INTERNATIONAL

France: une prostituée nigériane raconte son supplice, du rite du « juju » à son avortement sauvage

janvier 7, 2022 13:30, Last Updated: janvier 7, 2022 16:10
By

Des Nigérianes brisées ont témoigné lors d’un procès en appel pour proxénétisme en bande organisée en région parisienne. Parmi elles, Juliet, prostituée de 14 ans, a raconté son supplice, du rite effrayant du « juju » à son avortement sauvage.

« Toute cette histoire, ça a commencé au mois de mai, j’étais en vacances chez mes grands-parents » en 2015, commence Juliet, originaire de l’Etat d’Edo, au sud-ouest du Nigeria.

Juliet veut faire médecine

« J’ai une bonne nouvelle pour toi », lui dit alors sa mère. « Elle avait pris connaissance qu’il y avait des gens sérieux qui amenaient des gens en Europe », détaille la jeune femme, 20 ans aujourd’hui, la tête baissée et les bras enroulés autour de son ventre.

En Europe, elle étudiera, lui promet sa mère. Juliet veut faire médecine.

Avant toutefois, il faut réaliser une cérémonie du « juju ». Ce rite, toutes les parties civiles, souvent mineures au moment des faits, s’en rappellent avec effroi.

Sorte de rituel vaudou

Le « jujuman », « un sorcier », fait avaler un cœur de poule à Juliet. A une autre adolescente, il « prend du sang menstruel, des ongles, des cheveux ». Tout un cérémonial au cours duquel les adolescentes doivent prêter allégeance au « jujuman », aux « mamas » qui s’occuperont d’elles en France ou à leurs représentantes, à leurs passeurs… sous peine de mauvais sorts contre elles et leurs familles.

Lors de cette cérémonie, la présence d’adultes, parfois de leurs familles, les « impressionne » et les prive de tout esprit critique, souligne à la barre une psychologue ayant examiné six parties civiles. « Elles pensent que c’est vrai, qu’elles ont désormais un véritable lien avec le jujuman », indique-t-elle lors de l’audience jeudi à Créteil, en région parisienne.

Travailler pour rembourser 35.000 euros

Le lien est aussi matériel: les filles découvrent le coût de leur émigration. Elles devront travailler pour rembourser 35.000 euros, mais elles ne savent pas encore comment.

Le périple jusqu’en Europe, en passant par la Libye, se fait sous surveillance de membres du réseau, expliquent-elles.

Certaines disent avoir été battues ou violées en Libye, par des personnes extérieures au réseau. Sur les seize victimes identifiées par les enquêteurs, deux sont mortes noyées lors de la traversée vers l’Italie. Toutes disent avoir découvert seulement en France leur destination finale: le bois de Vincennes, dans l’est de Paris.

La jeune Juliet est vierge quand la femme qui l’héberge lui donne des préservatifs et une grille de prix: « 20 euros pour la fellation et 30 euros pour l’acte ». Lors de son premier rapport sexuel, son client, se rendant compte de sa virginité, lui octroie « 50 euros ».

Recevoir de « bonnes corrections » quand elle ne rapporte pas assez

Juliet raconte devoir louer un camion quand elle « a froid pour travailler ». Et recevoir de « bonnes corrections » quand elle ne rapporte pas assez.

Très vite, elle est enceinte. L’adolescente de 14 ans se voit administrer alcool et médicaments. Puis un « infirmier » nigérian, venu d’Italie, intervient. Juliet devra le payer 700 euros.

« Je me souviens de ciseaux, de pinces, quelque chose comme un tuyau », dit-elle d’une voix inaudible. Une interprète lui vient en aide, répète ses déclarations.

« Ça me faisait très mal, c’est tout ce dont je peux me rappeler maintenant », souffle celle qui a subi l’intervention allongée sur « des sacs poubelles » dans un appartement.

« Que c’était le dernier jour de ma vie sur Terre »

« Y’avait du sang partout… Je pensais que c’était le dernier jour de ma vie sur Terre. »

L’« infirmier » avorteur, 25 ans aujourd’hui, comparaît dans le box des accusés.

« Vous reconnaissez cet homme ? », demande à Juliet le président de la cour.

« Je sais que c’est lui ! », s’exclame-t-elle, élevant pour la première fois la voix en regardant le box où est assis Emmanuel Aiwansosa.

Trois autres accusés sont jugés à ses côtés. Omos Wiseborn, chanteur de reggae, accusé d’être recruteur, transporteur, hébergeur et proxénète, au cœur du réseau. Le couple Blessing Ubi et Dennis Brown, accusés d’être hébergeurs et proxénètes.

En première instance, les quatre avaient été condamnés à des peines de dix à dix-neuf ans de réclusion criminelle.

La cour les entend ce vendredi.


Rejoignez Epoch Times sur Telegram

t.me/Epochtimesfrance

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER