Revenu sur la scène politique à la faveur de la dissolution, l’ancien président François Hollande veut renforcer la « gauche réformiste » et réinstaller le duel avec le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, dans l’optique non avouée de se présenter comme un recours possible à la prochaine présidentielle.
Redevenu député de Corrèze, sous les couleurs du Nouveau Front populaire, sept ans après avoir laissé les clés de l’Elysée à Emmanuel Macron, l’ancien chef de l’Etat (2012-2017), âgé de 70 ans, « pose ses petits cailloux », analyse un socialiste qui le connait bien et n’a « aucun doute » sur ses ambitions.
Il a « toujours le même mode opératoire : un nouveau livre », s’amuse le même. François Hollande vient en effet de publier « Le défi de gouverner » (Editions Perrin), dans lequel il relate la relation ambiguë de la gauche au pouvoir et le duel entre deux gauches, l’une radicale, l’autre plus réformiste.
« Chaque fois que la gauche réformiste a été plus forte, elle a permis à la gauche de gagner et de gouverner »
Selon lui, « chaque fois que la gauche réformiste a été plus forte, elle a permis à la gauche de gagner et de gouverner ». Mais quand la gauche radicale est plus importante, « elle empêche la gauche d’accéder au pouvoir ».
Une critique assumée contre La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon, dont il n’a de cesse, comme une partie du PS, de dénoncer les outrances. Lui qui avait exprimé sa profonde hostilité à la première alliance de gauche, la Nupes, conclue avec LFI en mai 2022, a pourtant soutenu le Nouveau Front populaire, plus équilibré selon lui.
« Reprendre du poids à gauche »
Pour apparaître « comme le recours », « Hollande est prêt à toute les circonvolutions », remarque un député. « Pour se faire intégrer dans le groupe, en juillet il disait tout le temps qu’il était d’accord avec Olivier Faure », ironise-t-il, alors que les relations entre les deux hommes étaient exécrables depuis que le premier secrétaire du PS avait fait « l’inventaire » du l’ex-président.
« La stratégie de François Hollande c’est de reprendre du poids à gauche », poursuit le même, alors qu’une partie de la gauche lui reproche toujours son quinquennat, et notamment « la loi Travail », « la déchéance de nationalité » et « la trahison » de ses engagements présidentiels de 2012.
« A l’Assemblée, c’est l’homme de la synthèse », remarque un responsable du PS. « C’est ce qu’on appelle un culbuto. Il est dans cette position d’équilibre, en se disant qu’il peut tirer les marrons du feu ». Une députée socialiste observe: « revenir dans le jeu, avec le Nouveau Front populaire, cela le lave d’une partie de sa mauvaise image, c’est habile ». « Il se positionne », confirme un autre député socialiste, lui aussi certain qu’en cas de présidentielle anticipée, « il sera candidat, tout comme Mélenchon ».
« Dans la disposition d’esprit de servir mon pays en choisissant la bonne personne »
L’ancien président a laissé entrevoir ses ambitions dimanche dans le Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat-M6, en jugeant que « cela fait deux fois (trois en réalité, ndlr) que Jean-Luc Mélenchon est candidat à la présidence de la République, deux fois qu’il ne parvient pas au deuxième tour ». Pour lui, il faudra prendre pour la prochaine présidentielle « une personne en meilleure condition pour gagner », c’est-à-dire « socialiste ou proche du Parti socialiste », a-t-il affirmé, tout en refusant une candidature unique à gauche.
Dit-il « plus jamais candidat à la présidentielle » en ce qui le concerne ? « Je n’ai pas dit ça », a répondu l’ex-président, affirmant être « dans la disposition d’esprit de servir mon pays en choisissant la bonne personne ».
En attendant, il entend aussi peser sur la ligne du parti qu’il a longtemps dirigé, et dont il critique le penchant vers la France insoumise. Il réclame, comme les opposants d’Olivier Faure, un congrès en début d’année, mais le veut « d’ouverture avec Bernard Cazeneuve, Raphaël Glucksmann… », tous hostiles à M. Mélenchon.
Les nouveaux militants « totalement pour l’union, pas pour le retour du Hollandisme ».
Pour le député insoumis Paul Vannier, « François Hollande a clairement l’intention de peser très fortement sur le groupe et le parti ». Et de déplorer: « Ça recommence comme avant, toujours la volonté de détricoter la coalition ».
Mais au sein de la direction du PS on souligne que François Hollande a été « élu sur une coalition large », et qu’il « ne doit pas l’oublier ». Rappelant que les nouveaux militants sont « totalement pour l’union, pas pour le retour du Hollandisme ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.