Socialement isolé, accusé d’avoir voulu se venger de ses licenciements, Gabriel Fortin est accusé d’avoir abattu de sang froid en 2021 deux de ses anciens DRH et une fonctionnaire de Pôle Emploi dans une équipée sanglante qui suit le fil de ses échecs professionnels.
Selon ses proches, cet ingénieur discret, amateur de planeur et de tir sportif, vivait le chômage comme « un vrai drame », une injustice. Un certain flou entoure la personnalité de cet homme qui arbore sur de rares photos de fines lunettes et un crâne dégarni. Ce célibataire de 47 ans a pour l’heure refusé de parler aux magistrats, enquêteurs et médecins. Tout juste sait-on que qu’il est originaire de Nancy où il résidait et « vivait comme un reclus depuis plusieurs années, n’avait aucune vie sociale, ses seuls contacts étaient sa mère et son demi-frère », confie une source proche du dossier.
Une tendance « paranoïaque »
Depuis sa mise en examen pour assassinats et son incarcération en isolement au Centre pénitentiaire de Valence, l’enquête a reconstitué son passé marqué par deux licenciements, en Eure-et-Loir en 2006, puis en Ardèche en 2010. Deux épisodes qui semblent avoir nourri sa rancune jusqu’au passage à l’acte. Dans de rares messages écrits au juge d’instruction au début de son incarcération, Gabriel Fortin évoque une « vie brisée » que ne réparent pas les indemnités chômage, d’après des éléments de l’Ordonnance de mise en accusation dont l’AFP a eu connaissance.
Il confiera aussi à des médecins qu’il préférait la détention à la déchéance sociale. Lors de l’exploitation de son matériel informatique les enquêteurs ont relevé cette phrase : « La peur doit changer de camp ». Pour les experts psychiatres, si Gabriel Fortin montre une tendance « paranoïaque », il n’y a pas trouble mental. On a plutôt affaire à « un homme intelligent » en situation d’isolement social, apparemment sans relation sentimentale, visiblement « blessé par des rejets insupportables de la part du seul milieu qu’il pensait pouvoir lui procurer une place sociale ».
Une préméditation « avérée »
Et le 28 janvier 2021 tout bascule. L’ingénieur se rend au Pôle emploi de Valence et abat une conseillère, Patricia P., 54 ans. Avec calme et « détermination », selon le parquet de Valence. Il traverse le Rhône pour se rendre dans une entreprise voisine, à Guilherand-Granges (Ardèche) pour tuer Géraldine C., 51 ans, directrice des ressources humaines. Pour le procureur de l’époque, la préméditation est « avérée ». Il n’est pas établi qu’il connaissait la fonctionnaire de Pôle Emploi, mais il a fréquenté l’agence jusqu’en 2013. Quand à Géraldine C., elle avait participé à un de ses entretiens préalables de licenciement, fin 2009 dans une entreprise spécialisée dans les camions-poubelles.
Après son arrestation mouvementée, menée par des policiers qui ont percuté son véhicule alors qu’il circulait à contre-sens sur un pont, le lien s’établit rapidement avec un autre meurtre et une agression armée survenus deux jours plus tôt dans le Haut-Rhin. Estelle L., encore une DRH, a été tuée par balle sur le parking de son entreprise. Bertrand M., également dans les ressources humaines, échappe à une agression armée à son domicile. Les deux sont d’anciens collègues, ils ont participé au licenciement pour « faute » de Gabriel Fortin en septembre 2006, au sein d’une entreprise d’Eure-et-Loir.
Trois autres cibles présumées dans son collimateur
L’enquête révèle qu’il s’était préparé de longue date et que ses projets de vengeance sont sans doute restés inachevés. Il a notamment mené des recherches sur internet et effectué des repérages en région parisienne, avec au moins trois autres cibles présumées dans son collimateur – deux avocats et un flirt adolescent. Avant son expédition, il avait laissé chez lui deux lettres « laconiques » demandant à sa mère et à son demi-frère « qu’on s’occupe de son appartement (…) et de son chien, sans en dire plus », selon une source proche de l’enquête.
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