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Le journaliste Geoffroy Lejeune prend la tête du Journal du dimanche (JDD) mardi

août 1, 2023 16:52, Last Updated: août 1, 2023 18:44
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La rédaction de l’hebdomadaire du Journal du dimanche (JDD) change de tête mardi, avec l’arrivée du journaliste Geoffroy Lejeune, malgré une longue grève de la rédaction, inquiète des intentions du milliardaire Vincent Bolloré, considéré comme ultra-conservateur.

Geoffroy Lejeune, 34 ans, prend ses fonctions de directeur de la rédaction dans un climat très conflictuel entre la rédaction du journal et la direction du groupe Lagardère, propriétaire actuel.

Une grève inédite dans l’histoire du journal

Sa nomination, annoncée le 22 juin, a aussitôt déclenché une grève de la rédaction, reconduite depuis à la quasi-unanimité, une durée inédite dans l’histoire du journal. Cela fait ainsi six semaines que le JDD, institution dominicale, dans laquelle les puissants de tous bords se plient régulièrement au jeu de l’interview, ne paraît pas.

La rédaction refuse d’être dirigée par Geoffroy Lejeune, « dont les valeurs sont en totale contradiction avec celles du JDD« , et demande au groupe d’« offrir aux journalistes des garanties d’indépendance juridique et éditoriale ». Même si Arnaud Lagardère, le patron du groupe du même nom, s’en défend, nombre d’observateurs voient dans cette nomination la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions contestées.

Vivendi, groupe de M. Bolloré, est en effet en train d’absorber Lagardère, propriétaire de plusieurs médias en France (le JDD, le magazine people Paris Match et la radio Europe 1), après une offre publique d’achat réussie.

Les grèves précédentes menées contre les ingérences supposées de l’homme d’affaires à la chaîne de télévision i-Télé (devenue CNews, propriété de Vivendi) en 2016 et Europe 1 en 2021 se sont soldées par des départs massifs.

Avant sa nomination au JDD, Geoffroy Lejeune dirigeait depuis 2016 – âgé alors de seulement 27 ans – le magazine Valeurs Actuelles. Il en a fait un soutien d’Éric Zemmour, sept ans après lui avoir consacré un livre dans lequel il le voyait élu à la tête de l’État.

Contre la « bien-pensance relativiste, progressiste et mollassonne »

Dans une interview, Geoffroy Lejeune assumait alors une « volonté de conquête » idéologique et le projet « de faire progresser nos idées dans le débat public, de convaincre des gens (…) y compris dans les autres médias traditionnels », contre la « bien-pensance relativiste, progressiste et mollassonne ».

Sous sa direction, Valeurs Actuelles a été condamné pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI (gauche radicale) d’origine gabonaise Danièle Obono, après un dessin la caricaturant en esclave, fer au cou.

Ami depuis l’adolescence d’une autre figure de droite, Marion Maréchal, nièce de la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, Geoffroy Lejeune est habitué des plateaux des chaînes d’information et rompu aux codes modernes de communication sur les réseaux sociaux.

« C’est un immense honneur dans une carrière de journaliste de pouvoir travailler au service d’un titre aussi prestigieux que le JDD. Je le mesure pleinement et souhaite mettre toute mon énergie à la réussite de ce défi », assurait-il le 23 juin après l’annonce de son recrutement, son seul commentaire public jusqu’à présent.

Refus d’une charte de déontologie

La rédaction doit se prononcer à nouveau mardi sur la suite du mouvement, dont la longueur dépasse notamment les grèves historiques d’i-Télé en 2016 (31 jours) et de Radio France en 2015 (27 jours), selon un décompte de Reporters sans frontières. Jusqu’ici les grévistes du JDD n’ont pas trouvé d’accord avec la direction du groupe.

Selon des journalistes de l’hebdomadaire interrogés par l’AFP, les négociations ont achoppé tant sur les conditions sociales en cas de départ des journalistes que sur le volet rédactionnel, la direction ayant refusé d’inscrire dans une charte de déontologie l’interdiction de « toute publication de propos racistes, sexistes et homophobes ».

Vendredi, une délégation de journalistes de l’hebdomadaire a été reçue par le cabinet de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. Les grévistes ont appelé la ministre à soutenir les récentes initiatives parlementaires visant à protéger l’indépendance des rédactions.

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