Les cinq années de «période probatoire»du célèbre avocat chinois des droits de l’homme Gao Zhisheng ont pris fin le 14 août et sa famille réclame son retour à son domicile sain et sauf.
Cela fait 16 mois que Gao est porté disparu depuis une brève apparition publique en avril 2010 après laquelle les autorités chinoise l’ont de nouveau placé en détention en dehors de tout cadre légal. Les autorités ont seulement dit à la famille de Gao qu’il «était porté disparu». Avant sa brève apparition, Gao avait déjà passé un an en détention sans aucune procédure légale.
La femme de Gao, Geng He a accepté de parler à Epoch Times. Aux yeux de loi chinoise, rappelle-t’elle, Gao devrait être libre après avoir purgé ses cinq ans. «Nous devrions toujours avoir le droit de savoir où il est, mais actuellement nous ne le savons pas».
Gao Tianyu, le fils de Gao aura 8 ans le 27 août. Le garçon a demandé à sa mère s’il pourrait téléphoner à son père le jour de son anniversaire. Geng He pleure en racontant ceci car elle a dû inventer une explication pour justifier l’impossibilité de l’appel. «Il pleut très fort à Pékin et le téléphone de ton Papa ne capte pas de signal», lui -a-elle dit.
Geng He poursuit: «Avant d’aller se coucher, mon fils m’a dit tu peux utiliser l’ordinateur Maman. S’il te plaît trouve Papa».
Gege, la fille de Gao entre à l’université cette année. Elle a orné le fond d’écran de son ordinateur, et le mur de sa chambre de la photo de son père. «Elle veut dire à son père ‘je t’aime’, et je ne l’ai jamais vue comme ça auparavant», constate Geng He.
«Parfois on a l’impression qu’elle a le moral à zéro. Un jour alors que nous étions sorties, elle a vu un enfant jouer du violoncelle en compagnie de ses parents. Elle m’a immédiatement demandé de l’emmener ailleurs en disant ‘ça me rappelle quand papa et maman jouaient avec moi’», relate Geng He en repensant à la conversation avec sa fille.
Tard dans la nuit, Geng est parfois saisie par un douloureux sentiment de vide. Elle confie: «C’est une torture extrêmement pénible pour moi. Ce n’est pas quelque chose qui dure juste une journée, puis cesse. Il s’agit du temps que je ne peux partager avec lui».
En larmes, elle explique: «Je dois surmonter mes émotions en présence des enfants… Mais lorsqu’ils sont endormis la nuit, j’allume mon ordinateur portable dans l’espoir d’y trouver des traces de mon mari».
«Il avait l’air plus vieux de 10 ou 20 ans»
«Lorsque j’ai vu [sur une photo] que ses dents de devant étaient toutes noires, je l’ai appelé et lui ai demandé pourquoi il n’allait pas voir un dentiste. Il n’a rien répondu.»
Geng a immédiatement cherché le numéro de téléphone d’un dentiste et a appelé son mari. Mais elle a entendu Gao lui répondre: «Veux-tu bien laisser tomber ce numéro?»
Elle a alors compris que quelqu’un était avec lui. «Mon mari ne pouvait pas choisir son dentiste. Il ne pouvait rien décider, quoi qu’il veuille faire», a expliqué Geng.
«Ces cinq dernières années, il a été kidnappé plus de six fois. Il peignait toujours ses cheveux avec soin, aussi occupé ou fatigué qu’il fut. Cela m’a brisé le cœur de voir une photo de lui. On lui avait complètement rasé la tête».
En avril 2010 , Gao avait été autorisé à retourner dans sa ville natale pour se rendre sur la tombe de sa mère, mais depuis, Gao Zhiyi, son frère aîné, n’a reçu aucune nouvelle. Geng a expliqué que le frère de Gao avait rédigé un avis de disparition et lui avait demandé de le publier sur Internet, en espérant qu’une personne puisse fournir des informations sur la situation de Gao.
Le frère de Gao a également passé d’innombrables appels au bureau de la sécurité nationale de Pékin, une unité de police secrète chargée de traquer et arrêter les dissidents, souvent en utilisant des moyens brutaux et illégaux. Ses appels recevaient parfois une réponse, parfois ils étaient ignorés. Aucune information sur la situation de Gao n’a jamais été révélée.
Les parents de Geng et le frère de Gao ont essayé de poster un avis de disparition, mais les policiers de la région ont averti le père de Geng, âgé de près de 80 ans: «Si vous faites cela, vous serez incarcéré pendant 15 jours et accusé d’avoir perturbé l’ordre social». La famille a découvert que leur téléphone avait été mis sur écoute.
Gao Zhisheng est un avocat renommé qui a défendu de nombreux dossiers concernant les droits de l’Homme en Chine. Sa carrière a pris fin lorsqu’il a appelé à enquêter sur la persécution des pratiquants de Falun Gong, le mouvement bouddhiste durement réprimé par le régime chinois. Le 22 décembre 2006, il a été condamné à trois ans de prison et 5 ans de résidence surveillée, après avoir été accusé de «subversion sur le pouvoir de l’Etat». Gao et sa famille ont ensuite été placés en résidence surveillée.
Les autorités ont commencé à kidnapper régulièrement Gao durant cette période, jusqu’à ce qu’ils l’enlèvent définitivement en 2009. Et peu après cette disparition, «Nuit sombre, aveuglé et kidnappé par la mafia de l’ombre», un de ses articles décrivant les tortures qu’il avait subies a été publié. Il y détaille les coups violents, les matraques électriques utilisées pour électrocuter ses parties génitales, les cigarettes qui lui brûlaient le nez et les yeux, les cure-dents plantés dans les parties génitales.
En mai 2007, le bureau américain des avocats a décerné à Gao le «prix du Courage des avocats». En 2008 et 2009, il a été nominé pour le Prix Nobel de la Paix.
Pour éviter d’être continuellement harcelé et surveillé par les autorités chinoises, l’épouse de Gao et ses enfants ont fui la Chine début 2009. Ils sont arrivés aux États-Unis en mars et y ont reçu l’asile politique.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.