Froid arctique ou pas, les voitures électriques tracent leur route en Norvège

Par Epoch Times avec AFP
1 février 2023 16:00 Mis à jour: 1 février 2023 18:29

Le mot est entré dans le vocabulaire courant en Norvège : « rekkevideangst ». Cette angoisse de l’autonomie, Philip Benassi l’a bien connue au volant de sa Tesla, surtout par les froides journées d’hiver, mais comme ses compatriotes, il a appris à la dompter. 

Des températures souvent négatives, un relief accidenté, des distances étirées… La Norvège n’est pas le terrain de jeu idéal pour la voiture électrique, qui perd en portée par temps glacial. Pourtant, le pays nordique est le champion du monde incontesté pour l’adoption de ces véhicules.

L’an dernier, un record de quatre voitures neuves sur cinq (79%) étaient électriques dans le royaume, gros producteur de pétrole où l’objectif officiel est pourtant d’en finir avec les moteurs thermiques pour les nouvelles immatriculations dès 2025. Soit dix ans avant l’UE.

Commercial dans un groupe de cosmétiques, Philip Benassi a franchi le pas en 2018. Dans sa rutilante Tesla S, ce Norvégien de 38 ans avale entre 20 à 25.000 kilomètres par an.

Comme la plupart des nouveaux « elbilister », propriétaires de voiture électrique, il a lui aussi connu à ses débuts l’angoisse de voir l’indicateur de batterie chuter rapidement. Avec le spectre de tomber à zéro, l’équivalent de la panne sèche, sur une route de campagne déserte.

« Je ne connaissais pas suffisamment la voiture. Mais après toutes ces années, je sais à peu près combien de kilowatts elle consomme et que ça varie selon qu’elle a dormi dehors ou dans un garage », témoigne-t-il.

Une perte d’autonomie due au froid

« L’hiver, la capacité des batteries baisse. Si la voiture est restée dehors à des températures entre -10/-15°C, on utilise beaucoup plus de batterie et ça prend pas mal de temps avant que la consommation redevienne normale », explique-t-il.

À la saison froide, la perte d’autonomie dépend du modèle de véhicule et de la sévérité du coup de froid.

« Mais la règle générale, c’est qu’un gel d’environ -10 °C réduira l’autonomie d’environ un tiers par rapport à une météo estivale et qu’un gel sévère (-20 °C ou plus) jusqu’à la moitié », explique le consultant finlandais, Vesa Linja-aho.

« En stationnant la voiture dans un garage chauffé, on peut atténuer un peu ce phénomène », ajoute l’expert.

(Photo : PETTER BERNTSEN/AFP via Getty Images)

Quand recharger ? Où ? De combien ?

Ces questions hantent les primo-utilisateurs. Tout est question d’habitude et de planification avant les longs trajets.

Les différentes applications des constructeurs automobiles et le vaste réseau de points de recharge rapide et super-rapide, plus de 5600 en Norvège, aident heureusement à résoudre l’équation.

Signe que le problème est loin d’être insurmontable, les voitures électriques ont représenté 54% des nouvelles immatriculations l’an dernier au Finnmark. En plein cœur de l’Arctique, cette région, la plus septentrionale du pays, détient un record national qui fait froid dans le dos: le mercure y est parfois tombé à -51 °C.

D’autres pays nordiques habitués aux températures négatives, comme l’Islande ou la Suède, sont aussi dans le peloton de tête mondial de la voiture électrique.

« De plus en plus de voitures électriques ont des systèmes de préchauffage des batteries, ce qui est malin parce que cela accroît l’autonomie et la voiture recharge plus rapidement si elle est chauffée », souligne Christina Bu, secrétaire générale de l’Association norvégienne des véhicules électriques.

« En fait, quand il fait très, très froid, que les températures sont glaciales, il arrive que les voitures diesel ne peuvent pas démarrer contrairement aux voitures électriques », note-t-elle.

Les Norvégiens ont en tout cas pris le pli : plus de 20% de leurs voitures en circulation roulent désormais à l’électricité, autre bon point, propre car quasi exclusivement d’origine hydraulique.

Et le pays est sur les rails pour atteindre son ambitieux objectif de ne vendre que des véhicules neufs zéro émission à compter de 2025.

Cela couronnerait une politique volontariste avec des moteurs thermiques fortement taxés contrairement à l’électrique, même si le gouvernement commence à rogner ces avantages financiers afin de combler un manque à gagner estimé à près de 40 milliards de couronnes (3,8 milliards d’euros) l’an dernier.

« La recette du succès en Norvège, c’est la fiscalité verte », résume Christina Bu. « On taxe ce qu’on n’aime pas, les voitures à combustion fossile, et on encourage ce qu’on aime, les voitures électriques. C’est aussi simple que cela ».  

« Si la Norvège peut le faire, tout le monde peut le faire ».

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