« Gilets jaunes » : le préfet limogé, des manifestations interdites, augmentation des amendes

19 mars 2019 08:49 Mis à jour: 19 mars 2019 08:49

Limogeage du préfet de police de Paris, interdictions de manifester et augmentation des amendes : Édouard Philippe s’est voulu ferme, lundi, en annonçant plusieurs mesures-phare après les violences et pillages survenus à l’occasion du 18e samedi consécutif de manifestations des « gilets jaunes ».

« Les événements survenus à Paris samedi dernier, en particulier sur les Champs-Élysées, sont intolérables et le président de la République a demandé au gouvernement d’apporter une réponse à la hauteur des enjeux », a rappelé le Premier ministre lors d’une brève allocution à Matignon, au sortir d’une réunion de crise présidée par Emmanuel Macron à l’Élysée.

Édouard Philippe a reconnu que la stratégie de maintien de l’ordre mise en œuvre depuis le début de la crise, début décembre, « n’a pas été correctement exécutée et que la conduite des opérations a connu des dysfonctionnements ».

Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, régulièrement donné partant entre affaire Benalla et polémiques à répétition sur la gestion de l’ordre public dans la capitale, en a fait les frais.

Il est remplacé par Didier Lallement, jusqu’alors préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, dont le chef-lieu Bordeaux est l’un des épicentres de la crise des « gilets jaunes » et de ses débordements hebdomadaires.

M. Lallement, 62 ans, réputé pour avoir un caractère bien trempé, est une figure connue de l’exécutif, bien que n’ayant jamais exercé à la préfecture de police de Paris : influent secrétaire général du ministère de l’Intérieur de 2012 à 2014, il avait ensuite été nommé à la Cour des comptes.

Édouard Philippe a par ailleurs annoncé l’interdiction de manifester « chaque fois qu’il le faudra », dans les quartiers « les plus touchés », « dès lors que nous aurons connaissance d’éléments « ultras » et de leur volonté de casser », en citant les Champs-Élysées à Paris, la place Pey-Berland à Bordeaux et celle du capitole à Toulouse.

Il a indiqué avoir demandé à la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, « d’augmenter très nettement le montant de la contravention en cas de participation à une manifestation interdite », portant l’amende encourue à 135 euros au lieu de 38 euros, tandis que les organisateurs sont eux passibles de six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.

En déplorant que « des consignes inappropriées (aient) été passées pour réduire l’usage » des lanceurs de balle de défense (LBD), il a dit sa volonté de « renforcer la fermeté de notre doctrine de maintien de l’ordre ».

Matignon avait pour sa part reconnu dès dimanche des « dysfonctionnements » du dispositif de sécurité face à une flambée de violence qui renvoie à un niveau de tension connu en décembre, avec le saccage de l’Arc de Triomphe.

Mais, pour l’un des porte-parole de LR, Lydia Guirous, « c’est trop simple et méprisant de s’en prendre aux policiers et au préfet Michel Delpuech qui sont sur le pont depuis 4 mois », a-t-elle estimé sur Twitter, en reprochant à Christophe Castaner d’avoir été « incapable de donner une ligne claire aux autorités de police ».

Le ministre de l’Intérieur a été directement mis en accusation dès dimanche soir par l’opposition : un autre porte-parole de LR, Laurence Sailliet, a réclamé sa démission.

Emmanuel Macron « a donné un permis de casser aux casseurs », a encore dénoncé le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, évoquant un « Notre-Dame-des-Landes sur les Champs-Élysées ».

Christophe Castaner et son homologue pour l’Économie Bruno Le Maire devront s’expliquer ce mardi devant les commissions des Lois et des Affaires économiques du Sénat sur ces violences et leurs conséquences économiques.

D. S avec AFP

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