Gabriel Attal mieux placé pour succéder à Élisabeth Borne dans la stratégie de «réarmement» d’Emmanuel Macron

Par Vincent Solacroup
8 janvier 2024 16:32 Mis à jour: 8 janvier 2024 16:43

Parmi les quelques noms qui circulent, Gabriel Attal paraît le mieux placé pour succéder à Élisabeth Borne, selon des sources proches de l’exécutif. Le remaniement gouvernemental semble imminent prenant place dans une stratégie de «réarmement» du chef de l’État.

La voiture de Mme Borne a franchi la grille d’honneur peu avant 15h00 et la Première ministre en est descendue seule, un dossier sous le bras, puis s’est engouffrée dans le Palais. Les conseillers du chef de l’État n’ont pas précisé le motif de ce rendez-vous, alors qu’ils avaient immédiatement expliqué, dimanche soir, qu’une précédente rencontre avec le président visait à évoquer des « dossiers importants » comme la vague de froid ou les inondations.

Le sort d’Élisabeth Borne était en suspens ces derniers jours, beaucoup de proches d’Emmanuel Macron misant sur un vaste chamboule-tout gouvernemental avec son propre départ. Le nom du jeune ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, 34 ans, est remonté lundi dans les pronostics de la macronie pour lui succéder à Matignon. Il devrait être chargé de former le prochain gouvernemnt, a indiqué un proche de l’exécutif.

Jusque-là, tous décrivaient une course à deux : Julien Denormandie, 43 ans, marcheur de la première heure et quasiment ombre portée du chef de l’Etat depuis dix ans ; et Sébastien Lecornu, 37 ans, actuel ministre des Armées issu de la droite, qui s’est au fil des années taillé une place dans le cercle des conseillers politiques du président. Dans la liste des prétendants de CNews, à côté de Gabriel Attal, Julien Denormandie et Sébastien Lecornu, figurent également Bruno Le Maire et Christophe Béchu. Bruno Le Maire est connu par sa liberté de ton qui lui avait valu d’être recadré par la Première ministre lors de la loi sur l’immigration. Quant à Christophe Béchu, proche d’Édouard Philippe, il a pris plus souvent la parole lors des violences de juillet dernier, assumant ainsi un plus grand rôle au sein du gouvernement.

Agir rapidement

L’entourage présidentiel avait fait savoir qu’il était déterminé à agir rapidement, après un week-end à phosphorer : « Il rêverait de faire cela lundi », avait ainsi affirmé l’un de ses fidèles, avec toutes les réserves d’usage liées à la complexité des équations. « À mon sentiment, on est dans les dernières heures », dit un ministre, pour qui « le président a besoin de caler une photographie d’ensemble » entre un « mouvement d’ampleur » au gouvernement et la tête de liste pour les élections européennes de juin.

Élisabeth Borne semble ainsi plus menacée que jamais après 20 mois de bail à Matignon, même si plusieurs proches du chef de l’État mettent en garde contre la tentation d’enterrer trop vite ses chances de maintien. Déjà donnée partante l’été dernier, Élisabeth Borne a pour atout sa résilience après avoir fait passer deux lois difficiles (retraites, immigration) et surmonté près d’une trentaine de motions de censure à l’Assemblée.

Le choix de son successeur, si elle devait cette fois être remerciée, est loin d’être neutre pour maintenir l’équilibre précaire du camp présidentiel, mis à mal dernièrement par les divisions sur loi immigration. Si le patron des députés Renaissance, Sylvain Maillard, a assuré sur LCI que ses troupes « travailleront en toute loyauté » avec le prochain Premier ministre, d’autres redoutent un coup de barre à droite. Pour la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, »ce n’est pas à l’ailier gauche de dire comment doit être la feuille de match du prochain match ou qui est le capitaine”. “Ce qu’a fait le président depuis 7 ans, c’est le dépassement.” Allié de poids du chef de l’État, le patron du MoDem François Bayrou a semblé dimanche accorder sa préférence à Julien Denormandie, « quelqu’un de très estimable », tout en insistant sur « le message » qui devrait accompagner un changement de gouvernement.

« Le réarmement »

Emmanuel Macron compte inscrire ces mouvements dans une séquence plus large, ouverte depuis ses voeux du 31 décembre, qui doit se prolonger par un énigmatique « rendez-vous avec la nation » courant janvier. Avec un fil conducteur, à l’heure où ce deuxième quinquennat Macron se cherche encore un récit : « le réarmement », affirme un proche. A savoir le « réarmement civique », notamment grâce à l’école, « le réarmement industriel », ou encore le « réarmement européen » à l’approche d’élections pour lesquelles le camp présidentiel est largement distancé dans les sondages par le Rassemblement national. Pour cela, le même évoque un « remaniement de réarmement » avec « beaucoup de sortants ». Plusieurs membres de la garde rapprochée du chef de l’État, dont François Bayrou, appellent à en profiter pour resserrer un gouvernement qui compte aujourd’hui 39 membres.

Emmanuel Macron devait devait enchaîner lundi après-midi avec ses traditionnels voeux au Conseil constitutionnel puis aux autorités religieuses, à huis clos.

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