DÉCRYPTAGE – L’ancien locataire de Matignon se prépare activement pour les échéances à venir et notamment l’élection présidentielle de 2027. L’accord qu’il vient de sceller avec sa prédécesseure, Élisabeth Borne en vue du Congrès de Renaissance de novembre prochain lui laisse le champ libre pour prendre les rênes du parti macroniste. Mais pour celui qui entend écrire un nouveau chapitre dans l’histoire du bloc central, la suite s’annonce rude.
L’union avec Élisabeth Borne pour diriger Renaissance
Ce mardi 29 octobre, les deux anciens Premiers ministres d’Emmanuel Macron ont annoncé s’unir pour le Congrès du parti présidentiel prévu les 23 et 24 novembre prochains, selon des informations de l’AFP.
« Gabriel Attal et Élisabeth Borne ont ainsi fait le choix d’une candidature d’union et de rassemblement. Ni la situation de notre pays, ni celle de notre parti ne supporteraient la division », ont indiqué les deux camps dans un communiqué commun.
D’ailleurs, quelques heures après l’annonce de l’accord avec l’ancienne ministre des Transports, Gabriel Attal a officialisé dans une lettre envoyée aux adhérents sa candidature au poste de secrétaire général de Renaissance.
« En réalité, Élisabeth Borne n’avait aucune chance d’arriver à la tête de Renaissance. C’est bien Gabriel Attal qui a mouillé la chemise et qui était sur toutes les affiches des candidats « Ensemble pour la République » lors des législatives anticipées. Les députés lui doivent tout », confie une source proche du parti présidentiel à Epoch Times.
Cet accord met ainsi un terme aux rivalités entre la députée du Calvados et le président du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée nationale. En effet, dans un entretien accordé au Parisien le 21 août, Élisabeth Borne avait annoncé sa candidature à la « direction de Renaissance ».
Cependant, ce mercredi 30 octobre sur RTL, l’intéressée a tout de même précisé certains points de l’accord : « Je n’ai pas retiré ma candidature, on a trouvé un accord avec Gabriel Attal. Nous sommes en train de travailler sur la fusion des listes que nous avions constituées et sur un partage des responsabilités. » L’ancienne Première ministre devrait être nommée présidente du Conseil national du parti.
Le champ semble donc libre pour l’ancien ministre de l’Éducation nationale. Il devrait, sauf surprise, succéder à Stéphane Séjourné à la tête du mouvement lancé en 2016.
La prise de distance avec Emmanuel Macron
La fusion des deux listes enlève un caillou dans la chaussure du chef des députés macronistes qui entend marquer sa différence avec l’actuel locataire de l’Élysée.
Par ailleurs, les relations avec le président de la République se sont tendues avec le temps.
« Emmanuel Macron et Gabriel Attal, c’est un peu comme deux frères fusionnels, autrefois unis et alliés pour faire face à des ennemis communs (NFP et RN) mais progressivement leur relation finit par s’étioler en raison des ambitions grandissantes du cadet », poursuit la même source, avant d’avouer qu’en réalité « la rupture avec Emmanuel Macron s’est surtout confirmée le soir de la dissolution de l’Assemblée nationale ». Gabriel Attal avait d’ailleurs qualifié la décision du chef de l’État de « soudaine ». La dissolution avait en effet largement écourté son passage à Matignon. Et, le 5 septembre dernier, jour de la passation de pouvoir avec Michel Barnier, il l’avait fait savoir. « Huit mois, c’est court. C’est trop court. Je ne le cache pas, il y a évidemment une frustration à quitter mes fonctions », avait-il notamment déclaré.
Le défi de l’ancien Premier ministre
La tâche la plus dure pour Gabriel Attal va consister à maintenir en vie un bloc central affaibli par deux défaites consécutives aux élections européennes et législatives anticipées. Il est, en effet, passé de 351 députés en 2017, à 245 en 2022 et 150 en juin dernier.
Ce bloc pourrait ainsi disparaître au profit du NFP et du RN, deux forces politiques puissantes à l’Assemblée nationale.
Il n’est également pas exclu que le déclin de la macronie marque le retour du clivage de « l’ancien monde » entre la gauche canal PS et la droite canal UMP.
Le score de la tête de liste PS-Place publique Raphaël Glucksmann lors du scrutin européen (13,83 %) et l’augmentation du nombre de députés socialistes ont redonné de l’oxygène à une social-démocratie française que beaucoup ont cru définitivement diluée dans le macronisme.
Du côté des Républicains, même s’ils n’ont pas réalisé de scores importants à l’occasion des élections de juin, la nomination inattendue de Michel Barnier le 5 septembre et l’entrée au gouvernement de ténors de LR comme Bruno Retailleau ou Annie Genevard pourraient, sur le long terme, redonner des lettres de noblesse à la droite traditionnelle.
La droite semble aussi moins impressionnée par la macronie qu’auparavant et par ses hommes forts comme Gabriel Attal lui-même. « Je serai très attentif à vos propositions d’économies supplémentaires pour faire face à un déficit que j’ai trouvé en arrivant », avait lancé Michel Barnier à son prédécesseur le 2 octobre à l’Assemblée nationale.
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