« Gilets jaunes » : l’exécutif recule, Macron hué lors d’une visite surprise

5 décembre 2018 16:20 Mis à jour: 5 décembre 2018 16:20

Le gouvernement a pris mardi l’initiative d’un recul, avec la suspension de plusieurs mesures fiscales, pour tenter d’apaiser la crise de plus en plus aigüe des « gilets jaunes », tandis qu’Emmanuel Macron était hué lors d’une visite surprise à la préfecture incendiée du Puy-en-Velay.

Le président, cible de toutes les critiques depuis la première journée de mobilisation contre la hausse des taxes sur les carburants, s’est rendu dans l’après-midi dans le chef-lieu de Haute-Loire « pour témoigner personnellement et directement de son respect et de son soutien aux agents » après l’incendie du bâtiment samedi lors d’un rassemblement de « gilets jaunes ».

Le chef de l’État, dont la cote de confiance a atteint son plus bas niveau (23%, -6), selon un sondage Ifop-Fiducial, a été hué et insulté à sa sortie par une poignée de manifestants.

Englué dans une crise qui a atteint un paroxysme samedi avec des scènes de guérilla urbaine à Paris, l’exécutif a fait des concessions, espérant qu’elles suffiront à calmer la colère. Le Premier ministre Édouard Philippe, en première ligne, a décliné les trois mesures réclamées au début de la crise, et censées « ramener l’apaisement et la sérénité dans le pays ».

Le plan comprend un moratoire de six mois sur la hausse de la taxe carbone, un gel des tarifs du gaz et de l’électricité cet hiver et aucun durcissement du contrôle technique automobile avant l’été.

Ces mesures devraient entraîner un manque à gagner de près de deux milliards d’euros pour les finances publiques, équivalant à 0,1 point de PIB.

Les organisations patronales ont salué les annonces, et appelé les manifestants à « lever les blocages ».

« Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité de la Nation », a fait valoir Édouard Philippe qui a également annoncé un « large débat sur les impôts et les dépenses publiques ».

La concertation locale qui sera engagée jusqu’au 1er mars servira, a ajouté le Premier ministre, à « améliorer » et « compléter » ces mesures « d’accompagnement justes et efficaces ». « Si nous ne les trouvons pas, nous en tirerons les conséquences », a-t-il précisé, signifiant que le gel pourrait le cas échéant se transformer en abandon pur et simple.

Édouard Philippe doit s’exprimer une nouvelle fois mercredi à l’Assemblée, avant un débat suivi d’un vote qui n’engagera pas la responsabilité du gouvernement, tout comme jeudi au Sénat.

Selon les analystes, ces annonces représentent un recul pour Emmanuel Macron qui, depuis le début de son mandat, était déterminé à « garder le cap ».

Pour autant, cela risque de ne pas suffire, même si des manifestants ont décidé de lever le blocage du dépôt pétrolier de Brest, jugeant « satisfaisantes » les concessions de l’exécutif. Le blocage du dépôt de Lorient (Morbihan) a aussi été levé un peu plus tard.

Ailleurs, les blocages continuaient et plusieurs stations-service étaient fermées pour rupture de carburant. « Ils font ça pour qu’on lève le camp et qu’on rentre chez nous, mais on ne va pas bouger », a dit Lionel Rambeaux, soudeur, à un barrage à la sortie du Mans.

Même insatisfaction auprès des partis d’opposition. « Trop peu et trop tard », a résumé le vice-président Les Républicains, Damien Abad.

Partout en France, les appels à se mobiliser un quatrième samedi de suite ont été maintenus. Deux rencontres de Ligue 1 de football, PSG – Montpellier et Toulouse-Lyon, prévues samedi, ont déjà été reportées.

Éric Drouet, l’un des membres historiques les plus connus des « gilets jaunes », a appelé à « retourner à Paris » samedi, « près des lieux de pouvoirs, les Champs-Élysées, l’Arc de Triomphe, Concorde ». « Les gens sont de plus en plus motivés, ils s’organisent, nous serons encore plus nombreux », a-t-il assuré à l’Agence France Presse (AFP).

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a invité « les gilets jaunes raisonnables » à ne pas se rassembler à Paris samedi, et a promis d’accroitre la mobilisation des forces de l’ordre en France.

Le gouvernement craint aussi une extension de la grogne à d’autres secteurs. Mardi, de nouveaux incidents ont éclaté devant des lycées de la région parisienne, et Marseille reste particulièrement touchée : sur 21 établissements perturbés, dix étaient en blocage total.

En attendant, la justice continue à faire son travail, alors que 412 personnes avaient été interpellées samedi rien qu’à Paris.

Treize personnes dont un mineur, soupçonnées d’avoir commis des dégradations à l’Arc de Triomphe, devaient être présentées mardi à un juge d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen.

À Tarbes et à Narbonne, huit « gilets jaunes » ont été condamnés à des peines allant de trois mois à un an de prison ferme avec mandat de dépôt.

D. S avec AFP

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