Quelques semaines seulement après que le département d’État américain a officiellement désigné le corps des Gardiens de la révolution islamique comme organisation terroriste, un nouveau commandant extrémiste a été nommé à la tête de cette organisation d’élite.
Le 21 avril, l’Ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de l’Iran, a rétrogradé le général Mohammed Ali Jafari, chef de longue date des Gardiens de la révolution, et l’a remplacé par son adjoint, le général Hossein Salami.
Le journal Times of Israel a précisé dans ce contexte :
« Salami a souvent juré d’anéantir Israël et de ‘détruire l’Amérique’. En février dernier, il a déclaré que l’Iran ‘prévoyait de détruire l’Amérique, Israël et leurs partenaires et alliés. Nos forces terrestres devraient nettoyer la planète de la saleté de leur existence’. Le mois précédent, il avait juré d’effacer Israël de la ‘carte politique mondiale’ et de créer un ‘enfer‘ dans l’État hébreu.
« Toute nouvelle guerre, a-t-il dit, ‘entraînera la défaite d’Israël en trois jours, d’une manière telle qu’ils ne trouveront pas assez de tombes pour enterrer leurs morts.’ »
Lors d’un discours prononcé en juillet 2016 à Téhéran, Salami a déclaré : « Aujourd’hui plus que jamais, il existe un terrain fertile – avec la grâce de Dieu – pour l’anéantissement, l’extermination et l’effondrement du régime sioniste. »
« Seulement au Liban, plus de 100 000 missiles Qaem sont prêts à être lancés… de sorte que chaque fois que le régime sioniste cherchera à répéter ses erreurs de calcul, ces missiles tomberont sur le cœur de ce régime et seront le prélude à un effondrement majeur de l’ère moderne… Ils n’attendent qu’un ordre, de sorte que lorsque la détente sera pressée, le maudit point noir sera effacé de la carte géopolitique du monde, une fois pour toutes », a-t-il poursuivi.
La nomination de Salami, qui ne cache pas sa ligne extrémiste, semble indiquer que, avec la fin de l’accord nucléaire américano-iranien, l’Iran a peu à perdre et qu’il est suffisamment à l’aise (ou désespéré) pour enlever son masque et ses gants.
C’est la première fois que le département d’État inscrit un organisme étatique sur sa liste noire des organisations terroristes. Toutes les inscriptions précédentes concernaient des organisations non étatiques, telles que la Nouvelle armée populaire (la branche armée du Parti communiste des Philippines), la guérilla communiste du Sentier lumineux du Pérou, le Front populaire de libération de la Palestine (une organisation marxiste-léniniste palestinienne qui a été parrainée par l’Union soviétique), le Hamas, Al-Qaida et le Hezbollah. Presque toutes les organisations figurant sur cette liste sont soit directement parrainées par des États étrangers, soit font partie de réseaux qui bénéficient d’un soutien secret d’un tel ou tel État étranger – et l’Iran y joue un rôle important.
Connexion russe
Le corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) n’est pas une force militaire conventionnelle. Il a été créé en 1979 pour protéger les dirigeants islamiques de l’Iran et pour étendre son influence à travers le monde. Il fonctionnait comme l’ancien KGB soviétique en tant que « l’épée et le bouclier du Parti », chargé de défendre le Parti communiste de l’Union soviétique sur son territoire et de projeter les intérêts du Parti par des moyens secrets à l’étranger.
Le CGRI a également été conçu pour protéger les dirigeants islamiques iraniens d’un éventuel coup d’État militaire – tout comme le KGB qui a été utilisé pour protéger les dirigeants du Parti communiste d’une rébellion de l’Armée rouge ou d’un soulèvement populaire.
Aujourd’hui, les Gardiens de la révolution reflètent l’image des services de renseignement russes modernes, qui sont devenus un État au sein d’un État ou, peut-être, un État lui-même.
Le CGRI compte plus de 100 000 hommes et contrôle sa propre armée, sa propre marine et sa propre force aérienne. Il supervise également la Force de résistance Basij – sa branche paramilitaire censée mobiliser un million de « volontaires ».
Les Gardiens de la révolution contrôlent également l’arsenal de missiles balistiques de l’Iran ainsi que les opérations de « guerre non conventionnelle » menées par l’intermédiaire de la Force Al-Qods et de ses organisations subsidiaires, telles que le groupe terroriste Hezbollah basé au Liban.
À l’instar des services de renseignement russes modernes, les Gardiens de la révolution surveillent également plusieurs importantes industries stratégiques, les services commerciaux et les entreprises criminelles. Le CGRI fournit également de nombreux hauts responsables iraniens, ce qui lui confère une influence politique bien au-delà de celle des forces militaires conventionnelles de l’Iran.
Les parallèles avec le système russe ne sont pas le fruit du hasard, car les dirigeants iraniens ont été parrainés par Moscou bien avant la Révolution iranienne.
En 2016, Amir Abbas Fakhravar, ancien dissident iranien emprisonné et fondateur de Iranian Freedom Institute, a publié un livre explosif intitulé Camarade Ayatollah : Le rôle du KGB dans la révolution islamique et la montée de Khamenei au pouvoir en Iran.
Dans ce livre, M. Fakhravar révèle que la Révolution iranienne, qui a finalement produit le régime islamique le plus militant du monde, a été organisée depuis Moscou par l’intermédiaire du Parti communiste iranien Tudeh et des agents soviétiques implantés dans les rangs de l’élite iranienne.
Publié jusqu’à présent uniquement en farsi, le livre de Fakhravar expose – avec des documents originaux – « le vaste plan du Conseil de sécurité soviétique d’utiliser les religieux chiites pour affronter les États-Unis et Israël, planifier la révolution islamique et créer un chaos et un sabotage généralisés en Iran afin d’allumer le feu de la révolution et renverser le régime du chah ».
Dans les cinquième et sixième chapitres de son livre, M. Fakhravar montre le rôle des services secrets soviétiques et de ses agents, tels que Seyyed Ali Khamenei et Seyyed Mohammad Mousavi Khoyini, dans l’occupation de l’ambassade américaine à Téhéran et, surtout, dans la création des Gardiens de la révolution.
Après la révolution, le régime islamiste a éliminé une grande partie du Parti communiste Tudeh, ce qui a amené de nombreux observateurs occidentaux à croire que la nouvelle direction de l’Iran était anticommuniste.
Toutefois, une bien meilleure explication se baserait sur le fait que Moscou voulait utiliser l’Iran comme son mandataire dans le monde musulman et comme façade pour des activités terroristes.
Comma a écrit Claire Lopez, ancienne agente de la CIA et experte en affaires iraniennes : « Les Iraniens ont utilisé des méthodes clandestines classiques que leurs services ont apprises directement du KGB. »
Mme Lopez a également affirmé que de nombreux membres de l’élite iranienne actuelle, dont le Guide suprême Ali Khamenei, avaient été formés à l’Université Patrice Lumumba de Moscou. Elle a précisé que ses collègues de la CIA appelaient cette université « l’assistance technique du KGB ».
En fait, l’Iran est beaucoup plus utile à Moscou en tant qu’État islamique plutôt qu’un État ouvertement communiste.
Activités terroristes
Comme l’explique le département d’État américain, la Force Al-Qods des Gardiens de la révolution a soutenu des activités terroristes et des groupes extrémistes pro-iraniens armés au Liban, dans les territoires palestiniens, en Irak, en Afghanistan et dans les États du Golfe.
L’Union européenne et les États-Unis ont accusé la Force Al-Qods de fournir des armes et autres soutiens au dirigeant syrien Bachar al-Assad, soutenu par Moscou, pour l’aider à écraser les soulèvements en Syrie.
La Force Al-Qods aurait également parrainé des attaques contre les forces de la coalition internationale qui combattait contre l’État islamique en Irak.
Le 30 mai 2013, Manssor Arbabsiar, double citoyen irano-américain, a été condamné à New York à 25 ans de prison pour avoir participé à un complot visant à assassiner l’ambassadeur saoudien aux États-Unis.
Manssor Arbabsiar a confié aux agents qui l’ont arrêté que son cousin, qu’Arbabsiar avait « identifié depuis longtemps comme un membre haut placé de la Force Al-Qods », l’avait approché en 2011 pour recruter des narcotrafiquants dans le but de kidnapper cet ambassadeur. Il a également déclaré avoir rencontré par la suite en Iran de hauts responsables de la Force Al-Qods et d’avoir élaboré à la place un plan qui consistait à faire sauter un restaurant fréquenté par l’ambassadeur en tuant de nombreuses personnes. Selon Arbabsiar, ce plan a été approuvé par les responsables de la Force Al-Qods.
Le régime iranien actuel est certainement un allié très proche, si ce n’est un mandataire à part entière, de Moscou. Les Gardiens de la révolution, ce « cimeterre et bouclier » du régime au pouvoir, sont fortement impliqués dans le terrorisme à travers le Moyen-Orient et partout où les intérêts de Moscou et de Téhéran peuvent les amener.
Le corps des Gardiens de la révolution islamique est en effet une organisation terroriste. Cependant, ses activités ne doivent pas être considérées isolément, mais comme faisant partie d’un axe « révolutionnaire » plus large englobant la Russie et ses alliés – la Chine, la Corée du Nord, Cuba et le Venezuela.
Trevor Loudon
Trevor Loudon est un auteur, cinéaste et conférencier néo-zélandais. Depuis plus de 30 ans, il a mené des recherches sur la gauche radicale, les mouvements marxistes et terroristes et leur influence secrète sur la vie politique.
Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.
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