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« Gilets jaunes » : le casse-tête de l’exécutif pour concrétiser les annonces de Macron

décembre 14, 2018 12:53, Last Updated: décembre 14, 2018 12:53
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L’exécutif s’efforce de traduire en mesures les annonces d’Emmanuel Macron pour apaiser les « gilets jaunes », mais avec deux difficultés majeures : trouver les financements pour ne pas trop peser sur le déficit et honorer dans les faits l’augmentation de 100 euros pour tous les salariés au niveau du Smic.

« Le salaire d’un travailleur au Smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur » : parmi les principales annonces du chef de l’État lundi soir dans son « adresse à la nation », celle-ci se révèle être le principal casse-tête.

Problème : pour augmenter le revenu des salariés au niveau du Smic sans affecter les entreprises, l’exécutif a choisi la prime d’activité, une aide sociale versée aux salariés et indépendants à bas salaire (entre 0,5 et 1,2 fois le Smic). Les hausses prévues de la prime en avril 2019, en 2020 et 2021 sont avancées à janvier 2019.

Sauf qu’en pratique, seule une partie des salariés au Smic touche cette prime d’activité, soit parce qu’ils ne la demandent pas, soit parce que le revenu de leur conjoint leur fait franchir les plafonds.

Or, Emmanuel Macron et son Premier ministre Édouard Philippe ont vite compris le risque politique que beaucoup de Français avec des bas salaires, dont de nombreux « gilets jaunes », soient déçus s’ils n’étaient au final pas bénéficiaires de la mesure.

« Les gens doivent voir ce qu’ils ont compris. C’est la clé pour restaurer la confiance et avoir le droit de continuer à réformer », a d’ailleurs reconnu le chef de l’État devant les parlementaires de la majorité mardi soir à l’Élysée. « On ne veut pas avoir en février des milliers de gilets jaunes qui nous disent : « Où sont mes 100 euros ? » », traduit un conseiller.

Précision importante jeudi : la hausse de 100 euros viendra finalement s’ajouter aux baisses de charges sociales d’une vingtaine d’euros de 2018, a assuré Édouard Philippe, alors que le gouvernement avait, dans un premier temps, laissé entendre qu’elles seraient incluses dans le calcul.

Mardi à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a surtout assuré que l’augmentation de 100 euros devait bien viser « l’ensemble de ceux qui sont rémunérés au Smic ».

Mais la solution pratique est extrêmement complexe. « Une piste », selon le député  de la république en Marche (LREM) Laurent Pietraszewski, serait un « chèque Smic » versé directement aux employés concernés, afin « que ce soit matérialisé en fin de mois de façon lisible ».

« Mais comment vous trouvez dans les entreprises qui sont les smicards ? Et celui qui gagne 40 euros de plus que le Smic, est-ce qu’il a droit à la prime ? Attention aux effets de seuil », avertit une source parlementaire. Un versement rétroactif pourrait aussi s’imposer, car il est peu probable que le dispositif soit en place dès janvier.

Jeudi matin, les députés responsables des textes budgétaires ont été reçus à Matignon. Le gouvernement prévoit de présenter au prochain Conseil des ministres, mercredi, un projet de loi qui reprendra « l’ensemble des mesures » annoncées, a indiqué Édouard Philippe au Sénat.

Annulation de la hausse de la taxe carbone, exemption de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros, défiscalisation des heures supplémentaires et des primes de fin d’année : les autres mesures sont plus simples à mettre en œuvre. Reste à tenir le calendrier, avant la suspension au Sénat et à l’Assemblée prévue en fin de semaine prochaine.

« Il y a encore beaucoup de choses à préciser » sur la prime exceptionnelle évoquée par Emmanuel Macron, a également relevé jeudi le leader de la CFDT, Laurent Berger.

Ces mesures ont surtout un coût pour les finances publiques, estimé autour d’une dizaine de milliards d’euros : sans mesure d’économie, le déficit déraperait à 3,4% du PIB, selon le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Afin de se rapprocher au maximum de la barre des 3% fixée par Bruxelles, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a souhaité mardi soir « un effort spécifique demandé aux plus grandes entreprises » et une taxe sur les géants du numérique « qui devrait rapporter en année pleine 500 millions d’euros ».

« Nous présenterons la semaine prochaine des mesures d’économies budgétaires et de recettes sur les entreprises. Il y a plusieurs solutions possibles », a dit M. Philippe jeudi.

D. S avec AFP

 

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