l’information, révélée initialement par Le Parisien, France Télévisions a annoncé celle de Nathalie Saint-Cricq comme « coordinatrice en charge des évolutions éditoriales de l’information » auprès de lui. Elle conserve ses fonctions d’éditorialiste.
Le projet Tempo encore sur la table
L’objectif de cette réorganisation « est d’accentuer encore le pôle de référence que constitue notre offre d’information, de mettre en œuvre le projet Tempo (…) et d’accélérer notre capacité à toucher tous les publics – en particulier les plus jeunes », a écrit la présidente du groupe public, Delphine Ernotte, dans un message interne.
« Peu importe les nominations si les projets ne changent pas! Si Alexandre Kara est nommé pour porter Tempo, ça n’a aucun intérêt pour nous », a réagi auprès de l’AFP Serge Cimino, délégué syndical SNJ (Syndicat national des journalistes).
Cinq des six syndicats représentatifs (SNJ, CGT, Unsa, CGC, Cfdt) avaient appelé les salariés du siège parisien de France Télévisions à la grève le 12 septembre pour dénoncer le projet Tempo.
Un « signal important »
M. Guimier, 51 ans, occupait ses fonctions depuis septembre 2020, après avoir intégré France Télévisions comme directeur de la chaîne Franceinfo en juin de la même année.
« Je tiens à sincèrement remercier Laurent Guimier. Avec son engagement, nous avons notamment couvert, de façon tout à fait exceptionnelle, les élections françaises et la guerre en Ukraine », a assuré Mme Ernotte.
Après le vote de la motion de défiance, elle l’avait maintenu à son poste mais avait souligné qu’il s’agissait d’un « signal important ».
Le catalyseur avait été la question du non-renouvellement de certains CDD mais, selon des sources internes, la motion s’expliquait plus largement par des « relations compliquées » entre la rédaction et M. Guimier.
Selon des témoignages concordants, nombre de journalistes le jugeaient trop peu présent. Beaucoup lui reprochaient également d’avoir fait profil bas face au président de la République Emmanuel Macron lorsque celui-ci avait, selon eux, snobé des sollicitations de France Télévisions au profit d’autres rédactions.
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