C’est avec un Donald Trump radouci qu’a débuté vendredi le G20 d’Osaka, sans réduire sur le fond les fractures entre les grands dirigeants du monde, sur le commerce, le climat et le sens même de la mondialisation.
Coutumier de ce rôle de pompier pyromane, le président américain a multiplié les amabilités et déclarations conciliantes lors de ses premières réunions avec les 19 autres chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour deux jours dans la grande ville côtière japonaise, alors qu’il en avait étrillé certains ces derniers jours.
Illustration vendredi lors du tête-à-tête avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, avant le début officiel des débats à 20. « Nous allons discuter l’achat par le Japon de nombreux équipements militaires », s’est réjoui le milliardaire républicain, qui avait mercredi moqué publiquement la dépendance japonaise à l’égard de la protection militaire américaine.
Il a aussi vanté les « magnifiques usines » construites par les constructeurs automobiles japonais aux Etats-Unis. Shinzo Abe avait d’ailleurs préparé à l’intention de son invité un document recensant des investissements nippons sur le marché américain.
Même ton lors d’une rencontre avec le Premier ministre indien Narendra Modi, auquel Donald Trump avait reproché jeudi des taxes douanières « inacceptables ». « Nous allons continuer à bien nous entendre avec l’Inde », a au contraire affirmé le président américain vendredi.
Sur l’Iran, l’un des grands sujets de crispation de ce G20, Donald Trump s’est aussi voulu apaisant. « Nous avons le temps » de résoudre les tensions, a-t-il dit, lui qui parlait encore il y a peu de « guerre » contre les Iraniens.
Et Donald Trump n’a pas tari d’éloges pour Angela Merkel, « une grande amie » et une « femme fantastique », au début de leur rencontre vendredi. Et ce deux jours après avoir qualifié l’Allemagne de partenaire « défaillant ».
La chancelière allemande a été interrogée sur sa santé, après deux crises de tremblement en public en l’espace de quelques jours. Elle n’a pas souhaité répondre. Angela Merkel, jusque là réputée infatigable lors des marathons diplomatiques, n’a pas modifié son programme.
La chancelière, qui s’apprête à quitter la scène internationale, symbolise peut-être plus que tout autre dirigeant à Osaka la volonté de coopération multilatérale qui avait conduit les leaders du G20 à se réunir pour la première fois il y a onze ans, en plein cataclysme financier.
La montée des populismes a sérieusement mis à mal cette ambition de gouvernance mondiale, en particulier sur le commerce et le climat. Loin de tout format multilatéral, Donald Trump et le président chinois Xi Jinping auront ainsi entre les mains, lors de leur entretien prévue samedi, le sort de l’économie mondiale.
Washington menace de taxer bientôt la totalité des importations chinoises, ce qui serait certainement un point de non-retour dans le conflit commercial et technologique des deux géants. La plupart des analystes espèrent malgré tout une trêve à Osaka. Autre sujet de crispation: le climat. Donald Trump, qui a décidé de se retirer de l’accord de Paris de 2015, bouscule régulièrement ses partenaires à ce sujet.
Il n’est pas le seul. Le président d’extrême droite brésilien Jair Bolsanoro a déjà lancé un avertissement, face à des critiques de l’Allemagne, rejointe par la France, sur son action environnementale: « Le Brésil doit être respecté. Nous n’accepterons pas d’être traités comme par le passé ».
Plus généralement, les chefs d’Etat et de gouvernement sont divisés sur la direction même que doit prendre la mondialisation.
Vladimir Poutine a critiqué les idées progressistes des démocraties occidentales (« liberalism » en anglais), dans une interview au Financial Times vendredi.
Les progressistes « ne peuvent simplement pas dicter ce qu’ils veulent comme ils l’ont fait ces dernières décennies », a lancé l’homme fort de la Russie, saluant la politique dure de Donald Trump sur l’immigration. Cette idée de progressisme « est devenue obsolète et est en conflit avec les intérêts de l’immense majorité de la population ».
Ce sont « l’autoritarisme, le culte de la personnalité et la loi des oligarques qui sont réellement obsolètes même s’ils peuvent sembler parfois efficaces », a rétorqué le président du Conseil européen Donald Tusk à Osaka. Reste à savoir si les Européens pourront porter ce message, englués qu’ils sont dans leur marchandage pour les postes-clés de l’Union européenne et fragilisés par le Brexit.
E.T avec AFP
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