Un « lieu de réflexion », baptisé « Populaires », des propositions et une nouvelle mise en garde sur les impôts : Gérald Darmanin est reparti à l’offensive lors de sa rentrée politique dimanche à Tourcoing (Nord), à deux jours de la déclaration de politique générale de Michel Barnier.
L’ancien ministre de l’Intérieur, non retenu dans le gouvernement Barnier malgré son envie de Quai d’Orsay, organisait pour la deuxième année une rentrée politique dans son fief de Tourcoing. Avec un parterre de choix, mêlant camp présidentiel et droite, son camp d’origine : Gabriel Attal et Xavier Bertrand -repartis après le déjeuner –, Hervé Marseille, Édouard Philippe ou encore Élisabeth Borne.
Côté gouvernement Barnier, les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Maud Bregeon (porte-parole) ou encore Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique) avaient fait le déplacement sous le soleil du Nord.
Mise en garde sur la hausse des impôts
Comme il l’avait fait la semaine dernière, M. Darmanin a adressé une sévère mise en garde à Michel Barnier sur la fiscalité. « Je soutiens le gouvernement de Michel Barnier nommé par le président de la République ». « Mais je sais que nous serons nombreux à ne pas pouvoir soutenir un gouvernement qui augmenterait les impôts : cela serait contraire à tout ce que nous avons fait de positif pour les Français », a-t-il lancé.
« J’entends qu’elle ne concernerait, cette hausse d’impôts, que les plus aisés des Français, mais l’argent des plus aisés doit aller dans la création d’emplois, pas dans les caisses publiques », a plaidé l’ancien ministre.
Vendredi, Michel Barnier a promis de protéger « de toute augmentation fiscale » ceux « qui travaillent, qui produisent », et évoqué une contribution « exceptionnelle et temporaire » de « ceux qui peuvent contribuer » à l’effort de redressement des finances publiques, alors que le déficit public risque de dépasser les 6% du produit intérieur brut cette année.
Ce week-end, 27 députés EPR, le groupe présidentiel à l’Assemblée, ont publié un texte dans La Tribune pour s’opposer à toute augmentation des impôts et appeler à poursuivre les réformes en faveur du plein emploi (autour de 5% contre 7,3% actuellement), telle que celle de l’assurance chômage.
Lutter contre « le naufrage démocratique de la France populaire »
M. Darmanin a en outre annoncé la création d’un « lieu de réflexion, que tout le monde peut rejoindre », baptisé « Populaires ». Il ne s’agit ni d’un parti politique, ni d’un courant au sein du parti présidentiel Renaissance, a précisé son entourage.
« Notre immense responsabilité est d’écrire, pour l’avenir, le récit social du bloc central », a expliqué l’élu du Nord, pour qui ce « bloc central » est « en rupture avec les personnes modestes, les Français populaires, les travailleurs ».
Or « personne ne peut accepter le naufrage démocratique de la France populaire qui se jette dans les bras de la démagogie communautaire des extrêmes qui nous divisent, laissant le p’tit blanc voter pour Le Pen et le p’tit Beur voter pour Gaza », a-t-il lancé.
M. Darmanin a également distillé quelques propositions, à commencer par la « préférence aux travailleurs » qu’il oppose à la « préférence nationale » du Rassemblement national, la suppression de la prime d’activité qui serait transformée en baisses de charges pour alimenter une « augmentation raisonnable du Smic », la création d’un 1% handicap sur le modèle du 1% logement…
L’ancien ministre souhaite également que le gouvernement mette rapidement en place le versement social unique, promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2022, qu’il souhaite voir limité à 75% du Smic « pour que jamais plus, ne pas travailler rapporte autant que l’effort de travailler ».
La sortie de M. Darmanin illustre les contradictions du groupe présidentiel Ensemble pour la République (Renaissance) présidé par Gabriel Attal, première force de soutien de M. Barnier au Parlement, mais déstabilisé d’avoir dû céder Matignon et d’importants ministères à la droite. Sommé d’endosser la solution concoctée par Emmanuel Macron pour empêcher la gauche d’accéder à Matignon mais peu désireux de voir détricoter le bilan de l’action menée depuis 2017. Et tiraillé entre une aile droite enthousiaste et certains macronistes historiques inquiets de cette nouvelle étape de la droitisation du macronisme.
L’unité du camp présidentiel résistera-t-elle à cette cohabitation d’un nouveau type ? Au même moment, à Guidel (Morbihan), le MoDem de François Bayrou, qui tenait ses universités d’été, a offert une tribune de choix… à Bernard Cazeneuve. De quoi alimenter la nostalgie des nombreux cadres du camp présidentiel qui auraient préféré voir l’ancien Premier ministre socialiste nommé à Matignon.
Et le parti centriste en a profité pour adresser quelques avertissements au Premier ministre, notamment sur la proportionnelle qu’il réclame depuis des années et pour laquelle M. Bayrou n’a pas exclu le recours à un référendum d’initiative partagée.
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