Rencontre avec Sébastien Doerler, président de l’association FraTerre et défenseur d’une nouvelle façon de construire simple, économique et résistante pour les plus défavorisés.
Vous proposez des dômes pour le milliard de sans-abri ?
Sébastien Doerler: Ces dômes seront construits selon le brevet de SuperAdobe, développé par l’architecte iranien Nader Khalili (prix Aga Khan) qui a inspiré la NASA à bâtir sur la Lune et Mars. Dans les années 90, ce dernier a établi un éco-village dans le désert en Californie. En 1991, sa méthode validée il l’exporte dans le monde pour le milliard de sans-abri qui ont perdu leur toit lors d’un dérèglement climatique (tsunami, tremblement de terre).
Que veut dire brevet SuperAdobe ?
C’est un brevet mondial que tout le monde peut utiliser. Le brevet en lui-même consiste à mettre entre chaque couche de colombins (cercles de terre) un fer barbelé pour créer l’adhésion.
Comment se passe le déroulement de la construction d’un dôme ?
On envoie juste un instructeur sur un chantier.Avec la famille ils reconstruisent un habitat durable et solide pour les prochains séismes. Actuellement à Katmandou, la veuve de Nader Khalili est sur place pour transmettre aux Népalais la manière de construire en plus résistant. On y a construit une quarantaine de dômes pour les orphelins, ils ont résisté au dernier tremblement de terre d’indice 7,9.
C’est donc une construction écologique ?
Oui, c’est une construction qu’il conviendrait d’adopter, pour sa solidité mais aussi pour son aspect écologique, car on n’a pas besoin de couper d’arbre ni pour la charpente, ni pour la toiture puisque la structure des colombins est autoportante, c’est une méthode d’encorbellement, d’arcades en cercles, qui donne une forme indestructible.
Vous utilisez des sacs plastique, ce n’est pas très écologique !
C’est exact, les sacs plastique permettent de mouler la terre, on peut décider de les enlever, mais il faut savoir que le plastique protège de l’érosion et en séchant à la chaleur, la résistance est aussi puissante que le béton.
Mais quel est votre défi en le proposant à la France ?
Ces abris sont faits pour vivre. Mon défi à l’heure actuelle est que cette méthode est de loin la moins chère. Elle est conçue pour les plus défavorisés, mais elle peut l’être aussi pour les mal-logés, les sans-abri : ils peuvent se construire eux-mêmes leur propre habitat, tout le monde peut y participer car cette méthode est simple et ne demande pas d’être spécialiste, on construit sans ciment, juste avec la terre qui est sous nos pieds et de l’argile comme liant.
Une méthode économique, mais qui peut s’avérer également thérapeutique ?
Oui, c’est une manière de se réapproprier sa propre existence, en fait, pour les gens qui se sont « perdus », c’est une thérapie pour s’auto-construire une nouvelle destinée en construisant sa maison, il suffit juste de les accompagner.
Une bien belle mission que de transmettre un système constructif des plus économiques, de bâtir écologiquement pour son environnement, voilà un magnifique cercle vertueux, offrir aux autres la possibilité de vivre convenablement et décemment dans des formes toutes en rondeur avec cercles de murs en terre. Ce système ne demande que la solidarité de la main-d’œuvre, réalisant ainsi une chaîne humaine du mieux vivre ensemble et du mieux bâtir. Il est grand temps de faire réapparaître dans le monde la valeur de co-fraternité pour une égalité des chances.
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