L’Allemagne est un pays vieillissant dans lequel les infirmières et aides-soignantes sont insuffisamment nombreuses pour assurer les soins à domicile. Ceci a conduit à un afflux de professionnelles de Russie et d’Europe de l’Est, et à un élargissement de l’offre de soins « 24h/24 » pour les personnes les plus dépendantes. D’après le journal Welt am Sonntag, l’aubaine a été saisie par des réseaux mafieux pour développer une arnaque massive et nationale à la sécurité sociale allemande, récemment mise à jour par la police fédérale.
En ciblant les personnes les plus « lucratives » – celles, fortement dépendantes dont les soins quotidiens peuvent être facturés jusqu’à 15 000 euros par mois d’après le Deutsche Welle, des entreprises de service à domicile liées ont exploité les failles du système de santé allemand : Eugen Brysch, PDG de la fondation allemande pour les droits des patients, explique que le système des deux assurance-santé allemandes – une assurance basique et une autre pour les soins de longue durée, « facilitent la vie aux criminels, parce que ces deux assurances ne communiquent pas du tout entre elles sur la question des soins à domicile. »
Conséquence de ce manque de suivi du niveau réel de handicap des personnes âgées, près de 20 000 d’entre elles ont été considérées par l’assurance-maladie allemande comme « sous surveillance continue », ce qui implique normalement la présence constante à leurs côtés d’une aide-soignante, alors qu’elles vivaient de façon relativement indépendante, avec seulement quelques visites par jour pour la toilette ou l’aide à la préparation des repas.
Plusieurs dizaines de Russes arrêtés
Le 21 avril, une trentaine de raids de la police allemande dans la région de Berlin ont conduit à plusieurs dizaines d’arrestations, principalement de ressortissants russes. Le directeur d’une entreprise de service à domicile, accusé d’avoir détourné plus d’un million d’euros, a été mis en examen.
D’après l’enquête de la police allemande, le système mis en place va jusqu’à la falsification des livrets de suivi des personnes âgées pour mentionner la réalisation de soins inexistants, souvent avec la complicité de la famille des seniors. Les médias allemands multiplient depuis quelques jours les exemples de malades prétendument paralytiques et qu’on voyait faire du vélo en ville. Le ministre de l’Intérieur de Berlin, Frank Henkel, a qualifié les raids policiers de « coup puissant contre la fraude organisée ».
Des escrocs liés à la mafia russe font perdre 1 milliard d’euros par an à la sécurité sociale allemande.
Beaucoup cependant pensent le système trop répandu et les moyens de contrôle trop faibles pour agir efficacement. Dans Thelocal.de, Gernot Kiefer, responsable du système national d’assurance santé GKV, demande que l’assurance santé ait la possibilité de faire des vérifications surprise plutôt que de se limiter à des visites semestrielles annoncées à l’avance. « Il n’y a pas d’autre façon pour révéler ces escroqueries. »
Les médias allemands se sont procurés un rapport confidentiel de la police fédérale allemande qui indique que la fraude à l’assurance santé est « un phénomène national qui se développe en particulier dans les zones où des groupes fermés se développent du fait des barrières de langage ». Sans confirmer la véracité du rapport, les porte-parole de la police ont reconnu que « les agences municipales d’assistance sociale ainsi que l’assurance-santé, et donc les contribuables, subissent des pertes importantes. »
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