Des études récentes révèlent que l’utilisation massive d’antibiotiques par la Chine a provoqué une grave contamination de l’eau et des aliments dans tout le pays et a créé une crise de santé publique. Ces éléments se retrouvent par la suite exportés dans d’autres pays du monde, cachés notamment dans les fruits de mer et le poulet.
Il y a de ça quelques années, un nourrisson recevant un traitement pour une infection fongique et une pneumonie dans un hôpital de la ville de Guangzhou a été trouvé infecté par une sorte de superbactérie résistante à sept types d’antibiotiques. La céphalosporine de première génération s’est avérée inefficace, la céphalosporine de deuxième génération était également inefficace, les troisième et quatrième générations, encore une fois, n’ont rien pu faire.
Les médecins ont ensuite essayé les antibiotiques les plus puissants dont ils disposaient, comme l’imipénem et la cilastatine, le chlorhydrate de céfépime, mais aucun d’eux n’a réussi à atténuer la condition du patient.
Le Dr Song Yanyan, qui a participé au traitement, a déclaré aux média chinoi Sina que de nos jours, de nombreux nouveau-nés sont porteurs de superbactéries. Dans les tests de sensibilité aux antibiotiques, 70 % des nouveau-nés présentaient une résistance à un ou plusieurs antibiotiques, soit une forte augmentation par rapport au passé, et la résistance provenait très probablement de leur mère pendant la grossesse.
Antibiotiques dans la viande et dans l’environnement
Au milieu des préoccupations croissantes du public au sujet de la pollution par les antibiotiques, le Dr Ying Guangguo, un éminent chercheur en antibiotiques à l’Institut de géochimie de Guangzhou de l’Académie chinoise des sciences, a dirigé une équipe de recherche dans toute la Chine pour étudier l’ampleur de la consommation et du rejet des antibiotiques dans l’environnement. Depuis 2006, l’équipe a prélevé des échantillons dans 58 grands réseaux hydrographiques et grandes fermes d’élevage dans les provinces de Guangdong, Gongxi, Hunan et Hebei.
Une « Carte de la pollution par les antibiotiques » a été produite en juin 2015 à partir des résultats de la recherche. Pour la première fois, le montant de la consommation d’antibiotiques en Chine a été divulgué. Rien qu’en 2013, 162 000 tonnes d’antibiotiques ont été consommées en Chine, 52 % pour les soins vétérinaires et 48 % pour le traitement humain.
Les chercheurs se sont principalement concentrés sur 36 types des antibiotiques les plus couramment détectés. La consommation annuelle de ces antibiotiques était de plus de 90 000 tonnes, dont 84 % étaient destinées au bétail. La plupart des antibiotiques sont finalement excrétés par les humains et les animaux. Selon leur étude, chaque année, plus de 50 000 tonnes d’antibiotiques sont rejetées dans l’environnement, dont environ 54 % se retrouvent dans le sol et 46 % dans le réseau hydrographique.
Les 5 antibiotiques présentant la plus forte présence de pollution sont, de forte à faible, l’amoxicilline, le florfenicol, la lincomycine, la pénicilline et la norfloxacine. Ils sont tous utilisés dans le traitement de diverses infections bactériennes.
La carte de la pollution montre que les régions les plus développées économiquement en Chine, comme le Guangdong, le Jiangsu, le Zhejiang et le Hebei, sont les plus polluées.
En comparaison avec le ratio d’autres pays, la concentration totale d’antibiotiques dans les cours d’eau chinois est beaucoup plus élevée. D’après les données recueillies dans les 58 principaux fleuves et rivières, la concentration moyenne d’antibiotiques est de 303 ng/L, comparativement à 120 ng/L aux États-Unis, 52 ng/L en France, 20 ng/L en Allemagne et 9 ng/L en Italie.
L’échantillon de rivière le plus contaminé par les antibiotiques identifié par l’équipe du Dr Ying a donné une lecture de 7 560 ng/L d’antibiotiques au total.
Dans les élevages de porcs et de poulets, en raison du grand nombre d’animaux, les éleveurs ont l’habitude d’ajouter une variété d’antibiotiques à l’alimentation afin de réduire les risques de maladies infectieuses. De même, les aquaculteurs ajoutent souvent des antibiotiques lorsqu’ils nourrissent les poissons, les crevettes et les crabes.
Selon M. Ying, le bassin de la rivière des Perles a une forte densité de population, et la province de Guangdong compte de nombreux élevages de porcins et de poulets. C’est aussi la région qui compte le plus grand nombre d’étangs piscicoles du pays. En outre, dans les zones rurales, les eaux usées sont généralement rejetées directement sans aucun traitement. Par conséquent, la consommation totale d’antibiotiques dans le bassin de la rivière des Perles est l’une des plus élevées de Chine. Et l’émission d’antibiotiques dans l’environnement dans cette région est également l’une des plus élevées.
M. Ying a résumé ce qu’il a trouvé chez les porcs, les volailles, les vaches et les fermes aquacoles.
Son équipe a détecté des concentrations élevées d’antibiotiques dans les excréments de porc, de poulet et de canard. Par exemple, le niveau le plus élevé d’un antibiotique détecté dans les excréments de porcs dans la région de la rivière des Perles était la tétracycline, avec une concentration moyenne de 5,6 mg/kg.
Un éleveur de porcs de Zhaoqing, dans la province de Guangdong, dont le nom n’a pas été mentionné dans l’étude, a dit au Dr Ying que pour chaque porc, de la naissance jusqu’à ce qu’il pèse environ 115 kg (en environ 7 mois), il dépense habituellement 1 300 yuans en aliments (166 €) et 300 yuans (38 €) en médicaments vétérinaires différents.
« Nous avons nous-mêmes peur de la quantité de médicaments administrés, mais nous devons le faire de cette façon lorsque les porcs tombent malades », a dit l’éleveur.
Selon le Dr Ying, les éleveurs de vaches utilisent également des antibiotiques. « Parce que les vaches auront des inflammations si elles sont traites tous les jours », explique-t-il.
Il a également déclaré : « Je pensais qu’on ne donnait pas d’antibiotiques aux poulets élevés en liberté, mais on leur donne aussi de grandes quantités d’antibiotiques, car les agriculteurs essaient de les faire grandir plus vite tout en prévenant l’apparition de la grippe aviaire. »
Sept antibiotiques ont été détectés dans la boue au fond des étangs à poissons. En moyenne, la boue a une concentration d’antibiotiques de 524 μg/kg. L’échantillon le plus contaminé a été prélevé jusqu’à 3 400 μg/kg.
Antibiotiques chez l’homme et résistance aux médicaments
La nourriture et l’eau étant si contaminées par les antibiotiques, qu’arrive-t-il aux humains qui mangent la viande et boivent l’eau ?
Entre 2014 et 2015, des chercheurs de l’Université de Fudan à Shanghai ont étudié les échantillons d’urine de plus de 1 000 enfants de l’est de la Chine. Parmi eux, 58,3 % présentaient au moins un type d’antibiotiques et certains échantillons d’urine contenaient six antibiotiques. De plus, certains antibiotiques qui ont été abandonnés dans les traitements médicaux il y a de nombreuses années, ainsi que certains antibiotiques administrés au bétail et à la volaille seulement, ont tous deux été détectés dans certains échantillons d’urine.
Lorsque des résidus d’antibiotiques s’accumulent dans le corps humain, ils facilitent l’évolution des bactéries en des bactéries résistantes aux antibiotiques, communément appelées superbactéries. Les infections causées par les superbactéries sont très difficiles à traiter, car les antibiotiques réguliers ne peuvent pas freiner leur croissance. Éventuellement, les médecins seront à court de choix pour les traiter.
Exportations de viande et de fruits de mer en provenance de Chine
Depuis 2002, la Chine est devenue le premier exportateur de produits de la mer. En 2017, le total des exportations de produits aquatiques s’est élevé à 4,34 millions de tonnes, pour une valeur de 21,15 milliards de dollars (soit environ 18,6 milliards d’euros), selon le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales.
Les cinq principaux importateurs des produits marins en provenance de Chine sont le Japon, les États-Unis, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, l’Union européenne et Taiwan.
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